La compagnie aérienne polonaise LOT a sa base et son carrefour aérien principal à l’aéroport de Varsovie, baptisé Fryderyk Chopin. En choisissant de s’établir sur le sol polonais, Nicolas Chopin, père du célèbre compositeur et pianiste, ne se doutait pas que 200 ans plus tard, le talent et la notoriété de son fils, enfant prodige, contribueraient à ce que son nom soit porté aux nues…
Cet aéroport aurait pu porter le nom de Nicolas Copernic, Marie Curie, Karol Józef Wojtyła (Jean-Paul II), Haroun Tazieff, Rosa Luxemburg, Andrzej Wajda, Krzysztof Kieslowski, Roman Polanski, Klaus Kinski, Ignacy Jan Paderewski (musicien né en Podolie, actuelle Ukraine disputée de 1918 à 1921 entre les Polonais, les Ukrainiens et les Bolchéviks), tant est importante et diverse la liste des célébrités natives de Pologne.
Après avoir été rayée de la carte pendant plus de 120 ans, cette nation dominée par le régime nazi, puis l’URSS, est entrée dans l’Union Européenne et connaît un développement économique important. Située sur la Vistule, peuplée par plus d’1,8 million d’habitants (3 millions pour l’agglomération), la capitale polonaise est aussi la 8ème plus grande ville de l’Union européenne. La capitale de la Pologne possède un centre historique très riche, des églises, des musées et des sites incontournables.
Une histoire tourmentée
Voltaire a résumé en quelques lignes ce que fut l’aventure de ce peuple slave entré dans l’Histoire autour de l’an mil et contraint de batailler souvent pour affirmer son existence face aux agressions germaniques, moscovites, suédoises ou prussiennes : la Pologne était « bien plus jalouse de maintenir sa liberté qu’empressée à attaquer ses voisins. La discipline et l’expérience lui manquent, mais l’amour de la liberté qui l’anime la rend toujours formidable. On peut la vaincre ou la dissiper ou la tenir même pour un temps en esclavage, mais elle secoue bientôt le joug… ».
A la fin du XVIIIème siècle, suite au troisième partage du pays, Varsovie perd son statut de capitale qu’elle retrouvera seulement en 1918. La Seconde Guerre mondiale écrit la page la plus noire de l’histoire de la ville. Après l’insurrection de la population, Hitler ordonne la destruction de Varsovie qui, en 1945, n’est plus qu’un champ de ruines.
Ville-martyre, Varsovie fut ainsi détruite à plus de 85% au cours de la Seconde Guerre mondiale et, notamment, le centre historique de la ville. Le quartier Praga, sur la rive droite, a été relativement épargné car les Allemands en avaient été chassés dès septembre 1944. Ce quartier est le nouveau cœur culturel de la ville. On peut encore y voir des habitations anciennes, épargnées par la guerre.
L’effort de toute la nation
Il a fallu cependant dix ans pour faire ressurgir le centre historique de ses ruines. « La reconstruction engagea toute la société », explique Aleksandra Buszta-Bak, conservatrice du Château Royal. « Chacun apportait sa contribution. Les dons affluaient de tout le pays et de la part de mécènes. Des volontaires déblayaient les rues de la capitale. La moindre pierre identifiée retrouvait sa place originale. Les architectes s’inspirèrent notamment des tableaux de Canaletto qui a peint des séries de paysages varsoviens du XVIIIème siècle, et furent une aide précieuse pendant la reconstruction de la ville après la guerre ». La somme finale récoltée n’est pas des moindres : il a fallu 40kg d’or pour reconstruire le Château royal… L’Unesco récompensa cet effort et la Vieille Ville de Varsovie fut inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité en 1979.
Le Château Royal (Zamek Królewski)
Il y a toujours foule sur la jolie Place Zankowy, entourée de maisons colorées, de petites boutiques et de terrasses de café.
L’histoire du Château Royal remonte au début du XVème siècle. A la place où s’élève aujourd’hui le Château Royal, le prince de Mazovie, Janusz I Starszy, fit construire un château de style gothique qui, au fil des siècles, a été agrandi pour devenir une résidence royale. Sous le règne de Stanisław II Auguste Poniatowski, couronné en 1764, de grands peintres magnifient les appartements privés. Les boiseries de la chambre à coucher royale sont ornementées d’œuvres de Marcello Bacciarelli, peintre italien nommé peintre principal du château. Une pièce du château, la Salle Canaletto, est réservée aux oeuvres de l’artiste Bernardo Bellotto – Canaletto le Jeune – peintre attitré de la Cour royale en 1768.
Pendant les trois partages de la Pologne du XIXème siècle, une grande partie des collections royales a été acheminée à Saint-Pétersbourg. La présence d’objets d’origine à leur emplacement initial est donc chose exceptionnelle. Dans la Salle du trône, on peut voir le fauteuil du roi. Les 86 aigles qui parsèment le mur à l’arrière ont été reproduits à partir d’un unique exemplaire retrouvé – ô miracle – aux Etats-Unis en 1991.
D’autres pièces du Château royal sont dotées d’une grande valeur historique, à l’instar de la Salle des Sénateurs. C’est ici que le Sénat, appelé à l’époque Conseil Royal, a proclamé en mai 1791 la première Constitution d’Europe continentale seconde au monde après celle des Etats-Unis. Les Polonais célèbrent cet événement tous les 3 mai, jour de fête nationale. A voir aussi le Cabinet de Conférence, salle dans laquelle le roi s’entretenait avec les hommes politiques européens. Une immense carte montre combien la Pologne était un vaste pays malmené, démembré, partagé au gré des envahisseurs.
En 1939, un premier bombardement qui détruit le plafond de la Salle de bal, arrête l’horloge du palais à 11h15, une heure symbolique affichée dorénavant aux cadrans de toutes les pendules du château.
Aleksandra Buszta-Bak organise également des concerts de musique de chambre qui sont donnés dans les trois salles de concert, avec la participation d’éminents artistes polonais et étrangers. Ainsi était-elle fière d’accueillir, le 18 juin dernier, une grande première, le maestro Martin Palmieri dirigeant ses créations : Tango Credo et Missa a Buenos Aires, avec l’Orchestre de chambre de l’Université Chopin. Avec émotion, elle désigne un piano Steinway sur lequel a joué le compositeur et pianiste Witold Lutoslawski (1913–1994), un des compositeurs emblématiques du XXème siècle, ancien élève de Nikolaï Rimski-Korsakov. Une plaque est apposée sur le magnifique piano Steinway & Sons juché sur une estrade.
Le Cabinet de Marbre (Gabinet Marmurowy), considéré comme la plus belle pièce du palais et la préférée de la conservatrice du Château Royal, est orné de portraits originaux des Rois de Pologne. Cette antichambre a été reconstruite à l’identique. Le public se presse autour des perles de la collection, deux magnifiques toiles de Rembrandt : « La jeune fille dans un cadre », Le Château Royal de Varsovie – Musée (Inv. No ZKW 3906, phot. Andrzej Ring, Lech Sandzewicz) et « Le savant à son pupitre », Le château royal de Varsovie – Musée (Inv. No ZKW 3905, phot. Andrzej Ring, Lech Sandzewicz). Les œuvres d’art légués à la Pologne par Karolina Lanckoronska en 1994 sont la plus précieuse donation dans l’histoire de la muséologie polonaise. Parmi celles-ci se trouvent les tableaux de l’ancienne galerie du roi Stanislas Auguste, dont les deux chefs-d’œuvre de Rembrandt, donnés au château de Varsovie. Achetés en 1815 par Kazimierz Rzewuski, ils ont été transmis en héritage à la famille Lanckoronski et sont restés près de 200 ans dans sa collection à Vienne, alors considérée comme l’une des plus remarquables collections privées d’Europe.
La signature de Chopin, une photo de Paderewski avec dédicace au poète Mickiewicz comptent parmi les nombreux trésors du château…
Un Festival d’été « Les Jardins musicaux » a lieu chaque été, dans la cour du château. Le Château Royal est aussi un lieu où l’on accueille les chefs d’états et les délégations des VIP. Il est visité chaque année par environ un demi million de touristes.
La Place Zankowy est dominée par la colonne Zygmunt (22 mètres de hauteur), érigée au XVIIème siècle en l’honneur du roi Zygmunt III Vasa lequel, en 1596, transféra la capitale de Cracovie à Varsovie. Détruite pendant la guerre, elle fut à nouveau érigée en 1949.
A côté du Château Royal, l’église Sainte Anne est l’une des plus anciennes églises de Varsovie et un des lieux de culte les plus importants de Pologne. La façade néo-classique actuelle n’a plus bougée depuis 1788 et cache un intérieur baroque des plus riches. Dans une petite rue pavée et étroite, coincée entre deux autres édifices, la Cathédrale Saint Jean a été reconstruite plusieurs fois, notamment au 19ème siècle dans un style néo-gothique, imitation de l’église gothique originale. Elle abrite les tombeaux Renaissance des derniers princes mazoviens. Sa crypte renferme également les corps de Polonais célèbres, tels que le premier président polonais Gabriel Narutowicz, le primat de Pologne Wyszyński, et le pianiste Ignacy Paderewski (1860-1941).
Un musée est d’ailleurs dédié, à Morges (Suisse), au célèbre musicien, compositeur, homme politique et diplomate polonais, à la dense et flamboyante chevelure, qui fut nommé Bourgeois d’honneur des villes de Lausanne, Morges et Vevey.
Les petites rues de la Vieille Ville et de la Nouvelle Ville
Qu’il est agréable d’arpenter les pavés de la Vieille Ville (Stare Miasto), d’admirer les enseignes des petites boutiques et cafés, avant de s’arrêter sur la place du Marché – Rynek Starego Miasta – l’une des attractions de Varsovie. Bordée de maisons colorées de style Renaissance et baroque (reconstruites à l’identique), de restaurants et terrasses animées, c’était le lieu où déroulait l’activité commerçante de la ville, où se réunissaient les représentants des guildes et des marchands, où avaient lieu les foires. Au centre se trouve une copie de la fontaine de la Petite Sirène (Syrenka), emblème de la ville. Un dragon (le pouvoir) était représenté sur l’écusson des ducs de Mazovie. Au fil des années, le dragon est devenu une sirène. Complètement détruite en 1944, la Vieille Ville doit sa sa résurrection à l’acharnement des habitants de la capitale, qui entreprirent de la reconstruire à l’identique.
Erigés en 1548, les remparts de la ville entouraient la Vieille Ville du 13ème siècle. Détruits en 1945, ils ont été reconstitués tel qu’ils étaient au XIXème siècle. Placé à l’extérieur des remparts, le Monument au Petit Insurgé est une statue de bronze commémorant la participation d’enfants qui prirent les armes contre les nazis. Elle représente un jeune garçon, portant un casque trop grand pour lui et un pistolet mitrailleur allemand, capturés à l’ennemi.
La Nouvelle Ville (Nowe Miasto) est l’autre quartier historique de Varsovie et existe depuis le 15ème siècle. Moins fréquenté que la Vieille Ville, non-protégé de remparts, c’est ici que les artisans, marchands ou autres ont établi leur quartiers. La reconstruction, réalisée dans les années 1950, a repris le plan des rues originelles. A la différence de la Vieille Ville, les immeubles n’ont pas été reconstruits à l’identique.
La Voie royale, les Champs-Elysées de Varsovie
Krakowskie Przedmieście (rue du Faubourg de Cracovie) est l’une des rues les plus connues et les plus prestigieuse de Varsovie. Cette artère huppée relie la vieille ville (Stare Miasto) et la Place du Château (Place Zamkowy). On y trouve des enseignes internationales, cafés, glaciers, salons de thé…
Au XVIIIème siècle, la rue Nowy Swiat était déjà pavée. Aux temps du Royaume de Pologne, les maisons en bois furent remplacées par des maisons en briques à deux étages, dans le style néo-classique. Pendant la guerre, elle furent totalement détruites. Après la guerre, les façades des maisons historiques furent partiellement reconstruites et aujourd’hui la rue Nowy Świat abrite plusieurs magasins de luxe, galeries d’art, restaurants et cafés élégants.
En été, pendant les week-ends, la rue Nowy Swiat est fermée aux voitures et elle devient, avec la rue Krakowskie Przedmieście, la zone piétonne la plus connue et courrue dans la capitale.
Fondé par le célèbre pianiste et homme politique Ignacy Jan Paderewski, l’Hotel Bristol est l’un des sites d’intérêt les plus remarquables de Varsovie. Situé sur l’historique Route Royale, à côté du palais présidentiel, et à quelques pas de la vieille ville, du château royal ainsi que de l’Opéra National de Pologne, l’hôtel présente une majestueuse façade de style néo-Renaissance et une décoration intérieure romantique, caractéristique de l’élégance de la période Art déco, avec ce mélange de luxe quelque peu désuet apporté en héritage et de modernité.
En empruntant une partie de la ”Voie royale” entre la Nowy Swiat et le Château royal, on peut admirer la statue de Copernic, grand astronome qui a bouleversé l’idée de système solaire. Cette oeuvre du sculpteur danois Bertel Thorvaldsen, inaugurée en mai 1830, fut détruite par les Allemands en 1944 et reconstruite d’après le moulage original conservé au musée Thorwaldsen à Copenhague.
Texte et photos : Françoyse Krier
Remerciements à : Ambassade de Pologne à Berne – www.berno.msz.gov.pl/fr / Ministère des Affaires étrangères de Pologne – msz.gov.pl / Polska Agencja Prasowa – pap.pl
Voir également :
Pologne – Zelazowa Wola Maison natale de Frédéric Chopin
https://www.fykmag.com/pologne-zelazowa-wola-maison-natale-de-frederic-chopin/
Pologne – Balades et itinéraire de Chopin à Varsovie
https://www.fykmag.com/balades-et-itineraire-de-chopin-a-varsovie/