« Varsovien par sa naissance, Polonais dans son cœur, citoyen du monde par son talent », écrivait le poète Cyprien Norwid, à propos de son contemporain Frédéric Chopin qu’il fréquenta, ainsi que leurs amis polonais, à Paris. Représentant l’essence même de l’âme polonaise, ce compositeur de génie a été adulé de tous temps à Varsovie, en Europe, et désormais sa musique connaît une dimension universelle.
On imagine Fryderyk Chopin dans le Varsovie d’alors, arpentant les très fréquentées rues Krakowskie Przedmieście ou Miodowa, alors qu’il se rendait à ses cours, à la rencontre de ses amis dans un de leurs cafés de prédilection ou à la recherche de partitions nouvelles dans les magasins de musique. Car c’est à Varsovie qu’il étudiait, donnait des concerts, suivait la vie musicale des théâtres et des salons… Nombre de ces lieux ont été reconstruits après la Seconde Guerre Mondiale.
La longue rue Krakowskie Przedmieście très fréquentée et bordée de monuments et d’édifices importants comme L’Université…
Des bancs multimédias
Pour suivre les pas de Frédéric Chopin à Varsovie, 14 bancs musicaux répartis dans des endroits liés directement à la vie du compositeur, comportent chacun quelques lignes explicatives, ainsi qu’un schéma qui situe le lieu. Ainsi, sur ces «bancs Chopin», sis tous les 100 mètres, dans la partie dite ancienne de la ville (totalement reconstruite entre 1945 et 1954), on peut s’asseoir et entendre quelques mesures d’un morceau de Chopin. Avec un téléphone mobile équipé du Wi-Fi, il est même possible de télécharger un guide audio et apprendre quelques anecdotes liées à l’emplacement, au morceau joué, à la ville.
Octobre
1810, départ de Zelazowa Wola
La comtesse Skarbek n’ayant plus besoin de précepteur, le recteur du lycée de Varsovie, propose à Nicolas Chopin, père de Frédéric, un poste de professeur de français dans les petites classes du lycée.
La famille Chopin déménage à Varsovie, dans un appartement au 2ème étage du Palais de Saxe (construit au XVIIIème siècle) transformée en lycée et qui offre aux professeurs de grands appartements.
Pour accroître ses gains, Nicolas ouvre chez lui un pensionnat pour les fils de familles riches venant faire leurs études à Varsovie. Ce pensionnat sera réputé pour la qualité de l’éducation dispensée. Le petit Frédéric grandit dans une atmosphère de haute culture et de vie mondaine raffinée et également, malgré l’origine française de son père, de profond patriotisme. En famille, les Chopin parlent le polonais, même si le français et l’allemand figurent au programme du pensionnat. C’est là que naissent Isabella et Emilia, sœurs cadettes de Frédéric. La famille y demeure jusqu’en 1817, le Grand Duc Constantin s’appropriant le Palais à des fins militaires, obligeant le lycée et ses professeurs à se déplacer au Palais Kazimierz (Casimir).
En février 1813, les troupes russes entrent à Varsovie. Ce qui amène la famille Chopin à déménager pour le Palais Kazimierz. Ils y occupent un appartement spacieux, et peuvent accueillir davantage de pensionnaires.
Le Palais Kazimierzowski, l’ancien bâtiment des recteurs, le Palais de Saxe. lieux où vécut la famille de Frédéric Chopin. Le Palais présidentiel.
Passion précoce de la musique
Dès l’âge de 6 ans, Frédéric démontre son talent pour le piano, et des leçons lui sont dispensées par un professeur tchèque Wojciech Zywny, compositeur, violoniste, qui lui fait découvrir Jean-Sébastien Bach et Wolfgang Amadeus Mozart. Il travaille son piano tous les jours en intercalant entre ses doigts des morceaux de bois pour parvenir à l’accord de dixième. A l’âge de 10 ans, il joue devant le Grand Duc Constantin Pavlovich de Russie, frère du Tsar Alexandre Ier de Russie.
1816 à 1823 : années d’études à la maison pour le jeune Frédéric, qualifié de « meilleur pianiste de la ville », et qui compose ses premières mazurkas.
En automne 1926, il entre à l’école supérieure de Varsovie. Cet adolescent facile et doux, ayant sa mère et le piano comme passions, est adoré de ses camarades, et les amuse par son talent de mimique et d’imitation… Il s’inscrit en classe d’harmonie et de contrepoint au conservatoire, dirigé par le compositeur Józef Elsner qui reconnaît en Chopin un génie musical.
Émilie, sa jeune sœur de 14 ans, décède de la tuberculose. Dans l’âme du musicien s’infiltre cette mélancolie que les slaves appellent le « zal », que l’on entend au moindre détour de ses œuvres, et qui peut se traduire par « nostalgie ». En été, la famille déménage pour un appartement plus modeste, dans l’annexe du Palais Czapski.
« Etonnantes capacités », telle est l’appréciation portée par Elsner sur la 1ère année d’études de Chopin.
En septembre 1828, premier voyage à l’extérieur de son pays. Frédéric se rend à Berlin pour assister à un opéra du compositeur italien Gaspare Spontini, et à des œuvres de Carl Maria von Weber, de Domenico Cimarosa et de Georg Friedrich Haendel.
En 1829, fin de ses études à l’École supérieure de musique. En juillet, voyage à Vienne, ville chargée du souvenir de Mozart, Beethoven et Schubert, où il remporte un immense succès lors de ses deux concerts au Kartnertortheater de Vienne. De retour à Varsovie, il sera très impressionné par la virtuosité du violoniste italien Niccolò Paganini.
1830 : premier concert public au Théâtre national. Chopin exécute le Concerto en fa mineur et la Fantaisie sur des airs polonais. La presse se répand en louanges. Grand succès également sur scène de Chopin aux côtés de la cantatrice Constance Gladkowska, brillante élève du conservatoire dont le jeune pianiste est profondément épris. Ce sera son premier échec amoureux. Le Larghetto de son Concerto en fa mineur a été écrit en pensant à Constance.
22 septembre : concert privé où il révèle à l’élite musicale de Varsovie son Concerto en mi mineur. Quelques jours plus tard, paraît un article enthousiaste : « C’est l’œuvre d’un génie… », qui annonce également le prochain départ de Chopin pour l’étranger.
11 octobre : concert d’adieu au Théâtre de Varsovie. Il joue le Concerto en mi mineur et la Fantaisie sur des thèmes polonais.
Le 25 octobre, Constance inscrit dans l’album de Chopin : « Les étrangers pourront mieux t’apprécier ; t’aimer plus que nous, ils ne le pourront certainement pas ».
Le climat d’insurrection des patriotes polonais contre l’autorité russe est dangereux pour le compositeur profondément patriote, reniant le titre de “Premier pianiste du Tsar”. Pour des raisons politiques, Chopin quitte la Pologne en diligence, le 2 novembre, avant le déclenchement de l’insurrection, avec son ami et confident Tytus Wojciechowski.
2 novembre : départ pour Vienne. Aux portes de Varsovie, des amis lui chantent une cantate d’adieu composée par Elsner : Ce n’est rien de quitter ton pays / Puisque ton âme reste parmi nous / Nous formons des voeux pour ton bonheur / Et garderons dans nos coeur ta mémoire.
On lui remet une coupe d’argent remplie de sa terre natale. Une main amie versera cette terre sur son cercueil en octobre 1849.
Mettre les pas dans ceux de Frédéric
Frédéric Chopin s’était lié d’amitié avec de nombreux jeunes Polonais de sa génération partageant tous le même sentiment de rébellion envers les Russes. Les jeunes gens se retrouvent souvent dans un café, et discutent de politique, en compagnie de jeunes poètes polonais dont Stefan Witwicki et Józef Bohdan Zaleski. Une plaque au sous-sol du Café Honoratka, rue Miodowa, atteste de la fréquentation du lieu par Chopin et ses amis. Le sous-sol avec ses voûtes n’a pas été détruit.
L’hiver, Chopin allait à la patinoire, fréquentait les cafés, les librairies et les magasins d’instruments de musique, où il essayait de nouveaux types d’instruments.
Trace du premier domicile varsovien du petit Chopin, place Pilsudski où se trouvait le Palais de Saxe, dont il reste que des arcades, sous lesquelles se trouve la tombe du soldat inconnu avec la relève de la Garde (nuit et jour). Frédéric se promenait souvent dans les Jardins de Saxe, avec sa mère et sa soeur Louise.
L’Eglise des Sœurs de la Visitation. Une plaque à l’intérieur indique que Chopin y jouait de l’orgue tous les dimanches en 1825-1826 : le sacristain devait lui demander d’arrêter de jouer, le jeune compositeur oubliant souvent où il se trouvait… La chaire rococo en forme de bateau constitue l’un des éléments les plus intéressants du riche intérieur de cette église. Chopin allait étudier au Palais Staszic, au 72 rue Nowy Swiat, où était alors la bibliothèque de la Société Varsovienne des Amis des Sciences. La statue de Copernic se trouve en face.
Le jeune Frédéric se rendait avec sa mère à l’Eglise des Carmélites (actuelle Eglise de l’Assomption) et sans doute à l’Eglise Ste Anne, fréquentée par Constance Gladkowska.
L’Eglise Evangélique de la Sainte Trinité, l’un des plus hauts bâtiments de Varsovie du temps de la jeunesse de Chopin : le jeune musicien de 15 ans y joua devant le tsar Alexandre 1er, en visite à Varsovie. Il se produisit sur un éolimélodicon, instrument construit par Brunner, qui imitait les sons d’autres instruments.
En signe de reconnaissance, le tsar lui offrit un anneau d’or orné d’un diamant. Il est dit que ce diamant jamais retrouvé a dû être vendu par la famille pour des raisons financières. Une plaque atteste du passage du “génial artiste polonais” Fryderyk Chopin.
Le Palais Radziwill (actuel palais présidentiel) : Chopin y donna en 1818 son premier concert public. Il participa à des concerts dès son plus jeune âge au Palais Blekitny, résidence des Zamoyski, rue Senatorska. Le 19 décembre 1829, concert de Chopin au Palais Morsztyn.
Le Palais Potocki, au n° 15 rue Krakowskie Przedmiescie : le musicien, invité par tous les propriétaires de salons de Varsovie dès son plus jeune âge, a dû s’y produire car c’était l’un des salons les plus célèbres de la ville. Toute sa vie, Chopin préfèrera les salons et les réunions intimes à la lumière des salles de concerts. C’est là qu’il pouvait pleinement apprécier la compagnie de ses amis les plus proches – surtout à Paris –, des émigrés polonais, des artistes romantiques…
Chopin donna cependant de grands concerts publics, dont son concert d’adieu au Théâtre National, place Krasinski, où se trouve l’actuelle Cour Suprême. Le Théâtre fut transféré en 1833 dans un nouveau bâtiment sur l’actuelle place Treatralny. L’ancien bâtiment a été détruit en 1883. En face de l’ancien Théatre National se trouvait le Palais de la République (actuelle Bibliothèque Nationale). Le Palais Wessel, ancienne Poste Saska : c’est de là que Chopin quitta Varsovie et la Pologne pour toujours, en diligence, le 2 novembre 1830. Une plaque figure sur le bâtiment de l’Auberge de Wola, au 56 de la rue Polczynska, l’endroit où Elsner et les étudiants du Conservatoire attendaient Chopin pour lui dire adieu.
Au 67 rue Nowy Swiat, le Palais Zamoyski (reconstruit), Isabella, sœur de Chopin, gardait meubles et souvenirs (tableaux, manuscrits, partitions, livres) de son frère. En représailles de l’attentat contre le délégué du tsar, en septembre 1863, tout fut détruit et le piano, ramené de Paris, fracassé sur le pavé.
Concerts sous la statue de Chopin, symbole de Varsovie
A l’invitation du Grand-Duc Constantin, le jeune Chopin se produisit régulièrement au Belvédère, l’une des résidences actuelles du président de la République. Il jouait au Parc Lazienki, près du Belvédère, là où se trouve actuellement, au cœur de splendides jardins du XVIIIème siècle, l’une des plus grandes et des plus célèbres statues de Chopin, créée par Wacław Szymanowski pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de Chopin. Le 31 mai 1940, ce fut l’un des premiers monuments à être détruit par les nazis. La statue qui représente le compositeur sous un saule pleureur, fut reconstituée après la guerre sur la base d’un modèle en plâtre et de la tête originale, retrouvée dans les ruines d’une usine de Wroclaw. En 1958, elle fut replacée sur le socle préservé.
Chaque dimanche, de mi-mai à fin septembre, à l’ombre du monument ont lieu des récitals de grands pianistes très appréciés aussi aussi bien par les touristes que par les habitants de Varsovie, assis sur les bancs ou étendus sur l’herbe, autour de la pièce d’eau. Le silence est éloquent, l’émotion palpable, tous unis dans l’amour de la musique de Chopin. On aimerait arrêter le temps. Ce dimanche-là, les premières gouttes d’une pluie d’orage ont attendu les dernières notes du piano…
Ici repose le cœur de Frédéric Chopin
Une des dernières volontés de Chopin fut que son cœur soit enterré dans son pays natal. Le 2 janvier 1850, Ludwika, sœur de Chopin, ramène à Varsovie le cœur de Chopin. Le cœur est placé dans les catacombes de l’Eglise de la Sainte-Croix, au centre de Varsovie, puis, en 1878, transféré dans cette église. Frédéric Chopin repose à Paris au cimetière du Père-Lachaise – tombe toujours fleurie de violettes et rubans aux couleurs de la Pologne – , alors que son cœur est scellé dans un cénotaphe surmonté d’un portrait de profil du compositeur, dans le second pilier à gauche de la nef de l’église de la Sainte-Croix. Ce cœur a pu survivre à la destruction massive de Varsovie, et de l’église détruite pendant le Seconde Guerre Mondiale (Photo ci-dessus à gauche), avant d’être reconstruite dans une version simplifiée. Le cœur de Frédéric Chopin peut y reposer en paix. Le ministère polonais de la Culture a refusé une analyse de l’ADN de l’organe du compositeur polonais, demandée en 2008 par des scientifiques pour tenter de révéler le secret de sa mort prématurée.
Le cœur de Frédéric Chopin, scellé dans un cénotaphe surmonté d’un portrait de profil du compositeur, dans le second pilier à gauche de la nef de l’église de la Sainte-Croix
Concours et concerts
Selon le musicologue Aleksander Laskowski, responsable du service de presse de l’Année Chopin 2010, le compositeur fut sacralisé après le traité de Versailles en tant qu’emblème national polonais. L’action du pianiste et premier ministre Ignace Paderewski (1860-1941 / Photo Steinway & Sons) fit de Chopin, l’enfant du pays, le musicien officiel de Pologne et sa musique devint un cri de ralliement pour la résistance polonaise.
Aussi inimaginable que cela puisse être, à l’époque de Chopin, le caractère audacieux et novateur de sa musique n’était pas compréhensible pour tout le monde. Il a été longtemps soutenu que les œuvres du compositeur étaient imprégnées d’un romantisme exalté. Un éminent pianiste et pédagogue déconseillait de jouer le Prélude en la mineur “parce que bizarre”… Pour s’opposer à ces courants, le professeur polonais Jerzy Zurawlew eut l’idée d’organiser des concours musicaux afin d’encourager les jeunes talents à jouer le mieux possible les œuvres de Chopin. Ainsi, depuis 1927, le Concours international de piano Frédéric-Chopin récompense tous les cinq ans des jeunes prodiges venus concourir à Varsovie. Vladimir Ashkenazy, Martha Argerich, Maurizio Pollini, Krystian Zimerman comptent parmi les lauréats de ce prestigieux concours ouvert au public et qui est un événement national en Pologne.
Le festival international de musique « Chopin et son Europe » : manifestation majeure de l’année Chopin, le festival propose une cinquantaine de concerts (symphonies, récitals…) en plusieurs lieux de Varsovie. De grands noms de la musique classique interprètent Chopin sur des instruments d’époque.
La date de naissance de Chopin faisant encore l’objet de doutes, pour célébrer cet événement important, la fête/anniversaire dure 8 jours. des récitals se déroulent dans les salles de concert, les clubs, les restaurants et les rues…
D’autres concerts plus intimistes sont donnés, par exemple au Palais Staszic où coiffures sophistiquées, costumes élégants à queue-de-pie sont de mise.
Rue Smolna, le Salon Chopin accueille quotidiennement et ce, toute l’année, des concerts de musique classique – Chopin mais aussi Debussy, Brahms et autres grands compositeurs proposés par des étudiants du conservatoire et des artistes talentueux de classe mondiale. Sis dans une maison terminée en 1910, flanquée d’une petite tour d’angle, un petit salon quelque peu désuet – une dizaine de chaises et fauteuils, un canapé, un piano Steinway et la copie du portrait de Frédéric Chopin par Delacroix – au programme Chopin mais aussi Debussy, Brahms, et autres grands compositeurs. Le tout accompagné de cake et d’un verre de délicieux vin de la région. Ce soir-là, l’assistance était composée d’un couple d’Américains et de charmantes Japonaises, admiratrices inconditionnelles de Chopin, dont l’une d’elles avait prévu le circuit Varsovie – Zelazowa Wola – Chartreuse de Valldemosa à Majorque, où George Sand emmena Chopin en 1838.
Pour le plaisir de tous, la jeune pianiste Anna Hadjuck, lauréate de concours de piano nationaux et internationaux, a brillamment interprété Nocturnes, Ballades, Mazurkas, Préludes…
Rubato et Note bleue…
Frédéric Chopin semble avoir été un « romantique malgré lui », et sa musique tiraillée entre classicisme et romantisme. Cet immense compositeur révolutionne la musique au niveau pianistique, rythmique, harmonique, et prend des libertés avec la mesure – c’est le fameux rubato. Ses compositions exigent une indépendance absolue des mains du pianiste. Le rôle de la main gauche est particulièrement difficile.
A Nohant, lorsque Chopin se mettait au piano, George Sand ouvrait son carnet et notait : « Le génie de Chopin est le plus profond et le plus plein de sentiments et d’émotions qui ait existé. Mozart seul lui est supérieur, parce que Mozart a en plus le calme de la santé, par conséquent la plénitude de la vie (…) ».
« Chopin sentait sa puissance et sa faiblesse. Sa faiblesse était dans l’excès même de cette puissance qu’il ne pouvait régler. Il ne pouvait pas faire comme Mozart (au reste Mozart seul a pu le faire), un chef-d’œuvre avec une teinte plate. Sa musique était pleine de nuances et d’imprévu. Quelquefois, rarement, elle était bizarre, mystérieuse et tourmentée. Quoiqu’il eût horreur de ce que l’on ne comprend pas, ses émotions excessives l’emportaient à son insu dans des régions connues de lui seul ».
Robert Schumann : « C’était déjà un tableau inoubliable de le voir assis au piano, pareil à un voyant perdu dans ses songes ; de voir comment le songe créé par lui se traduisait dans son jeu et comment, chaque morceau fini, il avait la funeste habitude de parcourir d’un doigt toute l’étendue du clavier glissando comme pour se dégager puissamment de son songe ».
Ernest Legouvé (Soixante ans de souvenirs, Ed Hetzel, Paris 1886) : « Le génie [de Chopin] ne s’éveillait guère qu’à une heure du matin. Jusque-là, il n’était qu’un pianiste charmant. La nuit venue, il entrait dans le groupe des esprits aériens, des êtres ailés, de tout ce qui vole et brille au sein des demi-ténèbres d’une nuit d’été ».
Le manque de contact avec la Pologne coupèrent les racines non seulement de l’œuvre du compositeur mais aussi de sa vie. « C’est tout juste si je me souviens des chants de mon pays…», se plaindra-t-il dans un souffle sur son lit d’agonisant.
La note bleue décrite par George Sand, « traduit ce moment privilégié de l’inspiration, (…) instant ineffable et intraduisible… ». Cétait le chant de son toucher, le timbre de sa main qui était petite, comparée par l’un de ses amis au “squelette d’un soldat enveloppé par des muscles de femme”. Le Raphaël du pianoforte, selon le mot de Heine, laisse une œuvre admirée universellement, composée essentiellement pour le piano.
Un très probable portrait inédit de Frédéric Chopin a été découverte début 2017 chez un particulier, par un physicien suisse, Alain Kohler, fin connaisseur du musicien. Certainement effectué vers 1847, ce cliché serait le troisième portrait photographique connu du compositeur.
Il y a deux ans, M. Kohler a découvert le piano Pleyel n° 11265 qui fut celui de Chopin en 1844-1845 au Square d’Orléans à Paris.
Texte et photos : Françoyse Krier
Remerciements à : Ambassade de Pologne à Berne – www.berno.msz.gov.pl/fr / Ministère des Affaires étrangères de Pologne – msz.gov.pl / Polska Agencja Prasowa – pap.pl
Voir également :
Pologne – Zelazowa Wola Maison natale de Frédéric Chopin
https://www.fykmag.com/pologne-zelazowa-wola-maison-natale-de-frederic-chopin/