Bourg-en-Bresse,
remarquable apothicairerie de l’Hôtel-Dieu

Le magnifique ensemble de l’apothicairerie de Bourg-en-Bresse propose à la visite trois pièces remarquablement conservées : un laboratoire en parfait état de fonctionnement, une pièce de stockage des matières premières et l’officine, riche d’une incroyable collection de faïences, de verrines et de boîtes. Près de mille contenants sont rangés dans l’apothicairerie de Bourg-en-Bresse, dont beaucoup conservent les substances soignantes d’autrefois, ce qui reste exceptionnel.

L’apothicairerie est l’ancienne pharmacie de l’ancien hôpital ouvert en 1652. La construction du nouvel Hôtel-Dieu démarre en 1782, selon les plans de Pierre-Adrien Pâris, architecte ayant œuvré pour Louis XVI. C’est l’architecte bressan Gaspard Chauverêche qui supervise les travaux jusqu’à son achèvement en 1790. L’imposant bâtiment s’organise autour d’un vaste cloître, surmonté du dôme de la chapelle. Il est aujourd’hui transformé en résidence pour personnes âgées. Destinée à fournir les médicaments aux patients, l’apothicairerie fut définitivement fermée en 1963 et reconvertie en musée.

Le fourneau, pièce maîtresse du laboratoire
De nombreux laboratoires ont été dépouillés après la fermeture des anciennes pharmacies hospitalières. Ici, tout est intact ! Sur les rayonnages sont alignés récipients en étain, marmites en cuivre ou en laiton, plats et assiettes, mortier de 1665 avec son pillon pesant près de 4 kg, beau pressoir à vis, pots, vases et bassins à saignées datant de 1663 à 1734. Autour du fourneau en fonte chauffé au bois, les religieuses s’affairaient pour préparer les sirops, macérations, décoctions et autres infusions. L’évacuation de fumée se faisait par le sol. L’eau arrivait par un magnifique col de cygne en laiton – un luxe pour l’époque ! Deux alambics servaient à la distillation des plantes. On peut admirer également deux tableaux dont une belle Annonciation du XVII^ème siècle, œuvre du renommé peintre burgien Benoit Alhoste (XVII^e siècle).

Des contenants toujours intacts dans l’arrière-boutique
Appelée aussi « petite pharmacie », l’arrière-boutique servait à recevoir et stocker les matières premières dans des pots de faïence, de verre et dans des boîtes en bois afin de maintenir au sec graines, fleurs, racines, écorces de bois, résines… Certains conditionnements présentent des appellations surprenantes : quinquina, borax, sang de bouc de dragon, corne de cerf calcinée, « graiffe » d’ours…

Alignés sur de magnifiques rayonnage de chêne, les pots à onguent, en faïence au décor en camaïeu de bleu, portent les noms des différentes « drogues », parfois en vieux français. Ils contenaient des mélanges de corps gras ou des substances à base de graisse, d’huile, de cire d’origine végétale ou animale. On y retrouve la trace de certains onguents, aux senteurs quelque peu altérées par le temps.

Plus de 82 ouvrages datant du XVII^ème au XX^ème siècle, rangés dans la bibliothèque Louis-Philippe, plongent le visiteur dans la pharmacopée des siècles passés. Parmi ceux-ci, « Les remèdes charitables de Madame Fouquet » pour guérir à peu de frais toutes formes de maux tant internes qu’externes… Livre de chevet de toute dame de qualité, écrit par la mère du fameux surintendant Fouquet. On y admire aussi une édition complète de la formidable « Histoire Naturelle », de Georges-Louis Leclerc de Buffon, ouvrage qui aborde tous les sujets – faune et flore, descriptions détaillées de l’homme, des animaux, des mammifères des oiseaux, des reptiles et des poissons… – et dont le succès fut immense.

Atmosphère feutrée à l’officine
Cette pièce harmonieuse en impose, avec son parquet en chêne et ses boiseries d’époque, exécutées sur mesure. Tous les remèdes étaient exposés dans cette vaste officine réservée aux religieuses. Devant la porte d’entrée, une barrière limitait l’accès au personnel soignant, aux médecins, aux malades. C’est ici que les religieuses distribuaient les élixirs, les sirops, les pommades.

Parmi cette incroyable collection de faïences, de boîtes et de verrines, les pots de « monstre » – du latin monstrare signifiant montrer – en faïence blanche. Exposés dans des niches sculptées autour de leur forme particulière, ils portent le noms des panacées d’antan : Confection Alk-Ermes, Mithridat, Confection d’Hyacinth, et Thériaque. Elaborée avec de l’opium et de la chair de vipère, cette panacée était considérée comme efficace contre toute espèce de venin.

Plusieurs balances sont exposées qui permettaient de peser les substances avec grande précision. Une vitrine plus contemporaine présente une collection d’instruments médicaux.

Cette ambiance si particulière est encore plus impressionnante lors des visites aux chandelles, proposées chaque année à l’occasion de la Fête des Lumières en décembre, ou lors de la Nuit des musées. On peut également visiter ce patrimoine d’exception par l’intermédiaire de l’office du tourisme.

(Texte et photos : Françoyse Krier sauf les deux dernières : @ laetitia-delctang-photo-club-bressan)

www.apothicairerie.bourgenbressetourisme.fr
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