Sis aux portes de Bourg-en-Bresse, le monastère de Brou est un chef-d’œuvre gothique flamboyant du début du XVIème siècle. Son église, monument historique classé, est un hymne à un amour qui se voulait éternel. La Ville de Bourg-en-Bresse a installé un musée d‘art dans les bâtiments monastiques.

monastere-royal-de-brou-bourg-en-bresse_credit-ap-ot-bourg-en-bresse-agglomeration-copieLa toiture aux 15’000 tuiles polychromes vernissées et disposées en losanges de l’église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou attire le regard et l’admiration. La façade est richement ornementée, dans le style Renaissance.

Sur le parvis de l’église, on remarque un cadran solaire circulaire où chacun peut voir l’heure qu’il, en servant soi-même de style , pourvu qu’on soit placé sur la lettre qui indique le mois où l’on se trouve.

Début du XVIème siècle
L’église est édifiée dès 1513 près du village de Brou Marguerite d’Autriche ­fait ériger ce joyau du gothique flamboyant sous la direction de Loys Van Boghem et décide que le tombeau de Philibert le Beau, son bien-aimé, celui de sa belle-mère et le sien reposeront dans cet édifice, veillés jour et nuit par des moines. Elle suivra ce grand chantier pendant 25 ans, y faisant venir les meilleurs maîtres d’œuvre et artistes des Pays-Bas.

Après le décès de son époux, le duc de Savoie Philibert le Beau, Marguerite d’Autriche adopta la devise suivante : “Fortune Infortune Fort Une”. On rencontre cette devise à plusieurs reprises dans l’église.

monastere-royal-de-brou-bourg-en-bresse - Brou_tribune_jube-8©DanielGilletMRB

monastere-royal-de-brou-bourg-en-bresse - Brou_cheur_jube-8©DanielGilletMRB

Brou Portrait Marguerite dAutriche (c) hugoMaertensMRB.jpg

 

De par ses mariages successifs, Marguerite d’Autriche aura connu une destinée hors du commun puisqu’elle fut successivement dauphine de France, infante d’Espagne, duchesse de Savoie, puis veuve – inconsolable – à 24 ans, de son jeune et bien aimé époux Philibert II de Savoie. De 1507 à 1530, à la suite de la mort de son frère Philippe le Beau, son père Maximilien la nommera régente des Pays-Bas, en attendant la majorité du futur Charles Quint. Elle s’éteindra fin 1530, la veille de son départ pour Brou et sera inhumée dans l’église de Brou, à côté de son époux et de sa mère. Son cœur est enterré au couvent des Annonciades de Bruges.

Ainsi, Marguerite n’aura jamais vu le monastère achevé, auquel elle a consacré 25 ans de sa vie…

Brou 2 des 3 tombeaux ©hugo maertens MRB

Brou détail tombeau © françoyse KrierTemple du souvenir et somptueux écrin
A l’intérieur, la lumière joue sur la pierre de la nef blanche et épurée. Passé l’arc du jubé en dentelle de pierre, – tribune pour les orgues dont il ne reste aucune trace – le chœur et ses magnifiques vitraux aux riches couleurs, les trois tombeaux, les retables, les statues finement sculptées…

Les stalles en chêne réparties de part et d’autre à l’entrée du chœur, sont ornées se statuettes. Les 74 présentent à droite, des scènes et personnages de l’Ancien Testament, à gauche le Nouveau Testament. Ces sièges sont pourvus de « miséricordes », petites consoles qui permettaient aux moines de prendre appui sur elles lorsqu’ils devaient rester debout. A l’origine, le choeur était pavé de faïences polychromes dont il subsiste quelques vestiges au pied des tombeaux.

Les vitraux des grandes verrières du chœur furent réalisés sur place par des maîtres verriers bressans et lyonnais. Les nombreux blasons s’étalent sur toute la hauteur des baies. Une de leurs spécificités est la représentation des armoiries des familles de Marguerite d’Autriche et de Philibert le Beau sur 300 ans, soit près de 10 générations, un exemple rare en Europe. La présence des blasons renforce le message dynastique voulu par la fondatrice.

La verrière de l’Assomption et du Couronnement de la Vierge inclut, au premier plan, les donateurs : Marguerite d’Autriche et Philibert de Savoie, agenouillés et accompagnés de leurs saints patrons.

L’autel de la chapelle de Marguerite d’Autriche est surmonté du monumental retable des Sept Joies de la Vierge, d’une hauteur de 5,50 m, célèbre pour la richesse et la beauté de son décor sculpté – albâtre veiné de gris et pierre noire.

Les tombeaux des époux comprennent une double figuration, l’une “nature” et l’autre, à l’étage inférieur, en linceul. La petite statuaire est l’œuvre d’un atelier brabançon. L’exécution des gisants fut confiée à Conrad Meit. Des moulures ciselées mêlent « P » et « M », autour de bouquets de marguerites, de briquets et de la devise de Marguerite d’Autriche « Fortune Infortune Fort Une ».

Brou détail tombeau marguerite © françoyse Krier

Brou détail tombeau petite sybille © françoyse KrierLe majestueux tombeau de Philibert le Beau occupe le milieu du chœur. Il comporte deux étages et deux gisants superposés. La partie supérieure, en marbre blanc de Carrare, représente le duc en costume d’apparat, entouré de “putti”. La petite statuaire qui entoure le tombeau a été réalisée par un atelier flamand. Ces gracieuses jeunes femmes vêtues à la mode brabançonne sont des sibylles, prophétesses de l’Antiquité qui auraient prédit la vie du Christ.

Au sud, sous un dais sculpté, le tombeau de Marguerite d’Autriche. Sur le gisant supérieur, la défunte est représentée à son âge réel au moment du décès, 50 ans, la tête de la couronne ducale et revêtue d’un manteau d’apparat. A ses pieds, une levrette. La gisante du dessous en albâtre très-fin, la représente avec un visage jeune, pâle et livide, sous de longs cheveux ondulés. Des moulures ciselées mêlent « P » et « M », autour de marguerites et de la devise de Marguerite d’Autriche « Fortune Infortune Fort Une »

Au nord, le tombeau de Marguerite de Bourbon, mère de Philibert, comporte un seul gisant reposant sur une dalle de marbre noir, en habit de cour – manteau d’hermine – ses pieds appuyés sur une levrette, symbole de fidélité. Des pleurants encapuchonnés voisinent avec des putti.

Aucune messe n’étant célébrée. Exception fut faite en 1954, pour le mariage de l’archiduc Robert de Habsbourg, fils de l’impératrice Zita, avec la princesse Marguerite Isabelle de Savoie.

Monastère royal de Brou, les cloîtres vus depuis le clocher ©Philippe BerthéLe Monastère, lieu de résidence princière et musée
Le monastère, édifié de 1506 à 1512, comprend trois beaux cloîtres bordés de galeries hautes et basses – un cas unique en France –, des salles spacieuses voûtées d’ogives au rez-de-chaussée, un large couloir desservant les cellules à l’étage, plus de 4000 m2 de planchers sur plusieurs étages, de grands jardins aux alentours avec de nombreux communs. Bourg-en-Bresse y a installé son musée d’art  qui présente des vetiges de l’église, un ensemble varié d’œuvres et d’art décoratif du XVème au XXème siècle. Des expositions permanentes sont régulièrement complétées par des expositions temporaires.

A l’étage, dans les anciennes cellules des moines – l’une d’elles sera reconstituée ainsi que les appartements de Marguerite– les peintures du XVIème au XXIème siècle (on y admire, entre autres, un beau tableau de Soulages ainsi qu’un fond exceptionnel de peinture « troubadour »), et les arts décoratifs (meubles lyonnais, du XVI et XVIIIème siècles), très beaux meubles bressans, faïences de Meillonnas. Les appartements de Marguerite d’Autriche

Une vingtaine de moines Augustins, chargés de prier pour les princes enterrés à Brou, étaient logés dans le monastère avant d’en être chassés à la Révolution. Une plaque commémorative rappelle que, lors de la vente des biens du clergé, Thomas Riboud, procureur général de l’administration départementale, obtient un décret qui range l’église de Brou au nombre des monuments nationaux à conserver par l’État.

Monastère royal de Brou, et l'église photo Françoyse Krier Monastère royal de Brou,cloître photo Françoyse KrierL’église du monastère de Brou ne contient aucun banc pour les fidèles, car elle n’était pas église paroissiale et seuls les Antonins y priaient.
Exception fut faite en 1954, pour le mariage de l’archiduc Robert de Habsbourg, deuxième fils de Karl Ier et de Zita, les derniers souverains régnants d’Autriche-Hongrie – avec Marguerite Isabelle de Savoie, fille d’Amédée de Savoie-Aoste et de la princesse Anne d’Orléans.

Le monastère royal de Brou reçoit quelque 100’000 visiteurs par an. En septembre 2014, le monastère a été désigné « monument préféré des Français » au cours de l’émission de France 2, présentée par Stéphane Bern, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Les murs des cloîtres vibrent parfois au son de concerts classiques ou électro-rock…

Monastère de Brou - nuitmusee2013 © PatochMRB Monastère de Brou - cloîtree nuit musée 2013 © PatochMRB

Texte et photos sans mentions :  © Françoyse Krier
Autres visuels : Eglise du monastère royal de Brou @ap-ot-bourg-en-bresse-agglomeration / Brou tribune & jubé ©Daniel Gillet MRB / Portrait Marguerite dAutriche @ Hugo Maertens MRB / Les cloîtres vus depuis le clocher ©Philippe Berthé / Monastère de Brou – nuit des musées 2013 © PatochMRB

http://www.monastere-de-brou.fr/
www.bourgenbressetourisme.fr
www.atout-france.fr

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