Le musée Baccarat est installé dans un splendide hôtel particulier, au cœur du XVIème arrondissement de Paris, dans l’ancienne demeure de Charles et Marie-Laure de Noailles. L’architecte Philippe Starck en a fait un véritable Palais de cristal.

maison baccarat Paris - salon lustre photo françoyse KrierMurs du porche ornés de miroirs biseautés et de deux cheminées monumentales, somptueux lustre « Zénith » flottant dans un aquarium géant – structure spécialement conçue en inox avec 24 lumières équipées de 430 fibres optiques, impressionnant candélabre haut de trois mètres, chaise géante, mobilier réalisé pour les maharadjahs, fauteuils capitonnés de Philippe Starck invitant au repos… Rouge Baccarat, rouge passion, obtenu en ajoutant au cristal en fusion des sels d’or. Dès l’entrée, le visiteur est sous le charme.

Marie-Laure Bischoffsheim était la petite-fille de Laure de Sade, comtesse de Chevigné, l’un des modèles de la duchesse de Guermantes de Marcel Proust. Elle épousa en 1923 le vicomte Charles de Noailles, neveu de la poétesse Anna de Noailles qui appréciait tant la région d’Evian et dont le cœur repose au cimetière d’Amphion-les-Bains.

Des années 20 aux années 50, l’hôtel particulier de ce couple-mécène fut le théâtre de réceptions somptueuses où la haute société côtoyait les artistes et les intellectuels du moment. Francis Poulenc, Darius Milhaud, Man Ray, Jean Hugo, Luis Buñuel, les frères Giacometti, Jacques Lacan, Jean Cocteau et de nombreux personnalités fréquentèrent les salons de leur muse, Marie-Laure de Noailles, qui y donna les bals les plus inventifs sous un plafond de Francesco Solimena (1657-1747) qui avait été peint en 1733, commande d’un avocat napolitain d’origine génoise pour son palais de  Naples.

Fin XIXème siècle, la maison Baccarat fait construire un dépôt et atelier de bronze, rue de Paradis à Paris. Ce bâtiment deviendra musée jusqu’en 2003. Pour réanimer cette Belle au Bois Dormant, Baccarat offre alors carte blanche à Philippe Starck. En véritable magicien, le designer revoit entièrement la décoration de ce splendide édifice construit en 1895 dans le style néo-Louis XVI par l’architecte Sanson, associant esprit surréaliste et savoir-faire. Cet endroit dédié à la magie du cristal de Baccarat accueille sur 3’000 m² le siège de Baccarat, une boutique, un restaurant, ainsi que la galerie-musée.

 maison baccarat Paris - grand lustre photo françoyse Krier

Fascination, rayonnement, passion…
Un ascenseur en verre rougeoyant. Deux vases géants flanqués de visages mobiles imaginés par l’illusionniste-designer Philippe Stark. Un tapis d’honneur écarlate illuminé par d’innombrables petites lumières mène le visiteur qui ne sait plus vers quelle merveille se tourner, au hall d’accueil. Une chaise en cristal d’environ deux mètres cinquante trône au pied de l’escalier d’honneur dont la rampe est ornementée d’une boule prestige en cristal. Un candélabre surmonté de verrines en cristal clair et de verrines rouges côtoie un « modeste » banc réalisé dans du bois des Vosges qui rappelle les origines lorraines de la célèbre manufacture.

Au plafond, le lustre majestueux en cristal à cascades « 157 lumières » tournoie lentement, illuminant les marches de pierre amenant au premier étage. Comme sur chaque lustre et candélabre Baccarat, la plus raffinée des signatures – une pampille octogonale de cristal rouge rubis, goutte de feu, de sang – est présente. Philippe Starck en reprendra la forme et la couleur pour créer le verre Darkside Aïe.

A l’étage, bancs et fauteuils capitonnés de couleur pastel ont trouvé tout naturellement leur place dans ce lieu de raffinement et d’élégance.

Maison Baccarat Paris Table Bateau_1889Maison Baccarat Paris vitrine verres

Baccarat et l’Orient, la Russie, les Amériques
Le premier espace « Folie des Grandeurs » expose les pièces monumentales et les grands candélabres de prestige. Plus loin, la pièce « Alchimie » est entièrement décorée par Gérard Garouste, inspiré par l’un des mythes fondateurs de l’humanité, la légende de l’Athanor. Un dais illustre cette allégorie par le thème des quatre éléments : l’Eau, la Terre, l’Air et le Feu, indispensables à la fabrication du cristal. Cette pièce accueille les objets phares des collections Baccarat, tel l’extraordinaire « Vase Simon » en cristal rouge taillé pour l’exposition universelle de 1867.

Dans l’espace « Au delà de la transparence », le visiteur peut admirer des pièces légendaires comme le service à moka turc aux émaux polychromes, pièce maîtresse de l’Exposition de 1878, et de prestigieuses commandes. Parmi ces chefs-d’œuvre, figurent de majestueux luminaires et candélabres, des centaines de pièces d’exception créées dans les ateliers Baccarat depuis 1764 pour les cours royales et impériales de l’Europe entière, des objets précieux ayant appartenu à des souverains et personnalités du monde entier, des maharadjahs aux empereurs japonais, en passant par les présidents des Etats-Unis et les rois d’Arabie.

Dans les années 1930, le maharadjah de Gwalior commande à Baccarat un lustre d’exception. Transporté avec soin, le Hall Oriental est si lourd qu’à peine installé, le plafond du palais s’écroule sous son poids. Le maharadjah commande un second lustre et avant de l’accrocher, fait monter un éléphant sur le nouveau toit, pour s’assurer de sa solidité…

Candélabre dit du Tsar, chaise et guéridon Ferrières en cristal datant de 1883, verres « Pour le yacht » commandés par le prince de Galles Edouard VIII, service Juvisy au chiffre RF, acquis en 1899 par Emile Loubet pour l’Elysée… De la cave à liqueur Eléphant au vase à décor de poisson japonisant, en passant par le lustre Marie Coquine griffé Starck… tout ici raconte une histoire illustrant les différentes facettes du savoir-faire de Baccarat : flûtes et coupes gravées, seaux à champagne délicatement dorés à l’or fin, flacons de parfums – dont le célèbre flacon « Abeille » réalisé pour la maison Guerlain en 2010, service iconique Harcourt, ainsi que les collections à édition limitée des grands créateurs…

Maison Baccarat Paris table photo Françoyse Krier Maison Baccarat paris cristal-room_claudeweber Maison Baccarat Paris candélabre rouge Françoyse Krier

Art du cristal et art de vivre
La salle de bal des Noailles a été conservée à l’identique avec ses boiseries, moulures et dorures à l’or fin, ses deux cheminées monumentales, ses lustres à pampilles, ses moulures et dorures à l’or fin et la toile peinte par Francesco Solimena, élève de Tiepolo.

Dans l’ancienne salle à manger Louis XIV de Marie-Laure de Noailles, le restaurant Cristal Room Baccarat tout en lambris et dorures. De grands panneaux de chêne jouxtent des murs aux briques apparentes. Les lustres se reflètent à l’infini dans de vastes miroirs, les tables habillées de nappes invitent à savourer une cuisine haut de gamme orchestrée par le chef étoilé Guy Martin.

Passage dans un petit salon tout de rose et noir revêtu – plafond capitonné, lustre noir griffé Starck, bougeoirs, belle commode argentée – avant de se rendre sur le balcon donnant sur le parc, et qui, comble du raffinement, comporte des miroirs ornés de candélabres, tout comme la façade de l’illustre demeure.

Les différents espaces – restaurant, salle de bal, salons – peuvent être privatisés pour des évènements d’exception.

Dans un immense salon du rez-de-chaussée, orné d’imposantes vitrines où est mis en valeur tout l’art de vivre Baccarat, une table lumineuse en cristal de treize mètres de long présente des collections d’art de la table. Dans les salles adjacentes, on retrouve l’éventail complet des créations Baccarat : décoration, luminaires, bijoux, créations… Baccarat exalte la beauté, la féerie, l’art et la perfection, la fête des sens autour d’une table magnifiée par des objets sublimes qui procurent une émotion rare.

 Maison Baccarat paris cristal-room_s à manger Photo Françoyse Krier

En 2014, la maison Baccarat a fêté ses 250 ans
Entre classicisme et extravagance, Baccarat rayonne et fascine. Baccarat fut la seule industrie française magistralement représentée au cours des différentes expositions universelles. Tel le monumental Temple de Mercure – 4,70 m de haut, 5.25 m de diamètre, 1960 pièces de cristal soufflé, moulé, retaillé – présenté à Paris en 1878, acquis par le roi Charles Ier du Portugal, puis enterré, en miettes, dans un couvent. En 2011, Baccarat a restauré, une à une, les pièces retrouvées, à la demande d’un mécène, sous couvert d’anonymat.

En 2007, Baccarat reçoit le label « Entreprise du Patrimoine Vivant » récompensant les entreprises qui transmettent de génération en génération un savoir-faire d’exception et l’exportent dans le monde entier.

Comment reconnaître un cristal Baccarat
Pour différencier un « verre sonore » d’un « verre cristallin », il suffit de le faire sonner, de le soupeser – le cristal est plus lourd que du verre – et de le mettre en pleine lumière. Le cristal parle de lui-même. Un verre en cristal ancien est plus léger qu’un cristal moderne et s’il est fait manuellement, le dessous de son pied sera plus irrégulier et plus coupant en raison des outils utilisés par les artisans d’autrefois. C’est la qualité du cristal qui détermine la valeur et le prix d’une pièce et Baccarat fabrique un cristal plus chargé en plomb, plus dense et plus éclatant que la plupart de ses contemporains.
Les services Baccarat réalisés hier sont plus abordables que les services contemporains, la quantité de plomb ayant augmenté au fur et à mesure que les ateliers se développaient : ainsi, la pièce d’un service édité en 2000 coûtera plus cher que son jumeau édité en 1900.

Maison Baccarat, 11 place des États-Unis  – 75116 Paris
www.baccarat.fr

www.cristalroom.com

(Texte Dp – Françoyse Krier – Photos Françoyse Krier / ClaudeWeber)

Voir aussi :

https://www.fykmag.com/baccarat-le-brillant-destin-dune-cristallerie-lorraine/

https://www.fykmag.com/baccarat-eclat-luxe-savoir-faire-entre-passe-et-present/

https://www.fykmag.com/la-manufacture-de-baccarat-reservoir-dune-elite-dartisans/

Baccarat, berceau lorrain du savoir-faire des artisans du cristal

Vous avez aimé cet article?