Baccarat - le brillant destin d'une prestigieuse cristallerie lorraine Photos laurent parraultLe Nord-Est de la France s’enorgueillit de posséder les quatre plus prestigieuses cristalleries : Daum, Lalique, Saint-Louis et Baccarat. Synonyme de perfection, de beauté et de lumière, ce nom implique un village de Lorraine, enchâssé dans un domaine de six hectares, une manufacture et des artisans d’art, dépositaires de la chanson de geste du cristal. Village proche des villes d’art et d’histoire que sont Nancy, la rayonnante, et Lunéville, réputée pour sa faïence et son château surnommé le « Versailles lorrain». 

Ce nom apparaît pour la première fois en 1291. En 1459, la cité est alors renommée pour ses vins et pour ses drapiers. Les Vosges produisaient du bois en abondance non seulement pour le chauffage, pour le bâtiment – le transport se faisait par voie d’eau, sur la Moselle et la Meuse – mais aussi pour l’entretien des salines du pays. (Photo ©Laurent Parrault)
 cristallerie lorraine manufacture-baccarat-1907-archives-baccaratL’éclat du cristal Baccarat
C’est au milieu du XVIIIe siècle, le Siècle des Lumières, que démarre l’épopée de Baccarat, la plus prestigieuse manufacture de cristal au monde. Pour sauver une population menacée par la misère suite à l’arrêt de l’exploitation d’un domaine forestier, Louis de Montmorency-Laval, évêque de Metz, décide de fonder une verrerie à Baccarat, bien temporel de l’évêché.

Avec ses terres boisées et riches en silice, la Lorraine était traditionnellement une région de verrerie, produisant du « grand verre » (miroirs, glaces, vitres) et du « menu » (bouteilles et gobelets). Louis XV autorisa l’installation d’une usine à feu en face du village de Baccarat, sur la rive droite de la Meurthe. La verrerie entre en activité en 1764 et voit son destin basculer sous l’impulsion d’Aimé-Gabriel d’Artigues qui la transforme en cristallerie. Ce remarquable industriel, propriétaire d’une importante cristallerie située à Vonèche, près de Namur en Belgique, fut, de 1791 à 1795, directeur de la manufacture de Saint Louis, la première en France à avoir fabriqué du cristal au plomb, ce dès 1781, alors que Baccarat ne produisait que du verre. Aimé Gabriel d’Artigues achète en 1816 la petite verrerie qui deviendra «Verrerie de Vonèche à Baccarat», qu’il transformera en cristallerie en 1817.
Le nouveau propriétaire engage 300 ouvriers qui travaillent sur 4 fours à pots, ouvre une usine pour la production de l’oxyde de plomb nécessaire, acquiert des machines nouvelles pour l’édition en série de verres moulés à la presse. Le cristal suscite un véritable engouement : toute bonne maison se doit de posséder un service composé d’au moins un verre à eau, deux verres à vin et une flûte de champagne par convive. (Manufacture Baccarat 1907 ©Archives Baccarat)

Baccarat - cristallerie lorraine archives-dessindarchives_lucie loretLe nouveau propriétaire engage 300 ouvriers qui travaillent sur 4 fours à pots, ouvre une usine pour la production de l’oxyde de plomb nécessaire, acquiert des machines nouvelles pour l’édition en série de verres moulés à la presse. Le cristal suscite un véritable engouement : toute bonne maison se doit de posséder un service composé d’au moins un verre à eau, deux verres à vin et une flûte de champagne par convive.
En 1823, Artigues qui doit faire face à des problèmes de santé et d’argent, vend la cristallerie de Baccart avant même qu’elle ne soit connue du grand public. L’entreprise passe dans les mains de trois associés, dont Pierre-Antoine Godard-Desmaret, homme d’affaires parisien qui assure l’administration de l’entreprise, la direction opérationnelle étant confiée à un jeune ingénieur employé dans la cristallerie, Jean-Baptiste Toussaint.

Rebaptisée “Compagnie des verreries et cristalleries de Vonèche à Baccarat”, l’entreprise gardera ce nom jusqu’en 1848. Le sable vient alors d’Epernay, en Champagne, car c’est le plus pur. Le plomb est acheté en Allemagne ou en Angleterre, puis transformé sur place dans la fabrique qu’Artigues a fait construire à proximité de la cristallerie. La potasse est importée d’Amérique, car elle contient moins de résidus.
Le 29 octobre 1860, Baccarat dépose sa marque de fabrique au greffe du tribunal de commerce de Paris.  A partir de 1875, le nom de Baccarat est inscrit en lettres bâton et en relief sur les pièces moulées. (Dessin d’Archives – Lucie Loret)

Le nombre d’ouvriers croissant va permettre l’essor de la commune avec la construction de logements, écoles, commerces, routes et petites industries mais la guerre marquera un coup d’arrêt à ce développement. L’entre-deux-guerres est marqué par la construction de l’église, du pont et de la mairie. Durant la Seconde Guerre mondiale, Baccarat subira de nombreux dégâts et notamment, la destruction de l’église en octobre 1944. Libérée en octobre de la même année, la ville reprend son essor industriel dès 1945.

En 1960, le comte René Aldebert Pineton de Chambrun, descendant de Lafayette, succède à son père en tant que président de la cristallerie Baccarat. Il ouvre le marché à l’Amérique, au Japon et au Moyen-Orient. Ceux qui l’ont côtoyé se souviennent de lui comme d’un homme aimable, appréciant le travail effectué dans la cristallerie et respectueux envers chacun des employés.

Baccarat - cristallerie lorraine laurent-parrault

Tradition d’un métier qui intègre la nouveauté
Nommée directeur général de la Compagnie des Cristalleries de Baccarat, en 1993, Mme Claire Taittinger-Bonnemaison s’investira dans les bijoux : cœurs de Baccarat, bagues de couleur… (Photo ©Laurent Parrault)

En 1989, le groupe familial Taittinger rachète Baccarat, avant d’être lui-même racheté par le fond d’investissement américain Starwood Capital Group (STG) en 2005. Pour répondre à la demande croissante, un investissement sans précédent de 8,6 millions d’euros est réalisé, en 2012, dans l’usine lorraine afin de mettre en place un gigantesque four de nouvelle génération qui remplacera le vieux four à pots aux 21 alvéoles.

Dynamique EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant français), la célèbre manufacture sait s’entourer de grands noms d’artistes et de designers « ouvrant 
les portes d’un univers où la culture et le luxe 
s’entrecroisent… » : Yves Savinel et Gilles Rozé, élèves du célèbre Jean Prouvé ; la délicate collection Damoiselles par Stéfanie Balini ; le vase Natsu de Kenzo Tagada et l’étoile Zinzin, best-seller de Nicolas Triboulot; «United Crystal Woods» imaginé par Marcel Wanders très inspiré par la nature … Sans oublier Mathias, Philippe Starck, Yann Kersalé, et bien d’autres…

“L’essence de Baccarat, c’est pour moi le monde de l’illusion, à travers le jeu optique des facettes du cristal taillé. J’ai donc imaginé un palais de cristal où tout serait possible” affirmait Philippe Starck en 2003.

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(Photo : Candelabre – Jean Lariviere / texte Dp-FK)

www.baccarat.fr

Voir aussi :

https://www.fykmag.com/baccarat-eclat-luxe-savoir-faire-entre-passe-et-present/

https://www.fykmag.com/la-manufacture-de-baccarat-reservoir-dune-elite-dartisans/

https://www.fykmag.com/le-musee-baccarat-a-paris-extraordinaire-ecrin-de-cristal/

Baccarat, berceau lorrain du savoir-faire des artisans du cristal

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