Rue Félix-Faure : les belles maisons au décor naturaliste
” Dès 1913, ces petites maisons étaient louées aux curistes qui venaient goûter aux bienfaits de l’eau thermo-minérale de Nancy, seule station thermale française située au cœur d’une métropole. Située au bout de cette rue l’établissement de l’époque a fait place à un nouveau bâtiment “, m’explique le propriétaires d’une de ces ravissantes demeures. ” Du bonheur, oui, mais il y a aussi l’entretien…”, mentionne un autre jeune père de famille sortant d’une maison voisine avec ses enfants et auquel je fais part de la chance d’habiter un tel endroit.
Pour ma part, j’y reviendrai au printemps, lorsque le soleil fera ressortir les fresques délicates des murs et les plantes embellissant chaque jardinet.
Les eaux et les vertus ont été découvertes par l’architecte Louis Lanternier en 1908. Le projet, stoppé par la Première Guerre Mondiale, voit enfin le jour en 2023. Accolé au Parc Sainte-Marie, à voir lui aussi par beau temps, le nouveau complexe aquatique et thermal à l’architecture sobre et moderne, préserve les premiers bâtiments. Vivement recommandée à la visite par l’Office du Tourisme de Nancy, la rue Félix-Faure quant à elle, illustre parfaitement l’architecture et les pratiques de l’urbanisme du début du XXème siècle. Large de douze mètres, elle est constituée de 83 parcelles essentiellement construites pour la plupart entre 1903 et 1913, en tant que maisons mitoyennes, relativement modestes, destinées à des propriétaires appartenant à la classe moyenne. Ces constructions de style École de Nancy, font été conçues notamment par César Pain qui réalisa à lui seul le tiers des édifices – 17 en tout. Sur leur fronton, un cartouche signe les créations de cet architecte : « C.Pain » suivi de la date de construction. Plusieurs contraintes furent imposées : alignement des immeubles, homogénéité dans la hauteur (le plus souvent deux étages), présence d’une cour à l’avant de chaque maison, prenant souvent la forme de jardinets et de sorties de garage. Les principaux matériaux utilisés pour le gros œuvre de ces maisons sont le calcaire, la pierre de taille, le granite et la brique.
Maîtres d’œuvre et courants architecturaux
Parmi les architectes auteurs de ces constructions figurent notamment Émile André, Joseph Hornecker, Henri Vial et Lucien Weissenburger, l’un des principaux architectes, adepte du style Art nouveau en Lorraine et membre de l’École de Nancy à qui l’on doit, entre autres, la construction de la Villa Majorelle. Caractéristique de ces maisons : une diversité d’expressions des courants architecturaux de l’époque – Art nouveau, régionalisme, architecture balnéaire… – et pour certaines, de jolis décors floraux. Au n° 10, la Villa Hélène due à César Pain, édifiée en 1903, accueillit l’artiste jusqu’à sa mort en 1946. Les maisons des nos 24 – n°26 (Les Clématites) n°28 (Villa Taliana), n°30, conçues par César Pain constituent des édifices pourvus d’une inscription au titre des monuments historiques depuis 1994. Idem pour la Maison Ramel (n°25-27), élaborée pour Auguste Ramel par Émile André, édifiée en 1904.
La rue fut inaugurée en 1901, quatre ans après la mort du Président Félix Faure, à la suite du lancement d’une procédure de lotissement, menée à l’initiative d’un entrepreneur nancéien nommé Lefort. À l’origine rue privée, mais ouverte, la voie fut classée voie municipale en 1903.
Le parc Sainte-Marie : c’est ici qu’a eu lieu l’Exposition Internationale de l’Est de la France en 1909, date à laquelle le forage à l’origine de Nancy Thermal est découvert. De l’exposition reste aujourd’hui une maison alsacienne, transportée pierre par pierre du village de Zutzendorf. Doté d’une aire de jeux, de terrains de basket et de pétanque, d’un kiosque et d’une brasserie, ce parc de quasiment 8 hectares est très animé et reçoit régulièrement des événements.
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La Villa Majorelle, résidence emblématique de l’Ecole de Nancy
Située à deux pas du Musée de l’Ecole de Nancy, labellisée ”Maison des Illustres”, la Villa Majorelle est représentative de l’Art Nouveau qui touche aussi bien l’architecture que la verrerie, l’ébénisterie, la ferronnerie… Cet Art nouveau apparaît à la fin du XIXème siècle et prend fin avec la Première Guerre Mondiale. En 1901, Emile Gallé crée l’Alliance Provinciale des Inbdustries d’Art nommée Ecole de Nancy. En font partie également : Louis Majorelle, Antonin Daum (maître-verrier, ingénieur), Victor Prouvé (peintre, sculpteur, graveur), Jacques Gruber (maître-verrier, ébéniste, décorateur), Eugène Vallin (architecte, menuisier d’art), et bien d’autres…
En 1898, Louis Majorelle confie au jeune architecte Henri Sauvage l’élaboration de sa demeure familiale. La Villa Majorelle – ou Villa Jika, d’après les initiales de son épouse, Jane Kretz – est construite entre 1901 et 1902, en pierre calcaire provenant de carrières situées en Meuse. Première bâtisse Art nouveau à Nancy, la villa est construite sur un terrain de presque un hectare situé à proximité des ateliers de la fabrique Majorelle édifiés en 1897 par Lucien Weissenburger (production de meubles, bronzes, luminaires, présentés pour la plupart dans un catalogue).
La façade principale se compose de trois ensembles asymétriques. Au centre, l’élévation forme un avant-corps abritant le grand escalier. La partie droite de la villa se développe légèrement en retrait et accueille les pièces de loisirs et de réception. La section à gauche en retrait plus marqué est réservée à l’entrée principale et à l’escalier de service sur sa façade Est. L’architecture extérieure est animée par de nombreux éléments décoratifs – carreaux en céramique, ferronnerie… – et par des ouvertures aux formes variées.
Les opérations de restauration effectuées en 2016-2017, ont consisté à un nettoyage des façades, à la restauration des pierre abîmées, des éléments de charpente, de encadrement des portes et fenêtres, des volets roulants en bois repeints par la suite d’après les couleurs d’origine. Afin de restituer à la Villa Majorelle sa silhouette d’origine, il était important de remettre en place les éléments des cheminées en grès flammé, déposés en 2006 pour des raisons de sécurité.
Le parc initial évoque l’atmosphère des jardins du début du siècle par la liberté de son dessin, le choix de ses essences et la présence d’un bassin. Morcelé après la vente du site, en 1931, le jardin est aujourd’hui considérablement réduit à la faveur de l’aménagement du quartier. Le percement de la rue Majorelle et le lotissement du quartier sont les raisons de la disparition d’une bonne partie du parc.
La rénovation de la Villa Majorelle se poursuit
De nouveaux espaces vont s’ouvrir au public : ainsi, 2025 verra la rénovation de la penderie et de la salle de bains au 1er étage et de l’atelier de Louis Majorelle au 2ème étage, en 2026. Les trois autres pièces du premier étage seront consacrées à la présentation d’archives et de documents relatifs à la famille et aux établissements Majorelle situés à quelques pas de la Villa. Au second étage, derrière la grande verrière qui domine la façade, l’atelier de Louis Majorelle sera accessible au public. Ce bel espace retrouvera ses dimensions d’origine et son décor de boiserie dans la partie supérieure. Une vitrine présentera des éléments du décor provenant de la Villa Majorelle ainsi que des réalisations témoignant des travaux de restauration et de reconstitution.
Villa Majorelle ~ 1, Rue Louis Majorelle ~ 54000 Nancy – France
Visites : du mercredi au dimanche
Billetterie en ligne :
https://villamajorelle-nancy.tickeasy.com/fr-FR/billetterie
Possibilité de billet jumelé Villa Majoorelle / Musée de l’Eole de Nancy
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