Nantes ~ le Château des Ducs de Bretagne

Château défensif et de plaisance, le Château des ducs de Bretagne est classé monument historique depuis 1840. Principalement construit au XVème siècle, il comprend également des éléments datant du XIVème au XVIIIème siècle. Implanté dans le cœur historique de Nantes, le Château des ducs de Bretagne est le monument-phare de son patrimoine urbain. (Visuel ci-dessus : Château des ducs de Bretagne. Nantes © Philippe Piron)

Riche de huit siècles d’histoire

Fondé par les ducs de Bretagne au XIIIème  siècle afin de constituer une base défensive à Nantes, le château est devenu, sous François II, la principale résidence ducale bretonne. Sa fille, la duchesse Anne, contrainte plus tard d’épouser deux rois de France successifs, Charles VIII et Louis XII, poursuivra des travaux d’embellissement du château. Ces mariages entraînent l’union de la Bretagne à la France, définitivement scellée par un édit signé au château en 1532 par François Ier. Dès lors, le château devient une forteresse royale qui voit passer la plupart des rois de France, lorsque ceux-ci visitent la Bretagne. Le Château des ducs de Bretagne devient aux XVIème et XVIIème siècles le logis breton des rois de France, avant d’être converti en caserne, en arsenal militaire puis en prison. Il subira pendant trois siècles maintes transformations ainsi que différents dommages.

Classé Monument historique en 1862, il est vendu par l’Etat à la Ville de Nantes en 1915, avant de devenir, à partir de 1924, musée municipal. Pendant la seconde guerre mondiale, les troupes d’occupation allemandes y construisent un bunker.

Côté ville, c’est une forteresse comprenant 500 mètres de chemin de ronde, ponctués de sept tours reliées par des courtines. Côté cour, il abrite une élégante résidence ducale du XVème siècle en pierre de tuffeau, de style gothique flamboyant portant les premières marques d’inspiration Renaissance, ainsi que d’autres bâtiments datant du 16ème et du 18ème siècles contrastant par leur blancheur et leur raffinement sculpté. Le château a toujours été ouvert gratuitement au public. Actuellement, son accès se fait même par toboggan, gratuit et interdit aux personnes de moins de 1 m 30 : le paysage glissé. Le public prend place dans ce ruban d’acier et découvre un point de vue unique à 12 m du sol : la cour publique du château, les jardins des douves et la ville historique. (Visuel ci-dessous au centre : Château des ducs de Bretagne. Nantes © Philippe Piron)

 

Nantes ~ le Château des Ducs de Bretagne ticket d'entrée

Nantes ~ le Château des Ducs de Bretagne avec tobogganNantes ~ le Château des Ducs de Bretagne drapeau

 

L'écrin en or ayant contenu le coeur d'Anne de Bretagne

Le cœur d’Anne de Bretagne 

La reine Anne, duchesse de Bretagne, mourut de la gravelle, au château de Blois, le 9 janvier 1514, à l’âge de trente-sept ans. De par sa dignité de reine de France, elle se devait d’être inhumée en l’abbatiale de Saint-Denis, où étaient placés les tombeaux des rois de France. La reine Anne voulut que son cœur reposa auprès de ses parents à Nantes, dans son duché de Bretagne. Toute la ville de Nantes a pleuré sa duchesse : « …on ne voit que les façades des maisons tendues de linge blanc, signifiant que, en humilité, les Nantais voulaient recevoir le cœur de leur souveraine dame ».
Le tombeau qu’elle avait fait édifier, entre 1502 et 1507, pour ses parents, dans l’église des Carmes de Nantes (déménagé depuis dans la cathédrale nantaise), fut donc ouvert et le cœur d’Anne de Bretagne déposé à l’intérieur du monument, entre François II et Marguerite de Foix, le 19 mars 1514. Le reliquaire se compose d’une boîte en forme de cœur, constituée de deux valves en tôle d’or repoussée et guillochée réunies par une cordelière d’or qui dissimule la suture.
Sauvé de la fonte après la Révolution, le bel écrin doré du cœur d’Anne, reine de France, duchesse de Bretagne, bat dans sa ville chérie de Nantes, au musée Thomas-Dobrée.

Dérobée en avril 2018, la pièce d’orfèvrerie réalisée en 1514 a été retrouvée quelques jours après le vol, accompagnée d’une statuette et de pièces d’or également dérobées.

Signature de l’édit de Nantes

En avril 1598, c’est au Château des ducs de Bretagne que fut signé l’édit de Nantes par Henri IV, roi de France, et par Forget de Fresne, secrétaire d’Etat. Le texte originel de l’édit de Nantes subsiste dans la copie datée du 22 mai 1599 conservée à la Bibliothèque de Genève. Faulcon et Larcher, tous deux notaires royaux à Châtellerault, ont porté leur signature à la fin des articles généraux de l’édit et des articles particuliers.

La trace la plus ancienne de la conservation de l’édit de Nantes à la bibliothèque de Genève remonte au XIXème siècle. L’édit de Nantes faisait alors partie d’un ensemble de documents réunis sous le titre “Correspondance ecclésiastique”.  Néanmoins, les circonstances de l’entrée de la copie de l’édit de Nantes à la bibliothèque de Genève demeurent obscures, le supposé donateur n’étant malheureusement pas mentionné. On peut penser qu’il s’agit d’un pasteur, genevois ou étranger de passage dans la cité, ou appartenant à une famille genevoise patricienne qui entretenait des liens étroits avec la bibliothèque.

Nantes ~ Château des Ducs de Bretagne musée Trois mâtsNantes ~ Château des Ducs de Bretagne musée naviresNantes ~ Château des Ducs de Bretagne musée indiennesNantes ~ Château des Ducs de Bretagne musée tissus indiennes

 

Nantes ~ Château des Ducs de Bretagne musée affiches pub LUUn grand nombre de Suisses
se sont installés à Nantes au XVIIIème siècle, travaillant notamment dans les manufactures de coton que
l’on importait d’Amérique. Ils avaient investi dans les filatures qui imprimaient le coton, C’est pourquoi on peut admirer des “indiennes” suisses au musée d’Histoire de Nantes.

 

 

 

 

Le musée d’Histoire de Nantes

Inauguré en juin 2016, le musée s’est doté de nouvelles salles revenant sur l’histoire des deux Guerres mondiales à nos jours. Au sein des 32 salles du parcours, des thématiques ont été créées : Nantes et la Bretagne jusqu’au XVIIème siècle; Nantes, fille du fleuve et de l’océan; Le négoce et l’or noir au 18ème siècle – la traite négrière ; Nantes en Révolution; Le port colonial et industriel (1815-1914); Les guerres – 1914-1918 / 1939-1945; La métropole atlantique, d’aujourd’hui et demain… Plus de 1’100 objets, majoritairement issus des collectes réalisées auprès des Nantais, sont mis en scène, mais on peut également admirer des acquisitions menées par la ville de Nantes au bénéfice du musée depuis 10 ans.

A visiter : les intérieurs du château, le musée, les expositions temporaires
Accès libre à la cour, aux remparts, au jardin des Douves

www.chateaunantes.fr

 

La Tour LU, Lieu Unique de la vie culturelle nantaise

C’est en 1846 que Jean-Romain Lefèvre s’installe à Nantes pour y reprendre une pâtisserie où il vend ses propres productions et le fameux biscuit anglais Huntley & Palmers. Les pratiques du jeune pâtissier, âgé de 27 ans, venu de l’est de la France – Lorraine – sont différentes : il vend, dans la cour, les biscuits directement sortis du four. Les recettes bousculent les habitudes des Nantais habitués à consommer les biscuits anglais.
La fabrication de biscuits de luxe fait la renommée du jeune pâtissier, mais c’est surtout après son mariage avec Pauline-Isabelle Utile, dans la Meuse en 1850, que la pâtisserie « Lefèvre Utile » commence à être reconnue – d’où le nom de la marque LU. Le couple achète une boutique qu’ils nomment « Fabrique de biscuits de Reims et de bonbons secs ». La Maison LU construit son succès sur la qualité de ses produits, mais aussi sur la constance de sa production.

Nantes ~ Maison LU tour Nantes ~ la Tour LUNantes ~ la Tour LU Lieu Unique

La marque de biscuit LU est connue dans toute la France. Monument original de Nantes, la Tour LU faisait partie de la biscuiterie du même nom qui comportait alors deux belles tours de 38 mètres de haut. Ce, pour bien montrer la grandeur et la puissance de la marque… Ces tours rondes, de couleur bleue, rouge et or, étaient rehaussées d’un dôme percé de fenêtres de forme ovale surmontées d’aigles sculptés, symboles de prestige. Au-dessus du dôme, un ange tenant une trompette à la main est entouré de six des signes du zodiaque.

Nantes ~ Lieu Unique bar

Nantes ~ Lieu Unique l'horloge

Aujourd’hui, seule une des deux tours est restée : l’autre, gravement endommagée par la Seconde Guerre mondiale, fut détruite. Celle de gauche, moins abîmée, sera restaurée en 1997 par l’architecte Jean-Marie Lépinay à l’occasion de la Coupe du monde de football de 1998. Grâce aux archives des fabricants de biscuits, il a pu redonner au monument son originalité. La tour est surmontée au sommet par une lanterne identique à celle présentée par le pavillon LU à l’Exposition universelle de 1900 et coiffée d’une flèche de métal. Au sommet d’un escalier de 130 marches, la tour offre un point de vue imprenable sur Nantes. Aujourd’hui, la Tour LU est adossée au Lieu Unique, une salle de spectacle très dynamique. 

Nantes ~ La Tour LU depuis arrêt de tram

De LU au Lieu Unique !

A partir de 1989, des artistes s’approprient la friche et en font un lieu de création atypique. En 1994, le Centre de Recherche et de Développement Culturel (CRDC) propose d’accueillir des manifestions culturelles dans cet incroyable bâtiment désaffecté situé dans le quartier du Champ-de-Mars, sur les bords du canal Saint-Félix. La ville rachète l’annexe Ferdinand-Favre en 1995. La partie sud des bâtiments de la biscuiterie LU est alors rasée pour laisser la place à un ensemble immobilier. La partie nord restante, où ont lieu les activités culturelles, est déclarée site protégé. Depuis le 30 décembre 1999, on y trouve une scène nationale proposant des spectacles, concerts, événements, expositions, conférences, ainsi qu’un café-bar-club qui accueille, en fin de semaine, DJ sets et concerts, un restaurant, une librairie, une crèche et un hammam… Le CRDC devient le « Lieu Unique » en 2000.

 

Exposition LU, un siècle d’innovation (1846-1957) 

Affiche Exposition LU Nantes 2020-2021Tout le monde connaît le Petit-Beurre ou a déjà dévoré un Petit Écolier, biscuits phares de la marque LU. Pourquoi la marque LU existe-t-elle encore, quand ce n’est pas le cas de ses concurrents de l’époque, comme Pernot et Olibet ? En quoi LU se différenciait-elle des autres entreprises nantaises dans les années 1900-1950 ? Quelles étaient ses spécificités ?

Le musée d’Histoire de Nantes possède la plus grande collection d’objets LU en France, une collection remarquable de plus de 1 500 objets et de nombreux originaux sur l’histoire de l’entreprise Lefèvre- Utile (LU), constituée par les dons successifs de la famille elle-même. De nouveaux objets, acquis lors de la vente aux enchères d’une collection particulière en 2018 à Paris, seront exposés au château pour la première fois.

L’exposition LU, un siècle d’innovation (1846-1957) – à voir du 4 avril 2020 au 3 janvier 2021 au Musée d’Histoire, Château des Ducs de Bretagne – s’attachera à montrer combien la créativité et l’innovation ont caractérisé cette marque, de sa fondation en 1846 jusqu’en 1957, année de la création du fameux logo LU par le designer Raymond Loewy. Le dessin des biscuits, leur emballage et leur diffusion, sans omettre la publicité, qui a fait appel aux plus grands artistes de l’époque, dont Alfons Mucha et Firmin Bouisset : tous ces thèmes seront illustrés par des objets, des dessins et des peintures, pour la plupart inconnus du public.

 

Le Lieu Unique // Quai Ferdinand-Favre // 44000 Nantes
www.lelieuunique.com

www.levoyageanantes.fr

 

Nantes ~ Château des Ducs de Bretagne

(Reportage & photos sans mention : Françoyse Krier)

Voir aussi :

Nantes, ville au label 4 fleurs, capitale verte européenne 2013

 

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