Né en Suisse en 1967, Philippe Chappuis dit Zep s’inscrit aux Arts Déco de Genève d’où il sort diplômé. Il publie Victor dans la presse, avant d’être remarqué par Le Journal de Spirou. Après quelques albums, il crée Titeuf en 1992, sur un carnet de croquis, alors qu’il dessine des souvenirs d’enfance ! La première planche est publiée dans un fanzine et, à sa lecture, Jean-Claude Camano des Éditions Glénat lui propose de l’éditer. C’est le début de la grande aventure de Titeuf.
A la sortie de l’album Une Histoire d’hommes en 2013, le dessinateur se renouvelle radicalement, en adoptant un trait réaliste, ainsi qu’un découpage et des choix chromatiques en rupture assumée avec l’univers de Titeuf. Depuis, Zep poursuit en parallèle, l’exploration de ces deux voies graphiques et narratives.
Romain Brethes, l’interviewer, est professeur de classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Janson-de-Sailly (Paris) et journaliste au Point où il s’occupe plus particulièrement de la bande dessinée et du Prix Wolinski. Il collabore depuis plusieurs années avec le Festival d’Angoulême, pour lequel il a été le commissaire de plusieurs expositions.
C’est à l’occasion d’une exposition que l’idée du projet d’interview est née, présentée en trois partie : Naissance d’un dessinateur – Métamorphose d’un trait – Du monde et des corps.
Au fil des conversations avec Romain Brethes, Zep retrace son parcours d’auteur, son rapport au dessin et à la bande dessinée.
Un ouvrage superbe et très complet en librairie dès le 16 octobre 2024
Les discussions se sont déroulée sur plus de deux ans. Cet ouvrage riche en dessins jamais montrés jusqu’ici, invite à découvrir Zep et s’avère être une déclaration passionnelle à la bande dessinée et aux artistes qui ont inspiré un dessinateur aux multiples visages.
Depuis une dizaine d’années et en parallèle de Titeuf, Zep explore d’autres pans de son œuvre, choix et traitement de traits plus réalistes et matures : « Je crois que ma main avait besoin de vacances. La bande dessinée a qque chose de très répétitif. On doit dessiner certaines choses, des centaines, des milliers de fois. J’ai commencé à dessiner enfants, comme tous les dessinateurs, je suppose. Je dessinais mon Gaston, mon Lucky Luke. Ce qui m’intéressait c’était de dessiner à ma façon et de avoir la liberté de raconter des histoires. »
Chansons pour les pieds
En plus de son travail sur Titeuf, Zep remplit des carnet de croquis. Le dessin et la musique étant ses deux passions, il se met à faire un journal pour l’album de Jean-Jacques Goldman, avec une tonalité humoristique. « Mais ce n’est pas ce qu’ils voulaient. J’ai passé quelques jours à dessiner dans le studio, mais Jean-Jacques ne voulait pas apparaître sur les dessins. J’ai fini par sortir du studio pour dessiner ce que m’inspiraient ses chansons. » Cet album est sorti en 2001 en même temps que l’arrivée du dessin animé de Titeuf à la TV dont le succès écrasait tout.
Et l’Intelligence Artificielle ?
L’IA est encore accompagnée d’humains mais pour combien de temps ? « Nous les artistes pensions naïvement que nous étions protégés du risque d’être remplacés par des machines. Mais il y a déjà des éditeurs qui investissent dans des bandes dessinées créées par de l’intelligence artificielle.
Ce que je peux revendiquer encore, c’est le plaisir que j’ai à dessiner et ça, on ne peut me l’enlever. »
« Quand j’étais plus jeune, au moment ou je terminais un album, j’avais l’habitude de partir dans un monastère. Cela durait quelques jours, une semaine. »
« Les carnets des artistes de la Renaissance regorgent de croquis de bras, de mains… »
Zep : « Les histoires que je raconte sont peuplées de personnages qui m’accompagnent depuis longtemps. Cela renvoie à ma propre expérience de lecteur. Quand j’étais enfant, j’étais un pirate, un explorateur, une femme, une stroumpfette, un marsupilami… »
Zep – Dessiner le monde
Conversations avec Romain Brethes
Ed. Rue de Sèvres
Sortie : le 16 octobre 2024