saint Petersbourg forteresse Saint Pierre-et-PaulLa forteresse Saint Pierre-et-Paul fut érigée à Saint-Petersbourg sur l’île aux Lièvres, dès 1703. Cette place forte prend la forme d’un hexagone allongé et comporte des fortifications, un arsenal, aujourd’hui musée de l’Armée où sont exposés plusieurs chars et canons, l’hôtel de la monnaie, toujours en activité pour les pièces, les médailles et les insignes, et la cathédrale ou basilique. En Russie, il n’y a pas de différence entre une cathédrale et une basilique. A midi pile, chaque jour, un coup de canon est tiré depuis le toit du bastion tandis que le carillon flamand, fabriqué à Malines, en Belgique, et vieux de 500 ans, égrène les heures…

Dans une vaste cour, la cathédrale Saint Pierre-et-Paul, qui ne sert plus au culte, est devenue musée et nécropole de la famille Romanov. Elle est surmontée d’une flèche atteignant une hauteur de 123 mètres, surmontée d’un ange tenant une croix, ce qui fait de ce bâtiment le plus haut édifice de la ville, souhait du tsar. On raconte que Nicolas Ier promit d’exaucer les vœux de celui qui aurait le courage de grimper au sommet de la flèche de la cathédrale Pierre-et-Paul pour replacer l’aile de l’ange, arrachée par le vent. Une opération risquée, mais réussie par un certain Piotr Telouchkine qui demanda en récompense de pouvoir boire de la vodka gratuitement dans tous les débits de boisson du pays. Cela lui fut accordé et le tsar lui fit apposer le sceau impérial dans le cou de Piotr, ce qui obligea ce dernier à montrer d’un geste le sceau ainsi “gravé” pour commander à boire.

saint Petersbourg forteresse Saint Pierre-et-Paul la flèche saint Petersbourg forteresse Saint Pierre-et-Paul entre deux piliers saint Petersbourg cathédrale Saint Pierre-et-Paul vue de derrière

La décoration intérieure de la Collégiale est d’une richesse inouïe. Partout où l’oeil se pose, l’or ruisselle au milieu de tons pastels, vert, jaune et bleu azur. Plafond ouvragé d’où pendent d’énormes lustres de style chandelier, coupole peinte d’où jaillissent des rayons de lumière qui font scintiller les dorures, colonnes de marbre en haut desquelles on peut admirer des sculptures recouvertes de feuilles d’or, iconostase en bois de style baroque qui présente 43 icônes, baldaquin rouge et or réservé à l’empereur qui s’y plaçait pour prier, debout comme tous les fidèles.

saint Petersbourg cathédrale Saint Pierre-et-Paul intérieursaint Petersbourg cathédrale Saint Pierre-et-Paul dorures saint cathédrale cathédrale Saint Pierre-et-Paul place du tsar saint Petersbourg cathédrale Saint Pierre-et-Paul iconostaseTous les tombeaux sont en marbre blanc avec une croix orthodoxe sur le couvercle, flanqués de quatre aigles bicéphales impériaux aux angles du tombeau s’il s’agit d’un souverain. La tombe de Pierre le Grand surmontée de son buste est sculptée en marbre de Carrare, se trouve à droite de l’entrée sud, emplacement qu’il avait lui-même choisi. Il est entouré des membres de sa famille, dont Catherine II sur la tombe de laquelle est représenté l’aigle bicéphale, symbole de l’Empire depuis le XVIIIème siècle.

saint Petersbourg cathédrale Saint Pierre-et-Paul Tombeau Pierre le Grand saint Petersbourg cathédrale Saint Pierre-et-Paul Tombeau Alexandre II saint Petersbourg cathédrale Saint Pierre-et-Paul porteTrès impressionnant, le monument funéraire d’Alexandre II, lourd de cinq tonnes, en jaspe vert… A ses côtés, celui de Maria Alexandrovna, son épouse, est en rhodonite rose.

En raison de la construction de la cathédrale sur des terres marécageuses, il n’y a pas de crypte. Des travaux sont en cours pour accueillir les tombes des grands ducs et des grandes duchesses, travaux compliqué par le sol marécageux.

Le dernier empereur de Russie
Nicolas II a dû abdiquer en mars 1917. Lui et sa famille furent exilés en Sibérie avec leurs serviteurs et le médecin qui soignait leur fils hémophile. Ils ont tous été fusillés en 1918 à Ekaterinbourg puis jetés dans des fosses communes. Lors des fouilles archéologiques effectuées dans les années 1990, leurs ossements ont été retrouvés. Les résultats des analyses d’ADN ont confirmé à 99,9 % qu’il s’agissait bien de ceux des membres de la famille royale.

saint Petersbourg cathédrale Saint Pierre-et-Paul sépulture des RomanovEn janvier 1998, la Commission d’État chargée de l’identification des restes des Romanov considérait que ces restes retrouvés en 1991 étaient bien ceux de Nicolas II, de l’impératrice Alexandra, de trois de leurs filles (Olga, Tatiana et Anastasia), ainsi que ceux de leurs quatre derniers servants. L’enterrement pouvait donc avoir lieu. Le Gouvernement russe fixa les obsèques au 17 juillet 1998, 80 ans jour pour jour après le massacre d’Ekaterinbourg. Le président Boris Eltsine y assistait ainsi que la plupart des représentants de la famille Romanov.

Une chapelle a été ajoutée à la Collégiale de Saint-Petersbourg afin d’abriter les restes du tsar Nicolas II, de son épouse, l’impératrice Alexandra Feodorovna et de leurs enfants. Ils sont inhumés sous la sobre petite chapelle. Le tombeau symbolique en marbre blanc en recouvre l’accès. Leurs noms figurent sur des plaques de marbre fixées aux murs. Ceux qui ont choisi d’accompagner en exil la famille de Nicolas II ont également été inhumés dans la nécropole impériale : leur médecin, un valet et une femme de chambre ainsi que le cuisinier de la cour.

Pierre le grand : pose hiératique et statue en mouvement

saint Petersbourg statue de Pierre le grand

En 1992, une statue de Pierre le Grand, œuvre du sculpteur Mikhaïl Chemiakine, grand sculpteur russe, a été installée devant l’édifice de la garde. Le monument, plutôt controversé, représente non pas l’empereur ni le chef de guerre mais un homme simplement assis dans un fauteuil. Plutôt curieux l’effet d’amincissement de la silhouette au fur et à mesure que l’on monte jusqu’à sa tête, nettement plus petite que le reste du corps… Tête réalisée d’après un authentique masque effectué sur le tsar (aujourd’hui à l’Ermitage), lequel malgré sa claustrophobie a accepté de rester des heures sous des couches de plâtre…

 

 

saint Petersbourg statue équestre de Pierre le grand

Sur le quai de Neva, place des Décembristes (anciennement Place du Sénat), le Cavalier de bronze ou Le Cavalier d’airain est une statue équestre monumentale de Pierre le Grand, commande de Catherine II de Russie en hommage à son illustre prédécesseur. Elle a été exécutée par le sculpteur français Étienne Maurice Falconet (1716-1791), un ami de Diderot, qui y travailla pendant douze années. Le visage de Pierre le Grand est l’œuvre de l’artiste Marie-Anne Collot, alors âgée de 18 ans, qui accompagnait Falconet, son maître, dans son voyage, en 1766. Il a été modelé d’après son masque mortuaire et divers portraits qu’elle trouva à Saint-Pétersbourg. La statue fut fondue en 1775, en deux fois en raison d’un accident de coulée, et fut inaugurée en 1782 par l’impératrice Catherine II, sous les acclamations du peuple.

Pierre Ier, est représenté le doigt dressé vers la Neva, regardant vers l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg et la forteresse Pierre-et-Paul, son cheval terrassant le serpent de la trahison. Le sculpteur a saisi l’instant où le cheval se cabre en haut du rocher escarpé. Le vêtement est ample et la pierre a la forme d’une vague, explique la guide qui ajoute que durant le siège de Léningrad, la statue a été protégée des bombardements par des sacs de sable accumulés les uns sur les autres, tout autour, et de ce fait, souffrit peu des incessants pilonnages d’artillerie.

Le Chevalier en Cuivre, comme il est appelé par les Russes, est connu en tant que gardien de la ville. On raconte que si l’on approche le Chevalier en Cuivre pendant une nuit blanche, on peut le voir bouger. Et celui à qui cela arrive peut demander au Chevalier de réaliser un souhait.

C’est sur la place des Décembristes que furent massacrés, en décembre 1825, certains membres de la noblesse et de armée dont le but était l’abolition du servage et l’acceptation de la constitution. La mort d’Alexandre Ier en novembre 1825 a poussé les conspirateurs vers les actions actives. Les décembristes ont décidé de révendiquer leur programme à jour de la prestation de serment à Nicolas Ier. Le 14 décembre 1825 trois mille insurgeants se sont réunis sur la Place de Sénat. Cependant l’insurrection a été étouffée et les participants de l’insurrection expédiés au bagne. Les femmes et les soeurs ont partagé le sort de leurs hommes et sont parties avec les condamnées pour la Sibérie.

Pouchkine Oui je t’aime, cité, création de Pierre

Oui je t’aime, cité, création de Pierre ; / J’aime le morne aspect de ta large rivière, / J’aime tes dômes d’or où l’oiseau fait son nid,
Et tes grilles d’airain et tes quais de granit. / Mais ce qu’avant tout j’aime, ô cité d’espérance, / C’est de tes blanches nuits la molle transparence,
Qui permet, quand revient le mois heureux des fleurs, / Que l’amant puisse lire à tes douces pâleurs / Le billet attardé, que, d’une main furtive,
Traça loin de sa mère une amante craintive. / Alors, sans qu’une lampe aux mouvantes clartés, / Dispute à mon esprit ses rêves enchantés,
Par toi seule guidé, poète au cœur de flamme, / Sur le papier brûlant je verse à flots mon âme. / Et toi, pendant ce temps, crépuscule argenté,
Tu parcours sur ton char la muette cité, / Versant aux malheureux, dans ta course nocturne, / Le sommeil, doux breuvage échappé de ton urne,
Et regardant au loin, comme un rigide éclair, / L’Amirauté dressant son aiguille dans l’air. / Alors, de notre ciel par ton souffle effacée,
Vers le noir occident l’ombre semble chassée, / Et l’on voit succéder, de la main se touchant, / La pourpre de l’aurore à celle du couchant.
Alexandre Pouchkine, extrait du “Cavalier de bronze”, 1833.
Le grand poète russe est mort à l’âge de 37 ans, après un duel. Le Musée-appartement de Pouchkine à Saint-Petersbourg est la dernière demeure d’Alexandre Pouchkine. Fidèlement reconstitué, dans un bel hôtel particulier, il rend un hommage élogieux au poète, romancier du XIXème siècle, considéré par le peuple russe comme le plus grand écrivain national avant Tolstoï et Gogol. Chaque année, le 10 février, est célébrée la Journée de mémoire de Pouchkine.

Texte et photos : Françoyse Krier 

 

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