Saint-Imier, petite ville de 4’800 habitants, est située dans un vallon entre le Mont Soleil au nord, et le Chasseral au sud. En ce début décembre, le décor est enchanteur : la neige recouvre d’un blanc manteau les branches des sapins et des feuillus, mais la route est bien dégagée.
Arrivée à Saint-Imier, avec une première vue sur les entreprises et ateliers Longines – petit atelier familial devenu marque globale – et Balmain, grands noms de l’horlogerie du Vallon de Saint-Imier. Un parcours permet aux visiteurs de suivre les traces des petites mains anonymes, des milliers d’ouvriers qui ont œuvré dans cette région depuis l’essor de l’horlogerie.
La structure urbanistique de Saint-Imier montre toutes les caractéristiques du plan d’alignement que Charles-Henri Junod avait établi en 1834–1841 pour La Chaux-de-Fonds : parallélisme rigoureux, orthogonalité, linéarité, répétition, rangées d’immeubles de trois à cinq étages sous des toits raides continus se terminant en croupe aux extrémités, façades nues sans éléments décoratifs, ruelles transversales courtes et raides.
Visuels ci-dessus : rangées de maisons ouvrières, bâties pour la plupart autour des années 1860 à 1880. En-dessous de la ligne du chemin de fer, on peut voir l’ancienne fabrique Moeri, imposant édifice érigé à l’aube du 20ème siècle, servant aujourd’hui de l’école professionnelle ceff – Centre professionnel Berne francophone. Ce bâtiment possède les caractéristiques des bâtiments horlogers de cette époque, relativement vastes afin de garantir une lumière naturelle importante dans les ateliers.
un musée scolaire, installé dans des salles
de l’école primaire de 1886 à 1957
La Tour Saint-Martin, dite de la Reine Berthe, témoin des premiers établissements religieux de la région, est le vestige d’une église paroissiale qui remonte au Moyen Âge, est le plus ancien édifice de Saint-Imier. Sa partie supérieure comprend une horloge à laquelle il est fait allusion pour la première fois au XVIIème siècle.
Une rue de Saint-Imier porte le nom d’une grande dame de la scène francophone : Isabelle von Allmen de son vrai nom, l’actrice-auteure-compositrice-interprète et humoriste suisse Zouc a marqué la scène francophone dans les années 70 et 80. Née le 29 avril 1950 à Saint-Imier, Zouc s’est taillé une renommée grâce à son talent d’imitatrice et de mime présentant des personnages hauts en couleur qu’elle a observés : enfants, malades et soignants, ménagères… En janvier 1988, elle est invitée par Henry Chapier à se confier sur son célèbre Divan. La Rue d’la Zouc a été inaugurée dans sa ville natale, le jour de ses 72 ans. Sa carrière s’est toutefois arrêtée brutalement à la fin des années 80 en raison de problèmes de santé.
Prélude, Atelier-boutique Art & Artisanat de Saint-Imier
Si la société Prélude SA est basée à Malleray, le secteur de St-Imier est essentiellement voué à l’art et à l’artisanat. Cet atelier protégé fonctionne comme un atelier-boutique où œuvrent des personnes en situation de handicap, à l’AI ou bénéficiant de l’aide sociale, et où tout visiteur est chaleureusement accueilli avec café, thé ou boisson. L’encadrement s’articule autour de valeurs qui constituent la base de la philosophie d’accueil de Prélude SA : égalité, tolérance, respect et écoute.
à l’Association internationale
des travailleurs de Marx
et valorisant leur savoir-faire
et valorisant leur savoir-faire
« Cela fait 4 ans que nous avons ouvert cet endroit. Notre objectif premier et d’offrir des places de travail à des personnes à l’aise avec l’artisanat ou qui, habitant sur place, ne vont pas jusqu’à Malleray. 15 personnes travaillent chez nous à St-Imier, avec une présence d’au maximum 8 à la fois. Cela représente 7 postes de travail, avec 2 responsables pour accompagner les artiste-artisans dans leur créations », mentionne avec enthousiasme Natacha Studer, responsable du secteur Art et Artisanat. « On presse sur le bouton “start”. Mon collègue David et moi insufflons les idées. En cours de route, on adapte, on change, on propose, on regarde si on peut les réaliser. On mise sur le parfaitement fini. S’ensuit la partie subjective, donc prévoir si les réalisations vont plaire aux clients, etc. Ça matche bien ! On fixe les prix et on met en vente dans la boutique… »
La participation active à la tenue de la boutique, l’accueil de la clientèle, la vente, la gestion des stocks, la mise en place des produis et l’entretien des locaux comptent parmi les nombreuses activités offrant aux collaborateurs concernés une place active au cœur de la vie sociale de Saint-Imier.
Interface de qualité, Prélude SA a su tisser un lien de confiance entre les entreprises ou administrations régionales qui lui confient des mandats. Ses collaboratrices et collaborateurs disposent d’outils de production modernes afin de garantir un service et une qualité de travail irréprochables.
Des étoiles de toutes tailles.
Un formidable choix de produits artisanaux issus de la récupération : décoration de Noël et cadeaux…
Ce mercredi soir, l’atelier-boutique Prélude est responsable de la fenêtre de l’Avent. Natacha, David et toute l’équipe mettent tout en œuvre pour réaliser une décoration au top et des lumières “qui font tellement de bien en hiver”. L’atelier-boutique est ouvert du lundi au vendredi aux horaires habituels de travail.
Prélude
Rue Charles-Schäublin 11 ~ 2735 Malleray
Rue Francillon 2 ~ 2610 Saint-Imier (boutique)
Un peu d’histoire : l’ancien Hôtel-de-Ville et la création de l’internationale anarchiste
Si la région est le berceau de grands noms de l’horlogerie (et de fromageries réputées), le parcours Énergies horlogères emmène les visiteurs à la découverte d’un passé passionnant, historiquement marqué également par le mouvement anarchiste.
De l’Association internationale des travailleurs à l’Internationale antiautoritaire : dans les années 1870, la fabrication plus ou moins artisanale et décentralisée cède progressivement le pas aux machines-outils et aux usines. En 1866, Ernest Francillon construit la manufacture des Longines, première fabrique mécanisée de la région. Bientôt, les ouvriers s’organisent.
Au sein de la Première Internationale, les horlogers de la Fédération jurassienne s’opposent aux visées autoritaires et centralisatrices de Marx. Acquis à la ligne libertaire incarnée par le révolutionnaire russe Mikhaïl Bakounine, des délégués du Jura, de France, d’Italie et des Etats-Unis convoquent un congrès historique les 15 et 16 septembre 1872 et se retrouvent à Saint-Imier, dans les salons de l’hôtel appelé alors «de la Maison de ville» – où se trouve actuellement la boutique-atelier Prélude : c’est l’acte de naissance de la première Internationale dite anarchiste qui s’oppose à l’Association internationale des travailleurs de Marx. Les participants adoptent une résolution qui deviendra l’étendard de la pensée anarchiste : «La destruction de tout pouvoir politique est le premier devoir du prolétariat.»
