D’abord village sans importance jusqu’à ce qu’il devienne la résidence des rois de Prusse, Potsdam est une ville attachante marquée par le style baroque. Son riche passé l’a dotée de nombreux châteaux, palais et jardins classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. 

Potsdam château de Sans-Souci façade

Sans-Souci, retraite intimiste dédiée aux Arts
Passage devant le Moulin à vent hollandais construit en 1787. Incendié en 1945, le Vieux moulin fut reconstruit en plusieurs étapes. Un différend aurait opposé Frédéric Le Grand et son meunier à qui il ordonna de quitter les lieux et intenta un procès qu’il perdit. Constat conforme à l’Esprit des Lumières : dans les tribunaux, les lois doivent parler et le roi doit se taire.

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Sans-Souci, retraite intimiste dédiée aux Arts
Passage devant le Moulin à vent hollandais construit en 1787. Incendié en 1945, le Vieux moulin fut reconstruit en plusieurs étapes. Un différend aurait opposé Frédéric Le Grand et son meunier à qui il ordonna de quitter les lieux et intenta un procès qu’il perdit. Constat conforme à l’Esprit des Lumières : dans les tribunaux, les lois doivent parler et le roi doit se taire.

Dominant les jardins en terrasses plantées de vigne, le palais d’été de Sans-Souci fut construit entre 1745 et 1747, selon les plans de Frédéric II. Réservé au roi et à ses proches qui y séjournaient de fin avril à début octobre, il n’y n’entrait jamais ni femmes ni prêtres.

La façade du « Versailles prussien » est ornée de cariatides et surmontée d’une coupole. Les salles foisonnent de motifs végétaux et animaliers. Au mur, des peintures collectionnées par le monarque, dont des œuvres de Watteau, Canaletto, Guardi…

Postdam Sans souci salle de musique de Frédéric IIPostdam Sans Souci chambre de Voltaire vases blancs

La bibliothèque, où peu de personnes étaient autorisées à entrer, recèle plus de 2’000 ouvrages d’auteurs français, reliés en maroquin rouge ou brun. Dans le salon de musique au décor blanc et or, avaient lieu les concerts où le roi musicien participait en jouant de la flûte. Dans la salle de marbre, sous la coupole, se tenaient les fameux soupers philosophiques, conversations qui roulaient sur les sujets les plus variés, libres de ton.

La chambre destinée à Voltaire présente un décor rococo surprenant : putti, cygnes, singes, perroquets, fleurs et fruits en bois peint. Le philosophe n’y aurait jamais dormi.

Dans la chambre à coucher du roi, on peut voir le portrait du monarque à l’âge de 50 ans, par Anton Graff, sa table de travail et le fauteuil dans lequel il mourut le 17 août 1786.

Potsdam fauteuil où est mort Frederic IIPotsdam Sans souci tombe de Frederic IISelon son souhait, et après bien des vissicitudes et transferts dus aux périodes de guerre, Frédéric le Grand repose sous une simple dalle de la terrasse, entouré de ses chiens favoris. Selon la tradition, des pommes de terre – introduites en Prusse par le roi – y sont toujours déposées.

Potsdam sans-souci palais et jardin

Classé au patrimoine mondial
Le parc couvre près de 300 hectares et compte plusieurs centaines d’espèces d’arbres. Jardin à la française aux formes géométriques, grande fontaine bordée de statues de marbre, charmilles, arboretum, gloriettes en treillis richement décorées, l’Orangerie, le Jardin sicilien, un harmonieux Pavillon chinois, céladon et or, inspiré d’un pavillon du parc du château de Lunéville, aux corniches et statues dorées à la feuillle. La Maison du Dragon construite entre 1770 et 1772, a été aménagée en restaurant.

La Friedenskirche, l’Eglise de la Paix, est entourée d’un plan d’eau bordé de platanes provenant d’un terrain ayant appartenu à Voltaire et replantés en ce lieu paisible.

Potsdam Sans souci - pavillon doré

Potsdam parc Orangerie

Frédéric II, monarque éclairé
Rusé stratège de l’unité allemande, attaché à constituer la puissance de la Prusse, Frédéric II, né au château royal de Berlin le 24 janvier 1712, fut le plus illustre souverain de la dynastie des Hohenzollern. Eduqué dans l’amour de la culture française par sa gouvernante et son précepteur, il connaît une enfance éprouvante, sous la férule de son père Frédéric-Guillaume 1er, dit le « Roi-Sergent » dont la seule passion est la chose militaire.

En mai 1740, Frédéric devenu roi de Prusse hérite d’un royaume bien administré et d’une armée disciplinée de 80’000 hommes, grands gaillards recrutés à travers l’Europe par le Roi-Sergent. Il se lancera dans la guerre que son père n’osa pas faire. Son règne durera 46 ans. Le jeune homme de 1 m 93 épousera la princesse Élisabeth Christine de Brunswick-Bevern, qu’il éloignera dès son couronnement. Il ne la verra plus que deux fois par an, à Berlin, pour les cérémonies officielles.

Grand amoureux de la France, de sa langue, de sa littérature et de sa peinture, le jeune prince publie « L’anti-Machiavel », livre dans lequel il développe sa vision d’une monarchie constitutionnelle soucieuse du bien de ses citoyens. Fin 1739, il soumet son ouvrage à l’approbation de son ami Voltaire qui corrige et préface ce qu’il appelle le « catéchisme des rois et de leurs ministres ».

Depuis longtemps, le prince entretient une correspondance soutenue avec Voltaire. Il écrit des pièces et des poèmes, toujours en français. « Je n’ai encore jamais lu de ma vie un livre en allemand, et je parle allemand comme un charretier ; mais je suis un vieil homme de quarante-six ans, et je n’ai plus le temps », écrira-t-il à Louise Gottsched, écrivain, poète et traductrice.

Potsdam Sans Souci Portrait Frederic II par Anton Graf

Potsdam Sans Souci Portrait Frederic II par Andy WarholFrédéric Il fera entrer la Prusse dans le Siècle des Lumières.

 

Le roi des philosophes et le roi philosophe
A l’arrivée de Voltaire en Prusse, en août 1750, les gazettes allemandes annoncèrent la nomination du nouveau chambellan royal. La véritable fonction du philosophe fut de réviser et de corriger les écrits littéraires en français de Sa Majesté prussienne, odes et discours, épîtres et mémoires, et le grand poème de L’Art de la guerre.

Frédéric II et Voltaire forment dans la mémoire un couple emblématique, éprouvant une véritable fascination mutuelle. Leurs relations furent d’abord épistolaires, avant d’être l’objet d’affrontements passionnés. Malgré leurs différends, ils s’écriront jusqu’à la mort de Voltaire en 1778 (plus de sept cents lettres).

Frédéric II fut véritablement ce « roi-philosophe » qu’admirait tant Voltaire. Il a développé l’agriculture, introduit l’industrie, amélioré les conditions de travail, aboli la censure de la presse et la torture des tribunaux. (Portraits du roi par Anton Graf et par Andy Warhol)

Potsdam neues palais Handrick, Roland

Neues Palais, 220 m de façades

L’allée dessinée par Frédéric II s’étend sur 2,5 km, délimitée à l’est par un obélisque et à l’ouest par le Nouveau Palais, qu’il appelait une Fanfaronnade, dont la construction est entreprise en 1763. Il fit venir de toute l’Europe les matériaux les plus nobles : or, marbre, bois précieux, cristaux, plantes rares… Le roi fait également édifier plusieurs « folies », temples, ruines artistiquement arrangées, statues, bassins et fontaines. Au printemps, se mêlent délicatement les odeurs de lilas, de muguet…

Potsdam neuve palais salle des grottes Murza, Gerhard

Potsdam neues palais Bach Hans

En plus des splendides appartements royaux, les salles les plus insolites sont le salon de la Grotte, aux murs incrustés de coquillages, de marbre, de quartz, de pierres semi-précieuses, et aux lustres en cristal taillé; la salle de Marbre, utilisée pour les bals ou les banquets, au plafond richement doré; le théâtre, rouge-blanc-or, encore utilisé aujourd’hui, où Frédéric II avait coutume de s’installer parmi ses invités…

La reine Elisabeth Christine n’aura jamais séjourné au Neues Palais, ni à Sans-Souci, son auguste époux n’ayant pas prévu d’appartement pour elle.
(Photo Neues Palais : Foto-Inventarnr: F0018620; Fotograf: Murza, Gerhard; Standort: Grottensaal; Aufnahmedatum: 1992)

 

2012, année anniversaire 

En 2012, l’Allemagne a fêté les 300 ans de la naissance de Frédéric II. Le Neues Palais avait alors demandé à l’artiste belge Isabelle de Borchgrave d’illustrer en papier “Le Singe de la Mode”, une pièce en un acte écrite en français par Frédéric II.

SInge de la mode isabelle Borchgrave

Une trentaine de costumes en papier ont investi les salles du musée spécialement restaurées pour l’occasion. Des habits d’une richesse incomparable, des accessoires plus divers les uns que les autres, personnages aux expressions et attitudes très personnalisées.
Six mois de travail dans l’atelier, des techniques innovantes du papier
ont été nécessaires à l’artiste qui a son atelier à Bruxelles.

Texte et photos : Françoyse Krier

http://blog.voltaire-a-ferney.org/?page_id=2141

 

 

 

 

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