Des cheveux et des poils Fernand Forgues, capitaine de l'Aviron Bayonnais – Eugène Pascau,
Des cheveux et des poils Marisol Suarez - Perruque tressée
Fernand Forgues, capitaine de l’Aviron Bayonnais – Eugène Pascau, 1912. Huile sur toile
© A. Arnold / Musée Casque et de l’Histoire de Bayonne // Ci-dessus : Marisol Suarez – Perruque tressée © Katrin Backes

Le Musée des Arts décoratifs 
de Paris présente une exposition consacrée aux cheveux et aux poils dans le monde occidental. « Des cheveux et des poils » montre comment la coiffure et l’agencement des poils humains participent depuis des siècles à la construction des apparences. A admirer jusqu’au 17 septembre 2023

Élément essentiel de la mise en scène de soi, l’arrangement des cheveux et des poils véhicule un message et peut être porteur d’une multitude de significations, comme la féminité, la virilité ou la négligence. L’exposition explore à travers plus de 600 œuvres, du XVème siècle à nos jours, les thèmes inhérents à l’histoire de la coiffure, les questions liées à la pilosité faciale et corporelle. Les métiers et les savoir-faire d’hier et d’aujourd’hui sont mis en avant avec leurs figures emblématiques : Léonard Autier (coiffeur favori de Marie-Antoinette), Moonsieur Antoine, les sœurs Carita, Alexandre de Paris et plus récemment les coiffeurs studio. 

as

Evolution de la coiffure féminine et couleurs naturelles

Dans une atmosphère où les nuances de blond, de brun et de roux évoquent les principales couleurs de la chevelure, le parcours, divisé en cinq thématiques interroge ce qui fait du poil, dans les cultures gréco-romaine et judéo-chrétienne, un
attribut de l’animal et de la sauvagerie et explique pourquoi le poil a dû être constamment dompté pour éloigner la femme ou l’homme de la bête. La première partie de l’exposition s’ouvre sur l’étude de l’évolution de la coiffure féminine, véritable indicateur social et marqueur d’identité. Au Moyen Âge, le port du voile s’impose aux femmes jusqu’au XVème siècle. Peu à peu, elles l’abandonnent au profit de coiffures extravagantes sans cesse renouvelées. 

Des cheveux et des poils Lodewijk van der Helst – 
Portrait d'Adriana Hinlopen
Lodewijk van der Helst –
Portrait d’Adriana Hinlopen, 1667, Amsterdam
, Rijkmuseum.
© Rijkmuseum, Amsterdam
Des cheveux et des poils Michiel Jansz Van Mierevelt  Elisabeth Stuart, Reine de Bohème
Michiel Jansz Van Mierevelt (Delft, 1566 – Delft, 1641) – Elisabeth Stuart, Reine de Bohème, copie ancienne
XVIIème siècle. Musée
© Musée Denon / Philip Bernard


Au XVIIème siècle, la coiffure à « l’urluberlu » (chère à Madame de Sévigné) et « à la Fontange » (d’après le nom de la maîtresse de Louis XIV) sont emblématiques de véritables phénomènes de mode. Vers 1770, les hautes coiffures dites poufs sont sans doute les plus extraordinaires des modes capillaires occidentales. Enfin, au XIXème siècle, les coiffures féminines – qu’elles soient inspirées de la Grèce antique, ou dite « à la girafe », en tortillon ou « à la Pompadour » – sont tout autant alambiquées.
Etudiées aussi les couleurs naturelles des cheveux et leurs symboliques : le blond, couleur des femmes et de l’enfance; le roux, attribué aux femmes sulfureuses, aux sorcières et à quelques célèbres femmes de scène. Quant aux cheveux noirs, ils trahiraient le tempérament bien trempé des brunes. Les couleurs artificielles ne sont pas oubliées : des colorations expérimentales du XIXème siècle aux teintures plus certaines dès les années 1920. 

Visages glabres, barbus, moustachus…

Des cheveux et des poils Calendrier Les Dieux du stade"
Pilosité maitrisée pour les sportifs se faisant photographier nus pour les calendriers. Ici, “Les Dieux du stade” 

Après les visages glabres du Moyen Âge, un tournant s’opère vers 1520 avec l’apparition de la barbe, symbole de courage et de force. Les trois grands monarques d’Occident – François Ier, Henry VII, Charles Quint – portent la barbe associée alors à l’esprit viril et guerrier. Dès les années 1630 jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, le visage imberbe et la perruque font l’homme de cour. Les poils faciaux réapparaissent au début du XIXe siècle avec la moustache, les favoris et la barbe, faisant de ce siècle le plus poilu de l’histoire des modes masculines !
De nombreux petits objets utilisés (fixe-moustaches, brosses, fer à friser, cire…) témoignent de cet engouement pour les moustaches et les barbes. Au cours du XXème siècle, le rythme des visages barbus, moustachus et lisses se poursuit. L’entretien de la pilosité chez ces jeunes urbains a fait renaitre le métier de barbier.
Conserver, éliminer, dissimuler ou exhiber les poils des autres parties du corps est aussi un sujet d’histoire que l’exposition traite par le biais de la représentation des corps nus dans les arts visuels et les témoignages écrits. La pilosité est rare, voire absente de la peinture ancienne. Le corps glabre est synonyme de corps antique et idéalisé, alors que le corps velu est associé à la virilité, voire la trivialité. Seuls les adeptes de sports virils telle la boxe et le rugby ou les gravures médicales montrent des individus couverts de poils. Les sportifs se faisant photographier nus pour les calendriers tel Les Dieux du stade ont une pilosité maitrisée.

Postiches, métiers et savoir-faire 

Se coiffer est un acte intime, une dame bien née ne pouvait se montrer en public les cheveux défaits. Un tableau de Franz-Xaver Winterhalter, daté de 1864, représentant l’impératrice Sissi en robe de chambre et les cheveux dénoués, était strictement réservé au cabinet privé de François-Joseph.
Louis XIV devenu chauve très jeune adopte la perruque qu’il impose à la cour. Au XXème siècle, Andy Warhol connait la même mésaventure : la perruque qu’il porte pour cacher sa calvitie sera érigée en icône de l’artiste. De nos jours, postiches et perruques sont utilisées dans la haute couture, lors des défilés de mode ou, bien entendu, pour pallier une perte de cheveux.

Des cheveux et des poils Charlie Le Mindu - Coiffure Blonde lips
Charlie Le Mindu – Coiffure Blonde lips Collection Printemps- Été 2010 dite Girls of paradise Fashion Week au Royal Festival Hall, 19 septembre 2009, Londres
© Samir Hussein / Getty Images
Wella Tempera perming 
device marketing materials
Wella Tempera perming
device marketing materials 
 Brochure Wella Tempera 1952
Alexis Ferrer - Wella Professionals Global Creative Artist. Postiche imprimé 2021
Alexis Ferrer – Wella Professionals Global Creative Artist. Postiche imprimé 2021 (collection La Favorite)
© Rafa Andreu. Mannequin Emma Furhmann Agence Blow models

L’exposition dévoile les différents métiers du poil : barbiers, barbiers-chirurgiens, étuvistes, perruquiers, coiffeurs de dames, etc., à travers des documents d’archives et une foule de petits objets : enseignes, outils, produits divers et les étonnantes machines à permanentes des années 1920.
En 1945, la création de la haute coiffure élève le métier au rang de discipline artistique et d’un savoir-faire français. La coiffure du XXème siècle est marquée par Guillaume, Antoine, Rosy et Maria Carita, Alexandre de Paris coiffant princesses et célébrités. De nos jours, la grande coiffure s’exprime principalement lors des défilés des prestigieuses maisons de mode. 

Affiche de l’exposition « Des cheveux et des poils » librement inspirée du travail de Naro Pinosa.

Le chignon 1900, la coupe à la garçonne des années 1920, les cheveux permanentés et crantés des années 1930, la choucroute des années 1960, les cheveux longs des années 1970, les coiffures volumineuses des années 1980, les dégradés et les mèches blondes des années 1990, la crête iroquoise des punks, les cheveux négligés des grunges ou les crânes rasés des skinheads… sont des moments forts de créativité capillaire.

Musée des Arts décoratifs
107 rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. : +33 (0) 1 44 55 57 50

madparis.fr

Jusqu’au 17 septembre 2023
Horaires → du mardi au dimanche de 11h à 18h
→ nocturne le jeudi jusqu’à 21h 

asAffiche de l’exposition « Des cheveux et des poils » librement inspirée du travail de Naro Pinosa. 
Graphisme : © Aurélien Farina. Photo modèle : 
© Virgile Biechy. JacobFerdinand Voet, Portrait d’un homme, avant 1689, France. Collection Jean-Louis Remilleux. Photo © Sotheby’s / Art Digital Studio

Vous avez aimé cet article?