chateau de gruyeres @Y-eigenmannSouvenons-nous encore des origines du sapin de Noël ? L’exposition Mon Beau Sapin, présentée cet hiver au Château de Gruyères, dévoile l’histoire du décor de sapin. Il y est mis en lumière les origines de l’introduction de ce beau conifère dans nos chaumières à l’évolution de ses parures, de 1850 à 1950, à travers à l’impressionnante collection d’ornements du collectionneur zougois Alfred Dünnenberger. (Photo Y.Eigenmann)

Depuis plus de 30 ans, ce collectionneur passionné rassemble les précieux témoignages d’une tradition séculaire. Réunie par ses soins, cette impressionnante collection de décors de Noël, de calendriers de l’Avent et de crèches en papier est présentée cet hiver au Château de Gruyères : boules de verre soufflé, guirlandes, crèches, calendriers de l’Avent… Au travers d’une remarquable collection patiemment rassemblée durant trois décennies, l’exposition revisite la tradition séculaire du sapin de Noël.

chateau de gruyeres_Exposition mon beau sapin Boule @a-duennenberger chateau de gruyeres_Exposition mon beau sapin Boule multicolore @a-duennenberger

chateau de gruyeres_Exposition mon beau sapin Boule Charlie Chaplin @a-duennenberger

Mystères et boules de Noël…
Majestueux, le grand sapin trône dans la salle voûtée, orné de plus de 1’500 décorations : guirlande de perles, oiseaux et angelots, boules de toutes formes et couleurs… Au pied de cet arbre de rêve, un des premiers arbres artificiels, fait de plumes d’abord teintes et coupées le long du tuyau, puis enroulées autour des fils qui forment les branches et fixées au moyen d’une colle. Ses décorations ont été créées avant 1900. Beaucoup d’entre elles sont étamées par l’intérieur au plomb ou au mercure,  processus de fabrication interdit en Allemagne en 1886 en raison de sa nocivité pour les ouvriers. Ce sapin tourne sur lui-même, car il prend appui sur la boîte à musique « Gloriosa », brevetée en 1879. Ce luxueux objet, qui coûte l’équivalent du salaire mensuel d’un ouvrier, joue des mélodies de Noël. et soutient le sapin en le faisant tourner sur lui-même. (Photos @A.Duennenberger)

chateau de gruyeres_Exposition mon beau sapin maison de poupées @Françoyse Krier chateau de gruyeres_Exposition mon beau sapin crèches en papiers @Françoyse Krier

Les maisons de poupées nous entrainent dans un monde imaginaire
La chambre de poupée-boîte à musique du début du XXème siècle, intrigue les petite filles mais aussi leurs parents : réalisée par l’entreprise Gottlieb Zinner & Fils (Thuringe), maison fondée en 1845 qui produisait des jouets, des poupées et un grand nombre d’automates à manivelle.

Six poupées de porcelaine en habits de fête sont disposées tout autour d’un petit arbre de Noël confectionné avec des plumes d’oie teintées, orné de bougies, d’objets en verre et soie avec leurs cadeaux. En tournant la manivelle, le fameux chant Voici Noël résonne, l’arbre tourne sur la table et les enfants bougent et jouent, chacun à son propre rythme. (Photos @ Françoyse Krier)

Chateau De Gruyeres_Mon Beau Sapin boite à hélices @A.Duennenberger

Chateau De Gruyeres Mon Beau Sapin boules -sapin-bougies@A.Duennenberger

Chateau De Gruyeres Mon Beau Sapin sapin artificiel sur boite à musique @A.Duennenberger

La coutume d’illuminer les arbres avec des bougies
Elle se développe chez les riches familles. Pour les fixer, une aiguille est d’abord enfoncée au bout de la bougie puis est piquée directement dans la branche d’arbre. Ce n’est qu’en fin du XIXème siècle que les premiers systèmes de fixations sûrs apparaissent : bougeoirs munis d’une pince et d’un ressort, contrepoids pendant sous la branche ou lampes à l’huile. Le premier arbre de Noël éclairé à l’électricité est présenté en 1882 à New York.

La forme courante des pointes de sapin
Une pointe allongée qui s’étire à partir d’une base arrondie en verre est aujourd’hui, la forme la plus courante de pointes de sapin. Inventée autour de 1900, elle tire son origine du casque à pointe prussien. D’autres décorations ont également fait leur apparition : étoiles en feuilles métallisées, anges, couronnes de verre. Et même des carillons, formés d’une hélice, de bougies et d’anges, animés par la chaleur de la flamme.

La culture populaire s’invite sur le sapin
Vers 1900, l’Allemagne exporte des décorations de Noël aux Etats-Unis et les producteurs s’adaptent à ce marché en réalisant des figurines à la peau plus sombre comme celle des Indiens ou des Afro-Américains, des personnalités célèbres comme Charlie Chaplin ou légendaires telles que l’Oncle Sam. Figurines également d’après le jazz, les comics et les premiers films qui fascinent aussi en Europe, les héros des contes et légendes européens tels le Chat botté, le Petit Chaperon rouge, le petit suédois Nils Holgersson.

D’Adam à Santa Claus, des jouets comme autrefois
Un grand nombre de personnages sont associés à Noël : Adam et Eve qui sont fêtés le 24 décembre, veille de la naissance de Jésus, les anges, les bergers ou les rois mages…
Le Père Noël est peut-être celui qui a rencontré le plus grand succès. L’origine de ce personnage remonte à la légende de Nicolas, évêque de Myre. Le saint, fêté le 6 décembre, distribuait des cadeaux et de la nourriture aux pauvres pendant la nuit. Suite à la Réforme qui rejette l’adoration des saints, il devient Sinter Klaus aux Pays-Bas (puis Santa Claus) avant de prendre les traits du vieil homme de Noël (le Weihnachtsmann) avant de prendre ceux du personnage dodu et souriant, portant barbe blanche, vêtements et bonnet rouges, portant une hotte. (Photos @ A.Duennenberger)

Chateau de Gruyères Exposition Mon beau sapin oiseau @A.Duennenberger

Chateau de Gruyères Exposition Mon beau sapin chien @A.DuennenbergerLa flore et la faune, métaphore du Paradis
L’arbre décoré de pommes évoquait initialement l’arbre du Paradis et le fruit défendu. Les premiers arbres de Noël perpétuent cette tradition du décor avec des pommes en ajoutant peu à peu sur les branches d’autres produits comestibles : noix, biscuits ou sucreries… A partir de 1850, des ornements artificiels élargissent la gamme des décors, un grand nombre de sujets évoquant la flore et la faune : fleurs et fruits de métal, grappes de raisin et pommes de pin en verre soufflé, oiseaux multicolores, éléphants de ouate ou tortues en carton gaufré. Tout un monde vivant se retrouve accroché sur le sapin. Des bouffées d’enfance vous emportent… (Photos @ A.Duennenberger)

château de gruyeres_mon beau sapin bateau@ a-duennenberger

château de gruyeres_mon beau sapin carosse @ a-duennenberger

château de gruyeres_mon beau sapin train vapeur @ a-duennenberger

Temps modernes et identité nationale
En 1900, les voitures miniatures ornent le sapin, à côté des derniers véhicules motorisés. Le premier zeppelin survole le Bodensee, le premier avion à moteur décolle et des voitures envahissent les rues des villes. L’enthousiasme pour les dernières avancées techniques se répand à travers toute l’Europe.
L’affirmation des identités nationales au tournant du siècle trouve aussi un écho sur le sapin : la victoire des Allemands sur les Français en 1871 renforce le patriotisme et s’impose dans les traditions familiales : représentations de soldats et d’armes, portraits de l’empereur allemand Guillaume II ou de François-Joseph Ier d’Autriche. L’Allemagne n’hésite d’ailleurs pas à se moquer de son ennemi : le « cochon de français ».
Durant le IIIe Reich, la propagande valorise les mythes germaniques. Le national-socialisme organise durant la période de Noël une collecte au profit de l’œuvre pour les secours d’hiver. Les acheteurs de figurines en porcelaine reçoivent un insigne à placer sur leur porte d’entrée afin de rendre publique leur solidarité pour le mouvement. (Photos @ A.Duennenberger)

château de gruyeres_mon beau sapin décor oiseaux @ francoyse krier château de gruyeres_mon beau sapin Mozart @ a-duennenbergerDu cotillon au transistor, danse et musique
Très populaire entre 1860 et 1914, le cotillon est une danse collective mêlée de figures, de scènes, le plus souvent à la fin d’un bal. Les accessoires de fête – carnets de bal ou insignes en forme de médaille décernés par les dames ­­à leur cavalier – sont suspendus au sapin de Noël parmi les objets les plus précieux.
La musique est aussi très souvent invoquée sur les sapins de Noël : trompettes des anges, lyres des poètes, ornements en forme d’instruments. Puis Mozart et son piano cèdent la place au gramophone et au transistor radio. (Photos FK & @A.Duennenberger)

château de gruyeres_mon beau sapin - grand sapin orné @ francoyse KrierDerrière “Mon Beau Sapin”,  une forêt d’anecdotes
Les sapins d’autrefois n’étaient décorés que d’objets naturels et de décorations comestibles. Les enfants se régalaient de petits biscuits aromatisés de miel ou d’anis faits maison. Chez les pâtissiers des grandes villes, on trouvait des figurines moulées en gomme adragante ressemblant à de la porcelaine, ou aux œufs sucrés. Les objets en gomme adragante sont parmi les tout premiers objets durables. Les figurines en pâte sucrée au contraire étaient des ornements comestibles. Les exemples présentés au Château ont miraculeusement survécu jusqu’à nos jours. Ces bijoux en pâte colorée et ornée de sucre, de chromolithographies et de cartons de Dresde étaient les spécimens d’un pâtissier, rangés dans le grenier d’une boulangerie en Allemagne et… oubliés. (Photo Françoyse Krier)

Exposition Mon beau sapin
Trésors et ornements de la collection Alfred Dünnenberge
A admirer jusqu’au 15 janvier 2017 au Château de Gruyères

https://www.chateau-gruyeres.ch/expositions-et-evenements/expositions/mon-beau-sapin

 

Vue du village de gruyeres @ francoyse Krier Vue depuis gruyeres @ francoyse Krier

Vues de Gruyères (Photos Françoyse Krier)

 

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