salle d’exposition MCBA Lausanne : © Etienne Malapert/MCBA

La première exposition temporaire du MCBA dans son nouveau bâtiment lausannois met en lumière l’un des épisodes majeurs du début du XXème siècle : la contribution des artistes viennois à la naissance de l’art moderne. L’accrochage explore le thème de la peau, au fil de 180 peintures, dessins et objets d’art appliqué venus de musées suisses ou internationaux, d’importantes collections privées et Wiener Werkstätte. A voir dès le 2 juin jusqu’au 23 août 2020. (Visuel : salle d’exposition MCBA : © Etienne Malapert/MCBA)

Avec l’exposition A fleur de peau. Vienne 1900, de Klimt à Schiele et Kokoschka, le MCBA poursuit sa volonté de faire connaître auprès de son public des artistes de renommée internationale.

Présentée par Bernard Fibicher, directeur du MCBA, accompagné des deux commissaires Catherine Lepdor et Camille Lévêque-Claudet, A fleur de peau. Vienne 1900 se concentre sur la période allant de 1897, l’année de la fondation de la Sécession de Vienne, et 1918, l’année de la dissolution de l’Empire austro-hongrois et de la mort de nombreux artistes importants (Gustav Klimt, Koloman Moser, Egon Schiele, Otto Wagner).

Bernard Fibicher fait état de liens évidents avec Oscar Kokoschka, protagoniste majeur de la Sécession viennoise, qui a habité pendant 27 ans dans le canton de Vaud, qui y est décédé et enterré au cimetière de Clarens. Et avec Adolf Loos qui a construit la villa Karma entre Montreux et Vevey, bâtiment inscrit en tant que bien culturel suisse d’importance nationale.

Révolution dans la capitale du vieil empire austro-hongrois 

Ensemble de quatre chaises et une table, Cabaret FledermausA cette époque – 1897 et 1918 – de déclin politique, économique, et social qui s’amorce, coïncide l’apogée dans le domaine des sciences et des arts. Dans une société qui est en train de se déliter, les artistes vont se retourner vers l’homme, s’interroger sur l’être humain, sur sa vie intérieure. Historiquement, le corps humain fait l’objet de recherches dans différents domaines, des sciences naturelles à la médecine, de la psychologie à la philosophie et à l’art. “A chaque époque son art, à l’art sa liberté !”, telle est alors la devise de la Sécession viennoise, association d’artistes dissidents créée en en 1897. Ce surgissement va être conduit par Gustave Klimt qui prend la tête de la sécession viennoise, suite à la volonté de créer un art nouveau, national, moderne… (Visuel : Josef Hoffmann. Ensemble de quatre chaises et une table, Cabaret Fledermaus à Vienne, modèle produit dès 1907. Hêtre peint en blanc et noir. Zoug, Kunsthaus Zug, Sammlung Kamm)

Les œuvres et objets exposés permettent de mettre en lumière un dénominateur commun aux différents acteurs de la scène artistique viennoise : la peau, au propre comme au figuré. Le parcours à travers les salles s’organise en six sections : Peaux blanches (le combat contre l’académisme, le retour à la vérité du corps dénudé) ; Peaux colorées (le jeu des muscles et des articulations, l’expression des émotions) ; Sous la peau (la plongée dans les profondeurs de la chair, la dissection) ; Autour de la peau (les auras et les formes de pensée, le corps et le cosmos) ; L’espace-peau (un nouvel espace plastique, une surface de projection d’un seul tenant) ; Être bien dans sa peau (la réforme du cadre de vie).

Au premier étage, le public est invité à découvrir de quelle façon les Viennois apportent leur contribution à la modernité en dotant la peau d’une expressivité plastique inédite. La visite se poursuit au second étage, consacré à la réforme du cadre de vie et à son adaptation aux besoins de l’homme nouveau.

Marcello - Elisabeth, impératrice d'Autriche, costume amazone et buste

Marcello – Elisabeth, impératrice d’Autriche, 1867. Marbre blanc (Fribourg, Musée d’art et d’Histoire). En grec, le terme qui désigne la peau, khrôs, signifie aussi “couleur”. Les statues antiques étaient peintes dans des tonalités vives, mais c’est le mythe longtemps préservé de leur blancheur uniforme qui sert de référence aux artistes depuis la Renaissance.Le buste en marbre traduit le luxe, la pérennité et la puissance des classes dirigeantes. Ce buste fut exécuté par la sculpteure Marcello (Adèle d’Affry, 1836-1879, duchesse de Castiglione Colonna, dite) après qu’elle eut assisté en 1867 au couronnement de François-Joseph et d’Elisabeth d’Autriche, sacrés roi et reine de Hongrie.

Costume d’amazone de l’impératrice Elisabeth d’Autriche, seconde moitié du XIXème siècle. Etoffe de laine, doublure en soie, feutre taupé. (Winterthour, Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte). Par son maintien et la splendeur de ses toilettes,  l’impératrice Elisabeth offre à ses sujets l’image d’un corps féminin idéalisé que la mode de l’époque contribue à sculpter en le compressant dans des corsets baleinés. L’impératrice entretenait sa minceur par des régimes et la pratique du sport, faisant subir à sa santé des méfaits dénoncés par les médecins. Nombre d’artistes modernes, tels Klimt ou Moser, vont créer au début du XXème siècle, des vêtements amples et souples, pour rétablir la circulation sanguine et la respiration et favoriser le mouvement.

 

 Avril 1902 – Photo XIVème exposition de la Sécession VienneAdlof Loos) Divan, Max Kurzweil. Homme nu allongé

Avril 1902 – XIVème exposition de la Sécession en hommage à Ludwig van Beethoven. Klimt peint sur les murs intérieurs du bâtiment d’exposition une frise inspirée par la Neuvième Symphonie. De gauche à droite : Anton Novak, Gustav Klimt (assis dans un fauteuil), Koloman Moser (devant lui), Adlof Böhm, Maximilian Lenz (allomgé), Ernst Stöhr, (avec chapeau), Wilhelm List, Emil Orlik (assis), Maximilian Kurzwil (avec casquette), Leopold Stolba, Carl Moll (allongé), Rudolf Bacher. Photographie  : Moriz Nähr. (Vienne – Bibliothèque nationale).

(Attribué à Adlof Loos) Divan, vers 1905. Bois, velours vert, Vienne, Sammlung Hummel. Max Kurzweil. Homem nu allongé, vers 1900. Huile sur toile. Vienne, Ernst Ploil. Il symbolise la Vienne de cette époque et l’on ne peut que penser à Freud. On insiste à cette époque sur la position allongée. Nouveau confort, le corps se détend… // Max Kurzweil. Homme nu allongé, vers 1900. Huile sur toile, vienne, Ernst Ploil.

 

Gustav Klimt (1862-1918). Tête de femme

 Gustav Klimt (1862-1918) Paysage de jardin avec colline

 Egon Schiele, Visionnaire II (La Mort et l’homme)

Gustav Klimt (1862-1918). Tête de femme, 1917. Huile sur toile, 67 × 56 cm. Linz, Lentos Kunstmuseum. Photo : © Lentos Kunstmuseum Linz, Reinhard Haider // Gustav Klimt (1862-1918) Paysage de jardin avec colline (Jardin paroissial), 1916. Huile sur toile, 110 × 110 cm. Zoug, Kunsthaus Zug, Stiftung Sammlung Kamm. Photo : © Kunsthaus Zug, Alfred Frommenwiler // Egon Schiele, Visionnaire II (La Mort et l’homme), 1911. Schiele était particulièrement sujet à des visions qui lui ont inspiré de très beaux poèmes. Il voyait son corps se détacher et voler dans l’espace. Ici, un homme se trouve placé dans un univers mystérieux avec des êtres éthérés, squelettiques. L’utilisation de couleurs ocres et terreuses est très symptomatique de cet attachement à creuser le corps jusqu’à son sang, à sa chair. Le ton brun automnal évoque la précarité de la vie…

Richard Gerstl (1883-1908). Autoportrait torse nu,  Egon Schiele (1890-1918). Autoportrait, les mains sur la poitrine,

 Bertold Löffler. Affiche pour la Kunstschau,1908Koloman Moser (1868-1918). Trois femmes,

Richard Gerstl (1883-1908). Autoportrait torse nu, 1902-1904 Huile sur toile, 159 × 109 cm. Vienne, Leopold Museum. Photo : © Leopold Museum, Wien/Manfred Thumberger // Egon Schiele (1890-1918). Autoportrait, les mains sur la poitrine, 1910. Fusain, aquarelle et gouache blanche sur papier, 44,8 × 31,2 cm. Zoug, Kunsthaus Zug, Stiftung Sammlung Kamm. Photo : © Kunsthaus Zug // Bertold Löffler. Affiche pour la Kunstschau, 1908. Lithographie en couleurs sur papier, Vienne, Albertina. // Koloman Moser (1868-1918). Trois femmes, vers 1914. Huile sur toile, 99 × 150 cm. Vienne, mumok – Museum moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien, acquis en 1967. Photo : © mumok – Museum moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien.

Egon Schiele (1890-1918). Nu masculin assis, Egon Schiele (1890-1918). Nu de dos

Egon Schiele (1890-1918). Nu à la jambe levée, vu de dos

Egon Schiele (1890-1918). Nu masculin assis, 1910. Aquarelle et fusain sur papier, Zoug, Kunsthaus Zug, Stiftung Sammlung Kamm // Nu de dos, prenant appui sur ses bras, 1910. Mine de plomb, crayon noir et gouache sur papier, 45 × 30,7 cm. Vienne, Leopold Museum. Photo : © Leopold Museum, Wien/Manfred Thumberger // Nu à la jambe levée, vu de dos (autoportrait), 1910. Crayon noir et aquarelle sur papier, Carl Hirschmann.

 

 Koloman Moser (1868-1918). Chaise à dossier haut,

Josef Hoffmann. Fauteuil à dossier inclinable dit « Sitzmaschine » Koloman Moser Meuble de rangement dit « Zebrakasten

 

Koloman Moser (1868-1918). Chaise à dossier haut, destinée à la mère de sa future épouse. Bois d’érable teinté noir et verni; cuir bleu. Le châssis n’est pas dissimulé sous la garniture. Exécution : Jakob Soulek, Vienne, vers 1903. Ernst Ploil // Josef Hoffmann (1870-1956). Fauteuil à dossier inclinable, dit « Sitzmaschine », modèle produit dès 1906. Exécution : Jacob & Josef Kohn, Vienne. Hêtre massif courbé, contreplaqué, teinté acajou et poli, 110 × 68,5 × 82,5 cm Zoug, Kunsthaus Zug, Stiftung Sammlung Kamm. Photo : © Kunsthaus Zug // Koloman Moser (1868-1918). Meuble de rangement pour œuvres sur papier, dit « Zebrakasten », avant 1904. Exécution : Wiener Werkstätte, Vienne. Palissandre ; citronnier ; érable ; nacre ; métal, 138,5 × 98,8 × 49,5 cm. Zoug, Kunsthaus Zug, Stiftung Sammlung Kamm. Photo : © Kunsthaus Zug.

 

MCBA Lausanne sculpture Luce e ombra

MCBA Lausanne Affiche expo Gustav Klimt . Poissons rouges

La sculpture Luce e ombra de l’artiste italien Giuseppe Penone, un arbre de bronze, de granit et d’or d’une hauteur de 14,5 mètres, a pris racine dans le hall d’entrée du nouveau MCBA.
Gustav Klimt (1862-1918). Poissons rouges, 1901-1902. Huile sur toile, 181 × 67 cm. Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Dübi-Müller-Stiftung Photo : © Sik-Isea, Zürich
MCBA vu des voies, Photo 43 : © Simon Menges

 

Dès le 2 juin : réouverture de l’exposition À fleur de peau. Vienne 1900, de Klimt à Schiele et Kokoschka, prolongée jusqu’au 23 août 2020

PLATEFORME 10
Musée cantonal des Beaux-Arts  
Place de la Gare 16   1003 Lausanne 

Tél.: +41 (0) 21 316 34 45

www.mcba.ch

 

MCBA lausanne vu des voies, (Photos sans mention : Françoyse Krier)

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