Genève ~ MAH De bleu, de blanc, de rouge vue expo
Genève ~ MAH De bleu, de blanc, de rouge Affiche
Genève ~ MAH Elsig Wahler Lopes

Conserver, restaurer, étudier sont les missions premières d’un musée soucieux de transmettre un patrimoine vivant. Marc-Olivier Wahler, directeur du MAH, Frédéric Elsig, professeur d’histoire de l’art et de muséologie à l’Université de Genève et Victor Lopes, conservateur-restaurateur de peinture au MAH, étaient ” fiers de présenter à la presse la nouvelle exposition De bleu, de blanc et de rouge. Les peintures françaises du XIXe siècle du MAH. Cette exposition basée d’abord sur des recherches et une collaboration avec l’Université de Genève, met en valeur les œuvres qui parlent des collectionneurs particuliers. ”

Ce programme de valorisation des peintures françaises du XIXème siècle (1800-1918) comprend l’étude complète d’un corpus de 212 tableaux ainsi qu’une campagne de conditionnement de l’ensemble du fonds, la restauration fondamentale de 35 peintures et leurs encadrements, ainsi que de
3 sculptures. Cette exposition temporaire se divise en quatre chapitres, les deux premiers consacrés à des collections privées, les deux autres au patrimoine de la collectivité genevoise. A voir jusqu’au 18 août 2024.

Autoportrait, Auguste Imer,
Autoportrait, Auguste Imer, vers 1830.
Huile sur papier marouflé
sur toile
  
Portrait de Walther Fol , vers 1860-1870.
Portrait de Walther Fol , vers 1860-1870. Huile sur toile par Jean-Jacques Henner remarquable peintre alsacien
Léon Bonnat, Portrait de Charles Töpffer,
Léon Bonnat, Portrait de Charles Töpffer, 1880. Huile sur toile. Œuvre restaurée pour cette exposition
Henri Emilien Rousseau Cheikh sur un cheval, 1905.
Henri Emilien Rousseau Cheikh sur un cheval, 1905. Huile sur bois de noyer.
Œuvre restaurée pour cette exposition

Parcours de l’exposition

Brillamment commentée par Frédéric Elsig, professeur d’histoire de l’art et de muséologie à l’Université de Genève, la visite se déroule tout au long des différents chapitres : le premier se concentre sur le collectionneur Jean-Gabriel Eynard, incarnant à lui seul le néo-classicisme, qui réunit dans son palais genevois un remarquable ensemble de peintures (Fabre, Boguet, Horace Vernet, etc.) et de sculptures.
Le deuxième chapitre met à l’honneur deux collectionneurs de la seconde moitié du XIXème siècle marqués par le goût du voyage : Gustave Revilliod fondateur du musée Ariana, légué à la Ville en 1890 (le fonds ancien des peintures du MAH provient pour la moitié de Gustave Revilliod) et Walther Fol moins connu, qui a fondé à Genève l’important musée Fol antiquités, arts appliqués, et) et qui avait gardé chez lui – à Rome puis à Spolete – une importante collection de peintures françaises, italiennes et espagnoles du XIXème siècle. A sa mort, Genève ayant refusé sa collection, une partie de celle-ci fut dispersée.

Buste de Walther Fol sculpté par Eugène Delaplanche
Buste de Walther Fol sculpté par Eugène Delaplanche, 1875 (récemment retrouvé dans les réserves du MAH)
MAH Geneve Auguste Rodin, L'Homme au nez cassé,
Auguste Rodin, L’Homme au nez cassé, 1864. Bronze don de l’artiste, 1896.
Buste du Lieutenant Général Simon Rath par James Pradier
Buste du Lieutenant Général Simon Rath
par James Pradier, sculpteur et peintre
franco-suisse
Nymphe couchée à la campagne Camille Corot
Nymphe couchée à la campagne ou Le Repos, vers 1857-59. Jean-Baptiste, Camille Corot
Vue d'Auvers avec champ de blé, Vincent van Gogh
Vue d’Auvers avec champ de blé, Vincent van Gogh , 1890
Le Barrage du Loing
à Saint-Mammès, 1885, Alfred Sisley
Le Barrage du Loing
à Saint-Mammès, 1885, Alfred Sisley

Le troisième chapitre concerne le Musée Rath inauguré en 1826. Acquis par l’Etat en 1859, les tableaux Nymphe couchée à la campagne et Un soir à Ville-d’Avray, de Corot, présentés à l’exposition cantonale de Genève, sont les premières acquisitions institutionnelles hors de France de l’artiste. Trois autres tableaux de l’artiste, légués par son ami le peintre Jean-Gabriel Scheffer, les rejoindront en 1876. Un Sisley en 1912, un Pissarro en 1915, un Van Gogh en 1917, un Renoir en 1923, un Monet en 1932. Le Barrage du Loing à Saint-Mammès, d’Alfred Sisley est la première oeuvre de Sisley a entrer dans un musée suisse (Wuppertal) puis fut vendu au musée genevois par Alphonse Creux (1858-1924), collectionneur et marchand d’art vivant à Lausanne. Cette acquisition lui permettra de commencer à présenter “l’évolution de la peinture contemporaine”.
  

La Terrasse de Méric, 1867 par Frédéric Bazille

Tous les autres impressionnistes sont essentiellement entrés en bloc : une trentaine seulement, entre 1980 et 1990, notamment à travers le dépôt de deux importantes fondations : la Fondation Jean-Louis Prevost, qui fait entrer au musée la collection du banquier Jean Lullin et la Fondation Garengo, soit la collection d’Ernst et Lucie Schmidheiny.

Dans les salles de la collection permanente, quelques tableaux du corpus sont mis en évidence et complétés notamment par un important tableau La Terrasse de Méric, 1867 par Frédéric Bazille (ci-contre), prêté par le Petit Palais de Genève.

MAH Geneve L'atelier du peintre
L’atelier du peintre
MAH Geneve L'art de peindre en plen air
L’art de peindre en plen air

Outillage du peintre ~ Perception des couleurs par l’artiste

Victor Lopes, conservateur-restaurateur de peinture détaille les différentes phases du métier de peintre : l’atelier, le matériel, le pleinairisme. “L’artiste dégage des heures de travail en amont pour la préparation de la pose, du drapé avant que le ou la client-e ne vienne poser quelques heures aux fins d’une ébauche”. On peut voir le petit meuble appartenant à Théodore Géricault qui contenait son matériel de peinture et qui a été présenté en en 1924 – il y  a 100 ans – lors du centenaire de la mort du peintre.
Chevalet, palette, magnifique écorché très utile au travail de l’artiste pour l’étude de l’ossature, de la musculature…

MAH Geneve pinceaux du peintre
MAH Geneve couleurs du peintre

Présentation intéressante de couteaux à palette, couteaux -truelle, grattoirs, pinceaux-brosse, pinceaux montés en plume. L’apparition des pinceaux “brisé à viroles de cuivre” ont été une révolution qui permettait aux peintres de créer de grands aplats colorés.

A découvrir aussi une sélection de pigments et de laques correspondant aux couleurs utilisées par les peintres depuis le XIVème siècle en Europe, à l’exception du jaune de Naples (début XVIème et du bleu de Prusse début XVIIIème. Réduites en poudre, les couleurs sont ensuite détrempées avec un jaune d’œuf ou une colle animale (technique à l’eau), soit liées avec une huile végétale siccative (lin, œillette ou huile de noix (technique à l’huile), avant d’être déposées sur une palette en bois. Ces couleurs vont être progressivement remplacées par des couleurs issues de l’industrie chimique, produites tout au long du XIXème comme le jaune de Naples remplacé par le jaune de cadmium, le bleu outremer naturel (très couteux) par un outremer artificiel ou “bleu Guimet” (dès 1831)…

MAH geneve Boite de peinture Alacroix & Cie Paris,
Boite de peinture Alacroix & Cie Paris, avec tubes, palette de couleurs, couteaux…
Carnet de voyage 
de Walther Fol 
en Egypte
Carnet de voyage
de Walther Fol
en Egypte 

Carnet de voyage (auteur anonyme) et chambre claire
Carnet de voyage (auteur anonyme) et chambre claire
Pierre-Louis Bouvier :
 Manuel des jeunes artistes et 
amateurs en peinture,
Pierre-Louis Bouvier :
Manuel des jeunes artistes et
amateurs en peinture, 1827

De nombreux traités techniques, dictionnaires et commentaires liés au métier du peintre, parurent au XIXème siècle. Le Manuel des jeunes artistes et amateurs en peinture, édité en 1827 à Strasbourg et Paris par le peintre genevois Pierre-Louis Bouvier et le Traité complet de la Peinture, édité en dix volumes entre 1829 et 1851, par Jacques-Nicolas Paillot de Montabert demeurent des ouvrages de référence sur les périodes néoclassique et romantique.

Quand le tube libère l’artiste 

La grande invention du XIXème siècle a été sans nul doute l’apparition du du tube : en 1841, un Américain vivant en Angleterre fait breveter son invention. La Maison Windsor s’en empare puis en 1857, la Maison Lefranc à Paris codifie le filetage et permet de breveter ce tube. Ce qui libère l’artiste de la préparation des couleurs et lui permet de sortir de l’atelier.
Les artistes voyagent énormément d’où l’on vit apparaître différents instruments de voyage, comme la Chambre claire, inventée par un Anglais en 1806-07, soit un prisme monté sur tubulure en étain doré qui permet de poser rapidement les traits d’un personnage, la silhouette d’un paysage, d’un bâtiment… Les maisons d’opticiens s’emparent du brevet. On peut en faire l’expérience lors de cette exposition.

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Conservation, restauration, traçabilité d’une œuvre

Dans trois cabinets, l’exposition donne à voir (jusqu’au 26 mai) les questions de recherche et les choix de conservation-restauration.

Dans le processus de valorisation d’une collection, chaque œuvre fait l’objet d’observations qui permettent de reconstituer son histoire matérielle et ses transformations depuis sa création jusqu’à son état actuel.
Elle livre ainsi des informations sur son identité et sa traçabilité, complétées par l’imagerie scientifique et les analyses en laboratoire et qui constituent le point
de départ de l’enquête historique.
La mission de la conservation-restauration consiste à étudier l’ensemble d’une collection, à lui garantir les meilleures conditions
de conservation.

La Jeune femme à la Fontaine" de Corot

La traçabilité d’une œuvre constitue l’une des premières questions abordées dans la notice d’un catalogue de collection. Elle consiste à retracer l’itinéraire d’une œuvre depuis sa création jusqu’a son lieu actuel de conservation, en accordant depuis quelques décennies une attention particulière à la période des spoliations du IIIème Reich comme c’est le cas pour “La Jeune femme à la Fontaine” de Corot. Elle se fonde d’abord sur des indices internes à l’œuvre dont le revers comporte souvent des inscriptions, des marques de collectionneurs, des étiquettes d’exposition ou des tampons.

radiographie numérique Bouquet de fleurs dans un vase bleu
que van Gogh
La radiographie numérique a révélé
que van Gogh a utilisé la toile pour y peindre
son portrait de profil
Vincent van Gogh Bouquet de fleurs dans un vase bleu,  1887
Œuvre restaurée pour cette exposition : Vincent van Gogh Bouquet de fleurs dans un vase bleu, 1887
Frédéric Elsig « MNR
191 » "Fleurs sur un banc",
Frédéric Elsig présente le numéro « MNR
191 » collé à l’envers de la toile “Fleurs sur un banc”, 1862

de Gustave Courbet

La toile de Gustave Courbet “Fleurs sur un banc” porte le numéro « MNR 191 ». En France, l’acronyme MNR signifie « Musées nationaux récupération ». Il est accolé à environ 2200 œuvres qui, n’ayant pas pu être restituées après la seconde Guerre mondiale, ont été confiées à la garde nationale. Cette dernière a pour mission d’identifier les propriétaires de ces objets spoliés et de les restituer. La base de données qui documente et diffuse l’historique de ces œuvres consigne que Fleurs sur un banc « appartenant à Monsieur Paul Rosenberg, demeurant à Paris (7°), 33 quai Voltaire, [a été] spolié par les Allemands pendant l’occupation, récupéré en Allemagne, et restitué le 19 juin 1951 ». Le numéro MNR permet ainsi de certifier que la provenance de cette œuvre a été régularisée.

Cette collaboration entre l’Université de Genève et le MAH a mobilisé de plus de 60 chercheurs et 40 étudiants sur trois ans (2020-2023).

Exposition De bleu, de blanc et de rouge. Les peintures françaises du XIXe siècle du MAH
A voir jusqu’au 18 août 2024
Du mardi au dimanche de 11 h à 18 h
Les jeudis, nocturnes de 12 à 21 h

 MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE
Rue Charles-Galland 2 – CH-1206 Genève 
 Tél. : +41 (0) 22 418 26 00

mahmah.ch

 

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