Sur la piste des Sioux Bonnet de guerre Joshua Spotted Owl
Bonnet de guerre ayant appartenu à Joshua Spotted Owl
Avant 1935
États-Unis, région des Plaines, Dakota du Sud, population lakota
Cuir, tissu, perles de verre, plumes
Collection François Chladiuk / Droits réservés
Sur la piste des Sioux Ornement de tête John Little Elk
Ornement de tête ayant appartenu à John Little Elk. Avant 1935 États-Unis, région des Plaines, Dakota du Sud, population lakota. Cuir, plumes d’aigle, soies de porc-épic, fibres végétales, tissu. Collection François Chladiuk / Droits réservés

Tipi, plume, bison, calumet de la paix, flèche, tomahawk… Aujourd’hui encore, ces mots sont parmi les plus cités pour décrire les cultures des populations natives de la moitié nord du continent américain. Les récits de voyage, les oeuvres picturales, les spectacles de folklore et le cinéma ont façonné cette image stéréotypée. Au cours de cette longue construction iconographique, l’Indien des Plaines, particulièrement le Sioux, a pris peu à peu une place centrale, au point d’incarner, à lui seul, « l’Indien d’Amérique ». 
Notre imaginaire les a longtemps désignés comme « les Indiens d’Amérique ». Récits de voyages, cinéma et romans, spectacles, bandes dessinées ont largement contribué à cette dénomination et à la diffusion d’une certaine image de l’Indien. L’exposition “Sur la piste des Sioux” – à voir jusqu’au 28 août 2022 – remonte aux sources de cette représentation, en Europe et en France et offre un regard de fond sur la condition des Indiens sur le territoire nord-américain, avec de nombreuses ressources historiques. 

Le parcours débute par une section beaux-arts d’une cinquantaine de pièces : peintures, gravures, sculptures, lithographies, photographies, livres ou périodiques. Tout au long de l’exposition, des « bornes américaines » font dialoguer les étapes de la construction de la représentation de l’Indien, en Europe, avec l’histoire de la condition des nations indiennes en Amérique du Nord, entre repères chronologiques, cartographies et analyses de représentations massivement diffusées sur le territoire américain. –

Sur la piste des Sioux Nez Percé Edward Sheriff Curtis
A war chief – Nez Percé. Avant 1915
Edward Sheriff Curtis (1868-1952)
Héliogravure
Collection musée du Nouveau Monde, La Rochelle
Sur la piste des Sioux Cheyenne warriors Edward Sheriff Curtis
Cheyenne warriors. Avant le 1 janvier 1915
Edward Sheriff Curtis (1868-1952). Tirage argentique.
Collection musée du Nouveau Monde, La Rochelle
inv. MNM.1981.9.129

Collection bien documentée et rarissime

L’exposition met en scène une collection remarquable d’objets lakotas du collectionneur belge François Chladiuk. Amoureux de l’Ouest américain, ce passionné rassemble de nombreux documents et objets liés aux Indiens des Plaines. En 2004, il acquiert un ensemble exceptionnel de vêtements, parures, accessoires et instruments de musique ayant accompagné un groupe de Sioux lakotas – hommes, femmes et enfants – présents à Bruxelles en 1935, en marge de l’Exposition universelle et internationale. 
La démarche de François Chladiuk invite justement à suivre ses pas, en dépassant les stéréotypes pour mieux comprendre les communautés sioux. Ces pièces restent des témoins de la culture lakota. Les spectacles de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle sont l’occasion pour les Sioux de voyager en Europe et de faire connaître leurs traditions, qui étaient alors réprimées aux États-Unis. 
” J’ai commencé ma collection avec une Winchester, une très belle arme qui représentait tout ce que j’aimais dans l’univers du western. Je l’ai ensuite agrandie petit à petit. En 2004, un antiquaire m’a contacté pour me présenter huit malles en métal remplies d’objets indiens. L’ouverture de la première malle m’a coupé le souffle, j’ai reconnu des pièces authentiques des années 1920-1930. J’ai donc acheté les 157 objets, sans toutefois imaginer la fabuleuse histoire que j’allais découvrir avec cette collection.” 

Sur la piste des sioux Gilet de Francis, fils de Joe Littlemoon
Sur la piste des sioux Gilet  Francis,  Littlemoon et Mocassins Littlemoon
Gilet ayant appartenu à Francis, fils de Joe Littlemoon. Avant 1935. États-Unis, région des Plaines, Dakota du Sud, population lakota. Cuir, perles de verre, tissu. Collection François Chladiuk / Droits réservés. Mocassins ayant appartenu à la famille Littlemoon, remis à Walter Littlemoon par François Chladiuk en 2010. Avant 1935. Cuir, perles de verre
Collection François Chladiuk / Droits réservés
Sur la piste des sioux costume de guerre Charly Little Boy
Costume de guerre ayant appartenu à Charly Little Boy.
Avant 1935 États-Unis, région des Plaines,
Dakota du Sud, population lakota
Cuir, crin de cheval, cheveux humains, perles de verre, tissu, coquillages
Collection François Chladiuk / Droits réservés

Sur la piste des Littlemoon 

En 2006, François Chladiuk part à la recherche des descendants des Lakotas du Wild West Show de Bruxelles. Dans la réserve de Pine Ridge (Dakota du Sud), il rencontre Moses Littlemoon, fils de Joe. Lors d’un second voyage, il fait la connaissance de son frère Walter, à qui il remet une paire de mocassins qui avaient appartenu à la famille Littlemoon. Les motifs révèlent l’identité culturelle des nations indiennes. Les femmes les conçoivent et les brodent sur les mocassins, les brassards, les objets… Les motifs peuvent être géométriques ou figuratifs, en combinaison ou en répétition et symboliser des éléments de la nature et du quotidien comme les montagnes, les traces laissées par certains animaux ou le tipi. Ils véhiculent des valeurs spirituelles ancestrales et expriment le statut de leur porteur. 

Buffalo Bill, figure mythique de l’Ouest américain

William Frederick Cody (1846-1917), dit Buffalo Bill, est un personnage emblématique de la conquête de l’Ouest. Porteur de courrier à cheval, chasseur de bisons, éclaireur pour l’armée américaine aux côtés de laquelle il combat les Indiens des Plaines, Cody mène une vie aventureuse. De sa rencontre avec Ned Buntline, nouvelliste en quête d’un héros de l’Ouest, naît le mythe de Buffalo Bill, mêlant faits historiques et fantasmes patriotiques. 

Sur la piste des Sioux Affiche Red Eagle
Affiche Red Eagle
un des braves de Buffalo Bill’s Wild West
1905 Collection Didier Lévêque
Sur la piste des Sioux Carte de la tournée européenne Buffalo Bill
Carte de la tournée européenne de 1889 du Buffalo Bill’s Wild West 1894
Buffalo Bill Museum and Grave, Golden, Colorado

Les Wild West Shows

Entre 1883 et 1912, Buffalo Bill dirige l’un des premiers spectacles itinérants, d’ampleur internationale, le Buffalo Bill’s Wild West. Le show populaire et patriotique sillonne l’Amérique du Nord, puis l’Europe et fige, pendant près d’un siècle, une image réductrice et spectaculaire des Amérindiens, « joués » par des Sioux lakotas. Buffalo Bill sait se mettre en scène. Sa tournée s’accompagne d’un travail de relations publiques sans précédent. Il multiplie les slogans – dont le célèbre « I am coming » – et les affiches à la gloire du spectacle et de son héros fondateur, devenant ainsi la personne la plus photographiée au monde. Avant l’arrivée de la troupe en ville, des « éclaireurs » rencontrent les personnalités locales influentes et saturent l’espace public de « réclames » pour le spectacle. 
Les Wild West Shows et les « villages indiens » se multiplient. Buffalo Bill et ses « Peaux-Rouges » fascinent. Les villes traversées par le show conservent des traces de son extravagante logistique. En France, un stade (Montrouge), un vélodrome (Neuilly-sur-Seine) et les premières remorques des tramways électriques (Lyon) sont baptisés « Buffalo ». La tournée inspire des personnalités françaises, comme la peintre Rosa Bonheur ou le marquis de Baroncelli, à l’origine du folklore camarguais autour des gardiens de troupeaux à cheval, les gardians. 

Sur la piste des Sioux Portrait de Buffalo Bill 1891
Portrait de Buffalo Bill
1891. Collection François Chladiuk

La culture populaire et le western

L’image des Indiens véhiculée par le show et ses affiches gagne progressivement les foyers français au travers de la publicité et de la culture populaire (chromolithographie, bandes dessinées…). Dans l’espace cinéma, une mise en scène audiovisuelle interroge l’évolution du regard du cinéma hollywoodien. Un témoignage de l’artiste lakota Arthur Amiotte conclut le parcours. Arrière-petit-fils d’acteurs des Buffalo Bill’s Wild West, il en utilise les codes et les images d’archives dans ses créations artistiques. 

Musée des confluences Bison des plaines (mâle) Amérique du Nord
Bison des plaines (mâle) Amérique du Nord.
Acquis grâce au mécénat de la société River Side
© musée des Confluences Olivier Garcin

Un diorama plonge le visiteur directement dans l’imaginaire collectif stéréotypé de la figure de l’Indien d’Amérique. Deux bisons naturalisés côtoient un tipi où s’animent des silhouettes d’Indiens.
Les années 1930 sont marquées par l’émergence du cinéma hollywoodien. Raoul Walsh et John Ford inventent le western. A la sortie de La Flèche brisée en 1950, le regard porté sur les populations autochtones commence à changer.

En 1970, avec Un homme nommé cheval et Little Big Man, un cinéma plus réaliste voit le jour. L’Indien gagne les foyers par l’intermédiaire de l’imaginaire publicitaire, de la bande dessinée, de la télévision. Avec le temps, les stéréotypes évoluent. Le Sioux se décline sous de nombreuses formes, dont les jouets. On joue « aux cow-boys et aux Indiens » et les « Peaux-Rouges » ne tiennent pas souvent le bon rôle.

En France, l’Indien sauvage cède la place à l’Indien futé qui guide les automobilistes sur la route des vacances et la publicité convoque la sagesse indienne en toute occasion.

Sur la piste des Sioux Portrait de Ee-ah-sa-pa
Portrait de Ee-ah-sa-pa
(La Roche Noire), chef des Nee Cow-e-je, bande de la tribu des Sioux 1845. George Catlin (1796-1872) Huile sur toile
Dépôt du musée du Louvre, musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris © Patrick Gries, Bruno Descoings
Sur la piste des Sioux  Publicité Air France, 1956
Publicité Air France, 1956 – Collection particulière JFC
Sur la piste des Sioux Les Derniers Hommes rouges
Pierre Maël
Les Derniers Hommes rouges.
Pierre Maël (Charles Causse et Charles Vincent) Paris,
Librairie de Firmin-Didot & Cie, 1896 Collection Didier Lévêque © musée des Confluences – Olivier Garcin
Affiche Sur la piste des Sioux
Affiche Sur la piste des Sioux

Sur la piste des Sioux explore la représentation des Indiens d’Amérique, depuis près de cinq cent ans, de l’arrivée des colons jusqu’à aujourd’hui. Depuis les premières rencontres jusqu’à la culture populaire contemporaine, en passant par le célèbre Buffalo Bill’s Wild West, spectacle diffusé en Amérique puis en Europe entre 1883 et 1912, ou le village indien installé à Bruxelles en 1935 en marge de l’Exposition universelle avec un ensemble unique de costumes lakotas, Sur la piste des Sioux interroge la construction de nos images des cultures indiennes. 

L’exposition rappelle les nombreuses rencontres entre les Français et les Amérindiens et offre un regard de fond sur la condition des Indiens sur le territoire nord-américain, avec de nombreuses ressources historiques. 

Sur la piste des Sioux 
Musée des Confluences // 86 Quai Perrache 69002 Lyon

Jusqu’au 28 août 2022 – Nocturne le 1er jeudi du mois jusqu’à 22 h Fermeture les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre 

Informations sur :

www.museeconfluences.fr

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