Lyon ~ Musée des Confluences
Magique : entre croire et savoir

Par une nuit d’éclipse de lune, le visiteur pénètre dans un espace mystérieux. A l’intérieur, il se laisse surprendre par toutes les magies du monde : des potions de sorcières aux gestes des guérisseurs, des incantations du chaman aux tours spectaculaires du prestidigitateur, des pratiques magiques aux forces invisibles… Ce, jusqu’au 5 mars 2023, à l’exposition temporaire Magique, au Musée des Confluences à Lyon.
Une forêt de conte de fées, un chapeau de sorcière, un spectacle de prestidigitation, une boule de cristal, de la magie noire… Telles sont les images surgissant à la simple évocation du mot « magie » ! Magique offre un panorama des pratiques magiques, à travers l’histoire et les cultures. Guérir, aimer, envoûter ou parfois ensorceler, telles sont les demandes, les souhaits. Au fil de l’exposition, spécimens de sciences naturelles, plus de 400 objets archéologiques et ethnographiques, mais aussi des dispositifs surprenants montrent combien la magie est présente dans nos vies. Qui n’a jamais placé un objet « magique » dans sa poche afin de lui porter chance ?

Alchimie, cartomancie, chiromancie, physique amusante,

Le visiteur se laisse surprendre par des pratiques magiques qui ont perduré au cours de l’histoire. Présentés lors de l’exposition comme des théâtres miniatures, des coffrets sont garnis de petit matériel en bois tourné ou en métal et d’un livret décrivant les tours pour jouer au magicien.
Au Moyen Âge, la magie est liée aux secrets de la nature et mêle religion et prémices scientifiques. Le christianisme condamne certaines pratiques mais accepte l’idée d’une magie naturelle pratiquée pour soigner.
Née en Egypte et transmise à l’Occident chrétien au début du 12^ème siècle, l’alchimie vise à atteindre la perfection sur le plan physique ou métaphysique, chimique ou spirituel. Les alchimistes cherchent à créer la « pierre philosophale», capable de conférer aux métaux communs la perfection de l’or mais aussi de rendre immortel. Suspectés d’imposture, les alchimistes usent d’un langage allégorique, de symboles et de signes secrets.
La « physique amusante » a trouvé au 19^ème siècle des prolongations pédagogiques grâce à la littérature destinée au grand public. Cette dénomination se perd au 20^ème siècle au profit des « boîtes de magie ».

Devin, guérisseur, chamane, sorcier, marabout, charlatan…

Un édit royal sur la justice de 1682 décriminalise la sorcellerie en France. Désormais, les « devins, magiciens, sorciers » ne sont plus considérés comme liés au Diable mais comme des «charlatans » qui abusent de la confiance des personnes naïves ou crédules. Sans disparaître, les croyances occultes vont alors perdurer discrètement.
Le champ de la magie comporte de nombreux acteurs difficiles à catégoriser. Chaque spécialiste rituel possède son propre style et ses propres attributs. La cartomancienne, par exemple, souvent représentée avec un hibou sur l’épaule, annonce bonheur ou autres d’après les cartes à jouer, tarots ou jeux d’oracles, en fonction de leurs dispositions, de leur symbolisme, de leurs affinités entre elles et avec les informations involontairement produites par le consultant. La chiromancie consiste à lire l’avenir d’un individu selon les des formes, les lignes et les signes de la main pour en déduire le caractère et la destinée d’un individu.

 

Des spécialistes rituels opèrent entre l’espace domestique et l’espace sauvage, entre le monde visible et le monde invisible. En revêtant des attributs maqiques constitués de matériaux animaux, ils s’approprient leurs pouvoirs : celui de voler est emprunté aux oiseaux, la vision nocturne au chat ou à la chouette, la capacité de percevoir des entités invisibles au cheval ou au chien, ou encore l’agressivité aux prédateurs.
Au 19^ème siècle, sous l’influence du grand illusionniste Robert-Houdin et l’utilisation des innovations technologiques, la prestidigitation devient un divertissement. Le spectateur s’étonne, s’amuse de ne pas comprendre ce qui se déroule sous ses yeux. La magie moderne utilise des effets permettant de faire apparaître, disparaître, léviter ou « rendre invulnérable».

Fétiches, amulettes, talismans

La possibilité d’entrer en communication avec les êtres disparus fait fureur au 19^ème siècle, et les moyens pour y parvenir se théorisent, notamment, dans le spiritisme. Cette innovation religieuse fondée sur les compétences de médiums qui assurent la communication avec des «esprits», est apparue aux États-Unis puis fut adaptée en France par Allan Kardec, surnom celtique de Hippolyte Rivail.
Dans les campagnes, les maladies et les malheurs se traitent par l’intermédiaire de guérisseurs ou jeteurs de sorts. Ces hommes et ces femmes pouvaient faire « le bien comme le mal » en soignant à l’aide de préparations magiques et en s’appuyant sur des prières, des objets religieux ou des grimoires.

La magie protectrice demeure la plus répandue dans le monde : les amulettes, objets de protection individuelle pour favoriser la chance ou protéger des maladies, sont généralement de petite taille afin d’être portés à même le corps et de communiquer leur charge bénéfique.

Magie bénéfique ou magie maléfique

Rechercher un bienfait pour soi revient parfois à provoquer un malheur chez autrui. Un même geste magique peut donc être effectué pour des objectifs différents. Parce que les intentions des autres sont difficilement décelables, il n’est jamais certain qu’elles relèvent de la magie bénéfique ou de la magie maléfique. La magie est donc, par essence, ambivalente.

Trace de passage ou geste magique ? Souhait secret ou témoignage discret ? A travers le monde, les arbres sont souvent les supports d’offrandes, de dépôts sacrificiels, d’expressions de voeux de guérison ou de réussite. Ces vœux peuvent prendre la forme de pièces insérées dans une écorce, de clous, de morceaux d’étoffe ou de rubans suspendus.

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Texte : DP et fk – Photos sans mention : fk