Définir le phénomène onirique semble mission impossible… Le Musée des Confluences l’a tenté et l’exposition Le temps d’un rêve propose une série d’escales dans des lieux où le rêve s’exprime, dans différentes cultures et ce, depuis l’Antiquité. La visite prend la forme d’une succession de courts rêves, à travers quelques escales temporelles et géographiques, dans un parcours labyrinthique en référence aux motifs du cerveau humain et aux principes de la psychanalyse. A voir (et à rêver) jusqu’au 24 août 2025.
Un être humain passe un tiers de sa vie à dormir et une bonne partie de ce temps à rêver. Exceptions faites de son rôle central dans la création artistique et dans le domaine de la psychanalyse, le rêve est pourtant un sujet souvent absent de nos sociétés occidentales contemporaines. Depuis la seconde moitié du 20ème siècle, de nombreuses disciplines – la médecine, les neurosciences, la psychologie, l’anthropologie, l’ethnologie, l’histoire, la sociologie – se sont emparées du sujet, trop longtemps considéré comme obscur ou anecdotique.
Entre éveil et visions oniriques
Du divan du psychanalyste à l’imaginaire de l’artiste, d’un continent à l’autre, Le temps d’un rêve offre autant d’étapes pour approcher le miracle de « ce voyage aventureux de tous les soirs » comme le qualifiait Charles Baudelaire. Inspirée par ces différents lieux et l’univers du théâtre, la scénographie fait s’estomper les frontières entre réalité et décor. Près de 200 objets et de nombreuses œuvres audiovisuelles tissent des liens parfois inattendus entre l’histoire, la psychologie, l’ethnologie, l’art ou la recherche en neurosciences. Regards qui réveilleront le rêveur en chaque visiteur.
Le sommeil se divise en plusieurs phases, chacune caractérisée par des variations dans l’activité cérébrale. Chez Homo sapiens, le cycle comprend le sommeil lent (NREM) et le sommeil paradoxal (REM). La phase NREM favorise la récupération physique et, vraisemblablement, la consolidation de la mémoire. Le sommeil REM, lui, est dynamique. C’est pendant cette phase que se produisent les rêves les plus vifs et les plus immersifs.
De nombreux témoignages culturels interprètent le rêve comme un espace de rencontre et de communication entre les êtres, humains ou non humains, vivants ou défunts et comme un accès à une autre forme de réalité. La frontière entre rêves nocturnes et visions induites par des états modifiés de la conscience, dans le cadre de pratiques chamaniques par exemple, se révèle alors très mince. La diversité des façons de rêver dans cette région du monde est grande et chaque population a façonné sa propre culture du rêve, aux nuances spirituelles complexes. Plusieurs populations océaniennes partagent la pratique traditionnelle consistant à dormir dans la « maison commune » pour susciter les apparitions d’esprits d’ancêtres, porteurs d’enseignements. Les populations du continent africain ont, elles aussi, des perceptions du rêve très diverses.
Ci-dessus, de gauche à droite :
Appuie-nuque, komborti mata, 20ème siècle. Éthiopie ou Kenya, culture rendille. Bois. Don de Denise et Michel Meynet.
Appuie-nuque 20ème siècle Chine.
Bois. Collection François Dautresme
Don de Yves Mahot de La Quérantonnais.
Appuie-nuque 20ème siècle Éthiopie, culture oromo. Bois, cauris, cordelette, perles en métal.
Don de Denise et Michel Meynet
© musée des Confluences – Olivier Garcin
Certaines pratiques divinatoires exercées par le nganga, nom donné au devin, permettent de les interpréter. Le continent américain, intimement lié à des pratiques chamaniques, se prête parfaitement à la recherche sur les modalités du rêve. Le jeûne, la privation de sommeil ou l’usage de substances psychotropes sont employés pour atteindre des états modifiés de conscience, qui ne sont autres que des rêves. En Europe, diverses traditions anciennes révèlent la profonde interconnexion entre les rêves et la vie sociale. Dans le Frioul italien, les Benandanti, « bien-voyants », étaient supposés quitter leur corps la nuit pour lutter spirituellement contre des forces maléfiques. En Corse, les Mazzeri étaient consultés pour interpréter les songes et dissiper les craintes liées aux mauvais présages.
Comment faire pour que le rêve devienne réalité ? Certains pensent avoir la solution : le manifesting ou la manifestation de pensées positives. Il s’agit de visualiser ce à quoi ressemblerait le travail parfait, la vie idéale, le compagnon ou la compagne de ses rêves… Croire suffisamment fort à une chose pour qu’elle se produise ? Le neuropsychologue Peter Brugger (Université de Zurich CH) n’y croit pas et a mené des recherches sur les superstitions et la parapsychologie. (voir sous ce nom)
Le temps d’un rêve
Du 18 octobre 2024 au 24 août 2025
au musée des Confluences à Lyon
Au-delà de cette sélection d’événements, de nombreuses surprises sont à prévoir en cette année anniversaire qui verra le musée célébrer ses 10 ans. Projections, conférences ou spectacles à découvrir sur
Mai 2025 :
Nuit européenne des musées ~ Nuit des rêves :
une soirée festive de 19h à minuit,
avec de nombreuses animations.
Musée des Confluences : 10 ans de succès !
Le Musée des Confluences célèbre ses 10 ans. Musée atypique par son histoire, ses collections et sa manière de traiter les sujets, le musée des Confluences a su, depuis son ouverture, fidéliser un public dont une bonne partie n’avait jusqu’alors jamais franchi les portes d’un établissement culturel. Devenu un des emblèmes de la Métropole de Lyon, il a également acquis une renommée nationale et internationale.
De nombreux projets vont rythmer les prochaines années, tout en confortant l’identité du musée et le lien d’attachement qui s’est créé avec ses publics : du renouvellement du parcours permanent au confort de visite, de la poursuite des donations à l’offre pour les plus jeunes, car les musées contribuent à former les citoyens de demain.
Le Musée des Confluences, c’est aussi : des collections régulièrement enrichies, suscitant l’intérêt de pairs et d’institutions scientifiques de renom en France ou à l’étranger ; une large palette de visites accompagnées et d’ateliers; la prise en compte systématique dans la programmation de la question de l’inclusion de tous les publics et notamment des personnes en situation de handicap ou de précarité ; de multiples partenariats avec d’autres musées français et étrangers…
Mouvement, immersion, voyage
Vivre le musée autrement, danser, rêver ou même dormir en ses murs… Pour sa 10ème saison scientifique et culturelle, le musée propose une série de rendez-vous inédits et originaux pour surprendre et émouvoir ses publics, pour fêter ensemble son anniversaire. Une saison en mouvement où la musique, la danse et la fête vous invitent à bouger et à vibrer ensemble. Une saison en immersion pour écouter, méditer et apprendre à prendre son temps. Une saison du voyage vers les zones les plus reculées de notre planète ou de notre cerveau, réelles ou imaginaires.
Les chiffres-clés du musée
PRÈS DE 700 000 VISITEURS CHAQUE ANNÉE ~ 6,5 MILLIONS DE VISITEURS EN 10 ANS ~ 3,5 MILLIONS D’OBJETS ET DE SPÉCIMENS EN COLLECTION ~ 45 EXPOSITIONS TEMPORAIRES DEPUIS L’OUVERTURE