
“L’amour triomphe de tout” Virgile, Les Bucoliques. “L’amour est la sagesse des fous et la folie des sages“, Samuel Johnson, poète et essayiste. “L’amour, c’est savoir tout sur quelqu’un, et avoir le désir d’être toujours avec lui, plus qu’avec n’importe quelle autre personne“, Albert Einstein, physicien. “Le premier langage de l’amour est le langage du cœur“, Michel Dupuy – La source et le feu. Nombreuses sont les citations et définitions de l’amour décrites magistralement par les arts… Les mots et les expressions le qualifiant s’appliquent aussi bien à des individus, animaux, objets, qu’à des lieux et à des idées.
Qu’est-ce que l’amour ? Source d’immenses joies comme de grandes tristesses, l’amour occupe une place importante dans notre vie quotidienne. Depuis quelques années, un certain nombre de chercheuses et de chercheurs replacent l’amour au centre de leurs questionnements. Pour tenter de répondre à cette question cruciale, l’exposition “à nos amours” visible à Lyon jusqu’au 25 août 2024, donne la parole à huit scientifiques, entre sociologie, anthropologie, philosophie, psychiatrie ou chimie et fait découvrir ou redécouvrir l’universalité de l’amour et la diversité des attachements amoureux, familiaux et amicaux.
Phénomène universel, l’amour reste insaisissable
L’amour est étudié depuis longtemps par les philosophes, les biologistes, les psychologues et les sociologues. Aujourd’hui, une nouvelle démarche interdisciplinaire, celle des sciences affectives, émerge. Consacrées à l’étude des émotions et de leurs effets sur le comportement humain, ces recherches permettraient d’approcher le phénomène amoureux à travers ses multiples dimensions.

Quatrième quart du 20e siècle – France – Mucem, Marseille
© Mucem

© musée des Confluences – Bertrand Stofleth

PARO est un dispositif médical souvent utilisé dans les Ehpad, notamment pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Imitant les réactions d’un animal vivant, ce robot calme les patients, facilitant ainsi le travail des professionnels de santé. © Inno3med – Iléna Lescaut (art thérapeute)
La langue française n’a qu’un terme pour désigner l’amour, la langue grecque permet des nuances : Éros : le désir, la passion charnelle ; Storgê : l’amour familial ; Agapè : l’amour désintéressé ; Philia : l’amitié, le lien social.
En écho à ces différents sens cachés, les recherches scientifiques pluridisciplinaires récentes montrent que l’amour et l’attachement ne se résument
ni au sexe ni au couple.
La sexualité humaine est le fruit d’un apprentissage. Chaque individu construit sa sexualité à partir d’informations glanées
ici ou là.
Quant au lien entre sexe et amour, il ne va pas de soi : on peut en effet désirer sans aimer et aimer sans désirer.
L’amitié, comme l’amour, se manifeste par un sentiment de compréhension mutuelle et par une certaine intimité exprimée à travers des mots, des chuchotements, des silences, des éclats de rire, des sourires, des regards, mais aussi dans des moments partagés et des objets symboliques, des cadeaux, des messages qui sont autant de témoignages de ce lien.
Les interactions avec nos semblables sont essentielles. Mais rester en contact avec nos proches n’est pas toujours facile. Parfois, il arrive qu’un éloignement ou même une rupture viennent bouleverser nos habitudes.
Le téléphone relie les populations du monde entier, quels que soient les âges et les cultures et le portable est devenu un outil précieux.

El Hadj Tidani Shitou (1933-2000)
Mali, Mopti

Quatrième quart du 19e siècle
Mucem, Marseille © Mucem

21e siècle
© musée des Confluences – Olivier Garcin
C’est au cours des deux premières années de la vie d’un enfant que les mécanismes d’attachement avec son entourage, notamment avec les parents, s’établissent et continueront à évoluer. Les adultes prenant soin des enfants ne sont pas nécessairement leurs parents biologiques, mais aussi des parents adoptifs, les grands-parents, une famille élargie ou une communauté. Les liens d’affection et d’amour à l’égard de l’enfant dès sa naissance se manifestent par le désir de le protéger contre le froid, la faim, la maladie, mais aussi contre des menaces invisibles.
Chez les Inuits, lorsqu’un individu décède, son nom n’est plus prononcé jusqu’à ce qu’il soit attribué à un nouveau-né. L’enfant qui hérite du prénom reçoit également les caractéristiques flatteuses ayant trait à la personnalité du défunt. Celui-ci est ainsi valorisé et il ne meurt jamais vraiment. Dans de nombreuses sociétés, le lien entre les morts et les vivants est maintenu comme un devoir de mémoire.
Courante au 19ème siècle : fabrication de souvenirs avec des cheveux, pour honorer la mémoire d’un défunt ou montrer son affection à un vivant.
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Le cœur qui s’emballe, les mains moites,
une sensation de papillons dans le ventre…


Au centre : Couple de poupées, kokeshi
Seconde moitié du 20e siècle. Japon © musée des Confluences – Olivier Garcin
A droite : Couple de personnages debout. Seconde moitié du 20e siècle. Asie, Mongolie. © musée des Confluences
Olivier Garcin

Le sentiment amoureux
débute par une rencontre.
Celle-ci peut être le fruit du hasard ou bien conditionnée par des événements propices, tels que des fêtes. La rencontre amoureuse, soudaine ou progressive, se manifeste
autant par une multitude de signes, de paroles, de gestes et de comportements séducteurs,
que par des rapports de confiance et réciproques, mais aussi par des moments d’intimité partagés, autour d’une danse, d’une chanson, d’un film
ou d’un repas.
Tous les symptômes du stress et pourtant, si l’amour naissant s’exprime dans le corps, c’est dans le cerveau que tout commence. L’état amoureux, le désir sexuel mettent en jeu différentes zones du cerveau impliquées dans des fonctions comme la mémoire, la représentation de soi, le langage ou encore la pensée abstraite. Mais malgré le nombre croissant d’études sur les mécanismes biologiques, cérébraux et psychologiques impliqués, le mystère demeure. L’amour se révèle aussi par le chagrin ressenti après une rupture ou par le sentiment de manque.
Après la rencontre, vient le temps de la déclaration. Il est d’usage dans toutes les sociétés de prouver son amour par un don ou un échange qui concrétisent l’union provisoire ou plus durable. L’amour est aujourd’hui à l’origine de la formation du couple en Occident.

Fin du 20e siècle
Aldo Lo Curto – Brésil, État du Pará,
population araweté
Don d’Aldo Lo Curto
© Aldo Lo Curto

Papouasie-Nouvelle-Guinée
Mâle et femelle
© musée des Confluences – Olivier Garcin.
Ce paradisier vit dans les forêts tropicales et d’altitude.
En période nuptiale, les mâles aménagent une aire de parade
et mettent en œuvre une danse très élaborée
pour séduire les femelles.

Milieu du 20e siècle. Inde
Don de René Gallay
© musée des Confluences – Olivier Garcin
Lorsque les couteaux s’ouvrent, les personnages s’embrassent.
Nous partageons régulièrement notre lieu de vie avec d’autres espèces. Chez la plupart des espèces, les mâles doivent séduire leurs partenaires pour se reproduire. La femelle choisit celui qui fait preuve de la meilleure santé : beauté du plumage, vigueur et complexité du chant, intensité de la danse, ou supériorité physique dans les combats contre d’autres mâles. Chez certaines espèces, les mâles offrent même des cadeaux nuptiaux : un élément de décoration pour le nid ou de la nourriture pour la femelle. Les animaux de compagnie apportent souvent un bénéfice réciproque et engendrent un lien si fort qu’ils en viennent parfois à faire partie de nos familles.

Annette Messager (née en 1943) France
Tissus, objets divers, peinture acrylique
Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery © Annette Messager
/ADAGP, Paris, 2023
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Informations pratiques
L’exposition présente quelque 135 objets, provenant en majorité des collections du musée des Confluences, mais aussi des prêts illustrant des pratiques et des traditions populaires. Le parcours de l’exposition est conçu pour une déambulation libre, le thème de l’amour y étant pensé au sens large. Articulé autour d’une place centrale, le propos se découvre dans des alcôves thématiques et des installations interactives.
Avant de quitter l’exposition, les visiteurs peuvent découvrir des robots thérapeutiques, écouter des chansons d’amour, feuilleter un livre dans une bibliothèque ou imprimer un calligramme à emporter.
Mardi à dimanche – 10h30 à 18h30
Nocturne le 1er jeudi du mois jusqu’à 22h
www.museedesconfluences.fr/fr/nformations-pratiques
Billetterie en ligne : billetterie.museedesconfluences.fr

Exposition à nos amours. Lyon
Musée des Confluences.
A admirer jusqu’au 25 août 2024.
© C-Album – Truch
Programmation culturelle et scientifique
Jeudi 1er février 2024 : Nocturne Saint-Valentin avant l’heure
En 2024, la Saint-Valentin se décale exceptionnellement de quelques jours pour une nocturne sous le signe de l’amour.
L’occasion de voir ou revoir les 150 plus beaux baisers de cinéma sélectionnés par Luc Lagier et l’équipe de Blow Up.
Autres événements : Odeurs, sexualités et mathématiques… // Quand les sciences décryptent l’amour ! // Amour et intelligence artificielle //
Quand le cerveau tombe amoureux // Nocturne de l’amour //Les chemins du cœur
Au-delà de cette sélection d’événements, le programme s’enrichira au fil de l’exposition. Projections, conférences ou spectacles à découvrir sur www.museedesconfluences.fr
