Le Phare de Cordouan de loin

Inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2021 au titre de « bien culturel », le phare de Cordouan se dresse fièrement à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde, formé par la confluence de la Garonne et de la Dordogne. Véritable chef-d’œuvre d’architecture, le phare a été érigé en 1611 sur un plateau rocheux entouré de bancs de sable. L’accès se fait uniquement par bateau puis par une remorque amphibie qui transporte les visiteurs au plus près du phare. Secousses garanties et bottines à prévoir…

Surnommé le Versailles de la mer, le phare de Cordouan est l’un des plus anciens phares maritimes du monde. Dernier phare gardienné en pleine mer, fort de ses 67,50 m de hauteur et de ses 301 marches, il offre une vue panoramique sur l’Atlantique et les côtes avoisinantes. Soumis aux vents et marées, le phare de Cordouan nécessite un entretien constant et de nombreuses phases de travaux ont eu lieu depuis sa construction.

Vue du Phare de Cordouan

Lentille de Fresnel : invention révolutionnaire

Ouvrage de signalisation maritime, le phare de Cordouan servait de guide aux marins et témoigne à la fois du renouveau de l’éclairage des côtes et de l’ingéniosité des hommes à ériger un édifice de haute ambition artistique et ce, en plein océan.
Cordouan devient rapidement un laboratoire privilégié des ingénieurs français. Aux dix-septième et dix-neuvième siècles, la science et l’ingénierie accompagnent l’essor de la construction des phares. Augustin Fresnel y teste notamment pour la première fois sa lentille à échelons (la lentille de Fresnel), utilisée aujourd’hui par la plupart des phares dans le monde.
Le principe de la lentille de Fresnel : la fonction des prismes triangulaires ou obliques est de capter la lumière enfermée dans la lanterne pour renvoyer tous les rayons dispersés uniquement à l’horizontalité sur sa hauteur, ce qui permet de créer un faisceau lumineux et d’augmenter la puissance du feu.
L’ampoule de 250 watts (équivalent d’un spot de stade de foot) arrive à éclairer à 40 km de distance. Sans la lentille de Fresnel, on verrait un point lumineux de 10 km à peine. On trouve ce procédé partout : ans les écrans de portable, les phares de voiture, les fibres optiques des appareils photo… Tous les phares du monde sont équipés d’une lentille de Fresnel.

Le Phare de Cordouan marée basse
Le Phare de Cordouan vu d'en bas
Le Phare de Cordouan la lanterne
Le Phare de Cordouan - horizons

Le Phare de Cordouan à travers l’Histoire

Le Phare de Cordouan escalier
L’escalier s’appuie sur une voûte et
s’enroule dans un cône
Le Phare de Cordouan vue d'en haut de l'escalier
Salle des lampes utilisée pour stocker
le matériel d’éclairage du phare

Depuis le premier allumage du phare en 1611, plusieurs combustibles ont été utilisés
Coupole de la Chapelle Notre-Dame
de Cordouan

Au 14ème siècle, le fils du roi d’Angleterre, Edouard de Woodstock, dit le Prince Noir, fit construire une tour polygonale de 16 mètres. Son feu était géré par des ermites vivant sur l’ilot.
1611. Le phare construit par l’architecte Louis de Foix, à la demande du roi Henri IV, à côté de cette tour polygonale, est achevé et allumé pour la première fois. Bâti comme une demeure royale, il comprend un vestibule, un appartement du roi et une chapelle.

Le Phare de Cordouan différentes transormations
Le Phare de Cordouan monogrammes ML et MT

1664. Intervention de Louis XIV. Dégradé par les assauts de la mer, et les tempêtes, le phare connaît une campagne de restauration à la demande de Colbert. Des monogrammes de Louis XIV et de Marie Thérèse d’Autriche sont sculptés sur les parois de l’appartement du roi, en commémoration de cette intervention (plus tard, ML pour Marie Leczinska).

1790 -1813. Exhaussement de Joseph Teulère. La tour et surélevée, entre 1788 et 1790, par l’architecte Joseph Teulère. Une nouvelle tour tronconique est aposée sur la structure ancienne. L’escalier est un véritable chef d’œuvre de stéréotémie (art de la taille de pierre).
1855 à nos jours. Le phare actuel, restauré par Napoléon III. La tour est restaurée avec, notamment, la réfection de la salle de veille, du vestibule et de la chapelle. Des campagne de restauration ont lieu au 20ème siècle et aujourd’hui encore le phare nécessite un entretien régulier.
Une cuirasse en béton armé est édifiée en 1926 pour protéger le socle du phare.

Cordouan a été érigé avec l’ambition d’en faire le digne héritier du mythique phare d’Alexandrie. 

Le Phare de Cordouan intérieur
Le Phare de Cordouan détail
Le Phare de Cordouan balise
Le Phare de Cordouan bureau
Salle utilisée pour rédiger les rapports
de surveillance
Le Phare de Cordouan appartement de l'ingénieur
L’appartement de l’ingénieur
Le Phare de Cordouan couchettes
Le vestibule : ancienne chambre
de gardiens

L’appartement de l’ingénieur : cet appartement cossu était destiné à l’ingénieur en charge d’assurer le bon entretien et le fonctionnement du phare. Il a même été envisagé d’y accueillir Napoleon III et l’impératrice Eugénie.
Aménagé lors de la campagne de restauration de 1852-1855, il se compose d’une salle à manger et d’une chambre, entièrement lambrissées de panneaux muraux permettant à la fois de conserver la chaleur et d’isoler quelque peu de l’humidité ambiante. Les mobiliers d’époque sont arrivés sur place entre 1850 et 1900.

Le Phare de Cordouan couleurs à marée basse

Un environnement naturel exceptionnel

Le Phare de Cordouan est construit sur un îlot rocheux qui se découvre à chaque marée basse et qui fourmille d’espèces animales et végétales. Sur ce plateau rocheux, appelé estran, l’activité humaine est relativement limitée du fait de son accès difficile. Des campagnes d’inventaires menées depuis une quinzaine d’années ont permis de recenser pas moins de 324 espèces : 250 espèces animales (mollusques, crustacés, éponges…) et 74 espèces végétales (algues, micro algues…).
Ce plateau accueille une activité de pêche récréative pratiquée tant par les pêcheurs que par les visiteurs venus gratter dans l’espoir de rapporter quelque tourteaux, moules et autres fruits de mer. Des visites iodées à la découverte des algues comestibles sont possibles sur inscription.
Cet espace fait partie du Parc Naturel marin de l’Estuaire de la Gironde et de la Mer des Pertuis, vaste aire marine protégée qui s’étend sur 6500 km2 sur la façade atlantique.

Le Phare de Cordouan algues
L’estran, habitat naturel unique découvert à marée basse
Le Phare de Cordouan vue depuis une fenêtre
Le Phare de Cordouan et bateau
Le phare vu du bateau qui emmène les visiteurs. Nicolas,
l’un des gardiens, en pleine explication…
Le Phare de Cordouan Daniel un gardien

Les gardiens, figures incontournables et indispensables

Dernier phare des côtes de France encore habité toute l’année, Cordouan est un exemple unique de la succession ininterrompue de générations de gardiens – depuis 400 ans – qui veillent sur le phare au quotidien. Ils se relaient deux par deux, restant au phare pendant une semaine ou une quinzaine. La relève se déroule le vendredi aux heures dictées par la marée : relève chassé-croisé d’homme qui descendent, d’hommes qui montent…
Leur mission : gérer l’entretien courant du phare; assurer la surveillance du monument par leur présence, jour et nuit, toute l’année, afin d’éviter le vandalisme et les pillages; accueillir et renseigner les visiteurs pendant la saison touristique. L’Ecole des gardiens de Brest qui formaient les agents d’Etat n’existe plus.
La couronne, partie circulaire du phare, abrite leurs espaces privatifs., des locaux techniques et une salle d’exposition.
Les gardiens – agents de la Collectivité territoriale – proposent de redécouvrir le phare lors d’une visite originale et sensorielle : apprendre en s’amusant, respirer, écouter les sons du phare, observer l’architecture, se concentrer méditer… En hiver, le phare est fermé au public, mais ils continuent la garde et maintenance du phare où l’humidité laisse des traces de salpêtre, et où les sculptures, plus ou moins érodées, sont attaquées par le sel et les embruns. A tel point que de nombreuses pierres doivent être remplacées.

Phare de Cordouan ~ 33123 Le Verdon-sur-Mer France
Pour la visite du phare de Cordouan : Vedettes la Bohême Port Médoc (port de plaisance) 33123 Le Verdon-Sur-Mer

Le Verdon sur Mer Port Médoc
Photos © Francoyse Krier

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