Déjà présentée à Genève en 2014, l’exposition autour du légendaire paquebot Titanic accoste en Suisse, à Beaulieu – Lausanne, jusqu’au 26 janvier 2025. « Depuis, plusieurs nouveautés ont été apportées. Un tiers des objets présentés à Beaulieu n’ont jamais été montrés en Suisse », mentionne Vincent Sager, directeur d’Opus One, pionnière de l’organisation de grandes expositions en Suisse romande. « De plus, il existe désormais une salle immersive avec des images sous-marines qui permet d’aller au plus proche de l’épave. On y trouve aussi des reconstitutions en 3D des cabines, des lieux emblématiques du bateau du Titanic et de sa construction ». Une occasion unique de se replonger dans l’histoire de ce navire légendaire qui fascine toujours autant, 112 ans après avoir fait naufrage lors de son voyage inaugural.
L’exposition, qui s’étend sur près de 2’000 mètres carrés, retrace la vie à bord avant son tragique naufrage, raconte les efforts pour localiser l’épave et récupérer des objets récupérés à plus de 3’800 mètres de profondeur. Anecdotes, projections vidéos, histoires des membres de l’équipage, des passagères et passagers, salle immersive avec projection sur les murs du parcours de ce ô combien célèbre paquebot, complètent cette exposition originale, adaptée et enrichie pour son unique étape helvétique. Une salle immersive donne l’illusion d’être à bord du Titanic, un audioguide inclus dans le billet d’entrée permet de découvrir l’exposition avec des explications en français, anglais ou allemand.
Plus de 200 vrais objets récupérés sur le site de l’épave du Titanic, sont parfaitement mis en valeur dans un décor grandiose et émouvant : dans les grandes salles mais aussi des reconstitutions à grande échelle de nombreuses pièces du navire, dont la réplique partielle grandeur nature du Grand Escalier, un salon de 1ère classe, le Verandah Café…
Le Grand Escalier du Titanic était le point d’orgue de son intérieur. En y accédant après une promenade sur le pont l’après-midi, on était frappé par la façon dont la lumière naturelle diffusée à travers le dôme en verre et fer forgé le surplombant se reflétait sur le chêne poli des panneaux muraux et la dorure de balustrades ouvragées. Sur le panneau supérieur un grand panneau gravé arborait une horloge entourée de deux figures classique symbolisant l’Honneur et la Gloire couronnant le Temps. Une fois vêtus pour le souper, les passagers pouvaient descendre jusqu’à la salle à manger du pont D. Sur chacun des paliers de spacieux halls d’entrée étaient éclairés par des luminaires plaqués d’or et disposaient de zones confortables pour s’asseoir. Les survivants se rappelaient avoir admiré les peintures à l’huile décorant les paliers des escaliers du Titanic.
Les 700 passagers de 3ème classe qui voyageaient sur le Titanic étaient essentiellement des immigrants européens à la recherche d’une vie meilleure en Amérique. Leurs cabines étaient petites et d’un style dénudé. On y entendait et ressentait toujours le bruit et la vibration des moteurs. Les lits avaient de vrais matelas. Deux baignoires étaient à leur disposition, ce qui était suffisant à une époque où l’on se contentait d’un bain par semaine.
Les passagers de 1ère classe bénéficiaient du luxe des loisirs à bord : salle de sport, bains turcs, salle fumeurs… La partie avant du pont du navire était consacrée à leur promenade en compagnie d’autres passagers, ou au repos, installés sur des chaises longues, profitant d’une vue balayant toute la mer, tandis que la partie arrière était réservée aux passagers de 2ème classe.
La caractéristique du pont A était la promenade qui s’étendait sur 150 mètres de part et d’autre du navire. Les passagers de première classe étaient invités à s’installer sur des chaises longues ou se mêler aux autres passagers et profiter d’une vue balayant toute la mer. Les enfants pouvaient jouer et courir d’un bout à l’autre du navire. Sur le pont D, l’escalier menait à la salle de réception lambrissée de blanc attenante à la salle à manger.
Personne n’est propriétaire du site de l’épave. RMS Titanic, inc. a le droit exclusif de récupérer des objets sur le site de l’épave. A ce jour, 5’500 objets ont été récupérés sur le site du naufrage, au cours de neuf expéditions de recherche et de récupération. Tous racontent des histoires émouvantes et aident à comprendre la dimension humaine de la tragédie du Titanic : effets personnels ayant appartenu aux passagers, bijoux et vêtements, vaisselle en porcelaine délicate… Les objets exposés sont régulièrement contrôlés pour pouvoir être présentés dans l’exposition et préservés pour l’avenir.
Le but du programme de conservation des objets est de mettre un terme à leur détérioration tout en permettant de les exposer. Une fois amenés sur terre, ces objets nécessitent une équipe de conservateurs spécialistes du papier, du bois, du métal, de la céramique et du cuir.
Sur les quelque 2’207 passagers et membres d’équipage à bord du Titanic, environ 1’500 sont morts. Environ 700 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont survécu à la tragédie. Alors que l’on pensait jusqu’ici que le Titanic comptait 27 Suisses à bord, il a été découvert cette année qu’ils étaient en réalité 28. Cette 28ème passagère étant une stewardesse de 2ème classe originaire de Rolle.
Roger Bricoux est le seul musicien français de l’orchestre du Titanic. Plus près de toi mon Dieu est le dernier morceau qu’a joué l’orchestre à 2 h 37 avant que le Titanic sombre à 2 h 42. Les huit musiciens ont péri dans le naufrage.
Présent lors de la présentation de l’exposition à la presse, Stefan Ineichen, expert du Titanic et des Suissesses et Suisses à bord, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, évoque l’intérêt des Suisses pour le Titanic : « Au total, huit Suisses et une Suissesse étaient employés sur le Titanic. Six serveurs du restaurant à la carte et du Café Parisien venaient de Suisse. Un cuisinier de Salvan était le chef adjoint de la cuisine de la 1ere classe. Adolf Mattmann, âgé de 20 ans, et originaire de Lucerne, était responsable des crèmes glacées sur le Titanic. De nombreux Suisses travaillaient dans la restauration en Angleterre, à l’époque. La connaissance de l’anglais était essentielle pour les employés des hôtels suisses. Tous les hommes suisses de l’équipage ont péri dans le naufrage.
Le fait que tout ce petit monde ait sombré, malgré la haute technologie et la foi aveugle en la supériorité des constructions humaines sur les forces de la nature, nous fait inévitablement penser à la menace qui pèse aujourd’hui sur notre monde, qui ne vient pas des glaciers et des icebergs, mais qui met en péril les glaces et les glaciers du monde entier et provoque des catastrophes bien plus dramatiques que le naufrage sur la nature », conclut Stefan Ineichen, membre éminent de la Société suisse du Titanic.
Il n’existe aucune technique de conservation pour le navire lui-même, lentement détruit par des microbes qui rongent le fer. Les scientifiques annoncent que ce processus finira par faire imploser le Titanic qui va s’effondrer sur lui-même dans 40 à 90 ans. Les objets récupérés du Titanic resteront longtemps après la disparition du navire et constitueront la mémoire du paquebot légendaire, et de la force extraordinaire de l’esprit des hommes.
L’exposition de Beaulieu s’ouvre sur une maquette de 5 m 40 de long, à l’échelle 1:50 du Titanic. « Elle est en bois et peut flotter. 5 ou 6 remorqueurs et transbordeurs qui permettent de faire l’animation. Les cheminées et le mât se démontent », explique Jean-Paul Henrion qui l’a conçue et exécutée de A à Z. L’idée lui en est venue après le film de James Cameron et la réalisation de sa maquette, commencée en 2011, a duré près de dix ans.
TITANIC L’EXPOSITION
de vrais objets de vraies histoires
Beaulieu Lausanne (Halle 35)
Av. Bergières 10 – 1004 Lausanne
Du 27 septembre 2024 au 26 janvier 2025
Audio-guide inclus (français, anglais et allemand)
Billetterie et infos sur titanicexpo.ch
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 19h
Ouverture exceptionnelle les 14 et 21 octobre et les 23 et 30 décembre
Ouverture spéciale les 24 et 31 décembre
de 10h à 16h
L’exposition sera fermée le 25 décembre
et 1er janvier
L’exposition est dédiée à Paul-Henri Nargeolet, directeur de la recherche sous-marine pour le Groupe E/M et RMS Titanic. Ce spécialiste incontesté du Titanic – disparu le 18 juin 2023 lors de l’implosion du submersible Titan – a dirigé plusieurs expéditions vers l’épave et supervisé la récupération de nombreux objets.