
Parlement vaudois, mardi 10 juin 2025. Officiellement inaugurée, la nouvelle horloge orne dorénavant les murs de la Salle plénière. Cette pièce horlogère unique est le fruit du travail passionné de plus de 120 apprenties et apprentis de l’École Technique de la Vallée de Joux (ETVJ).
Le 14 avril 2017, les députés inaugurent le nouveau bâtiment du Grand Conseil vaudois reconstruit après un incendie qui avait presque complètement détruit, en 2002, l’édifice historique. L’absence d’une horloge est immédiatement remarquée. Divers contacts ont permis le lancement de ce projet inédit et le choix de travailler avec l’Ecole Technique de la Vallée de Joux (ETVJ) s’est vite imposé.
Fruit d’un travail exigeant et passionné, mené sur plusieurs années, et d’une collaboration fructueuse entre institutions publiques, partenaires économiques et milieux de la formation, cette horloge unique a été dévoilée en présence du Président du Grand Conseil, M. Jean-François Thuillard, du Conseiller d’État en charge de l’enseignement et de la formation professionnelle, M. Frédéric Borloz, de M. Frédéric Schütz, directeur de l’ETVJ, ainsi que d’une partie des apprenti·e·s ayant participé à sa réalisation.


de la Vallée de Joux (FK)



L’émotion était palpable lors de la présentation à la presse de cet objet « Made in Vaud », futur témoin de grandes décisions qui seront prises par plusieurs générations. Appelée à rythmer, entre autres, les débats parlementaires, cette prestigieuse horloge incarne l’excellence du savoir-faire horloger et microtechnique de la Vallée de Joux et de son école.
« Vous remarquerez que le cadran de cette pendule rappelle l’hémicycle de la salle plénière. Il est le fruit d’un concours réalisé auprès des élèves en bijouterie. Les 372 pièces de l’horloge ont nécessité la collaboration de maisons horlogères les plus réputées de la Vallée de Joux », mentionne Jean-François Thuillard, Président du Grand Conseil.
Une symphonie mécanique…
L’horloge, sous verre, est dotée d’un mouvement entièrement mécanique, dont l’énergie est fournie par un poids de 2 kg. Elle indique l’heure de manière régulière et linéaire, est remontée à la main par l’intendant du Parlement à l’aide d’une manivelle discrètement cachée dans un tiroir sous l’horloge.
Conception : 6 mois. Nombre de plans : 200. Fabrication de 168 composants différents réalisés en grande partie dans les ateliers de l’ETVJ (Ecole Technique de la Vallée de Joux) : 3 ans. Assemblage des pièces finales : 3 mois. Matériaux principaux : laiton, titane, acier et invar. Des élèves de plusieurs volées ont laissé leur empreinte, menés par des enseignants, véritables “chefs d’orchestre de cette symphonie mécanique”. Un projet qui a tenu bon et a survécu à de nombreuses difficultés : pandémie, fermeture d’atelier, incertitudes, comme le fait remarquer David Pousset, maître principal des techniciens en horlogerie à l’ETVJ, entouré de Hugo Scoyer et de Gabriel Glunk, deux des apprentis ayant contribué au projet, tous trois fiers de présenter le magnifique résultat de leur travail. L’émotion est palpable : « Il a fallu réapprendre des techniques que nous n’avions plus, faire une recherche d’informations… Au final, nous ne savions pas ce que nous savions faire ! »
Le cœur du projet n’a jamais cessé de battre
Frédéric Schütz, directeur de l’ETVJ : « L’aventure a commencé en 2018, avec l’idée simple mais ambitieuse d’offrir au Parlement vaudois une pièce symbolique de l’excellence horlogère de la Vallée de Joux. Cette horloge n’est pas seulement un instrument de mesure du temps, mais aussi le reflet de notre héritage, de notre savoir faire, de nos valeurs. Tout comme le balancier qui anime cette pendule, le cœur du projet n’a jamais cessé de battre, d’osciller avec régularité entre vision et engagement, entre tradition et innovation. »

Patrimoine et métier d’avenir
Pour Frédéric Borloz, Conseiller d’État en charge du Département de la formation, le passé fort d’un patrimoine de grande valeur, mais aussi l’avenir sont deux choses fondamentales. « Vous n’êtes pas les seuls à être fiers, nous le sommes avec vous », précise-t-il aux deux apprentis présents et à leur formateur. « Grâce au développement du métier que vous faites, exercé chez nous depuis des siècles et dont on avait pensé un temps qu’il allait disparaître, une industrie s’est construite dans notre pays et qui aujourd’hui occupe des milliers de personnes. Un métier d’avenir qui vous confère de l’indépendance et des compétences. » Et de terminer en évoquant le nombre de regards qui se posent sur une horloge et se demandant ce que ce maître du temps, vedette du jour, pourra raconter dans 200 ans…

Hugo Scoyer : Ma première réaction lorsque j’ai été appelé à participer à ce projet : Pourquoi moi ? S’ensuivit une bonne dose d’enthousiasme parce qu’on sait que ce challenge est loin d’être anodin, qu’il requiert de la perfection. Quelques appréhensions, peur de l’erreur bien sûr, mais il faut rester confiant. Tous les élèves ayant contribué à ce projet ont bénéficié d’accompagnement.
J’ai passé trois ans à travailler à l’établissement et aux correction de plans de détail – tout en suivant notre cursus d’apprentissage.
Mes impressions, aujourd’hui : de la fierté, bien sûr, mais aussi le plaisir de voir “notre horloge” terminée, un bel ouvrage auquel on a donné beaucoup de notre temps. C’est une première expérience mais pas n’importe laquelle, un très beau projet et la fin d’un stress qui retombe…