Le lac de Remoray
Le lac de Remoray (© Reportage et Photos Françoyse Krier)

Les lacs de Saint-Point et de Remoray ne formaient auparavant qu’un seul lac. Ils ont été séparés par l’accumulation des sédiments du Doubs qui forment un delta entre les deux lacs. Situé sur le territoire des communes de Remoray-Boujeons et de Labergement-Sainte-Marie, ce lac d’altitude est situé à 850 mètres, en plein cœur du massif du Jura.

Labergement écluse
Labergement cabane
Lac de Remoray automne

Découverte de la faune sauvage dans son milieu naturel

Appelé autrefois lac Savoureux, le lac de Remoray appartenait jusqu’à la Révolution à l’abbaye cistercienne du Mont-Sainte-Marie dont il subsiste des ruines. Il fait partie d’une réserve naturelle nationale avec 325 hectares de lac, marais, tourbières, rivières, prairies, forêts, gravières. Le lac était privé jusqu’à la fin des années 1970. Au moment de sa mise en vente, un promoteur souhaitait développer une zone touristique au bord du lac. La population n’a guère adhéré à ce projet et des procédures de création de réserve naturelle ont été validées par l’Etat le 15 avril 1980. L’Association des amis de la Réserve a vu le jour en 1984 avec comme objectif la gestion de la réserve naturelle. Comme à chaque création d’une réserve naturelle, en France, un gestionnaire se doit d’être nommé, l’Etat a désigné cette association en tant que gestionnaire.
En dehors des activités de l’association, il est possible de se balader dans les zones ouvertes au public tout en respectant la réglementation pour le bien-être de la faune et de la flore. Ainsi des zones sont-elles strictement interdites au public alors que d’autres sont enrichies de panneaux pédagogiques. La faune et la flore y sont exceptionnelles et la Maison de la Réserve inaugurée en 2002, permet aux visiteurs de comprendre cet espace naturel.

Remoray Maison de la Réserve
Une magnifique fresque, signée Christine Nicolin, met en valeur les espèces présentes dans le lac.

En 1986, la toute première Maison de la Réserve se trouvait dans une usine désaffectée de Labergement-Sainte-Marie. Vu l’importante fréquentation (20’000 visiteurs par an), une mise aux normes s’avérait nécessaire. L’option retenue par la Communauté de Communes fut de construire un nouveau bâtiment répondant aux normes Haute Qualité Environnementale, à proximité de la Réserve », explique Guillaume, un des animateurs et chargé d’accueil dans ce bel endroit, une des plus grandes maisons de la réserve existant en France.

500 m² d’expositions interactives et originales

Six salles accueillent des expositions permanentes, dans lesquelles on retrouve des animaux naturalisés présentés dans des dioramas représentant les prairies, les forêts ou les zones humides du Haut-Doubs. On peut également découvrir des expositions temporaires, une grande maquette du site.

Remoray Maison de la Réserve détail
Remoray Maison de la Réserve chat sauvage
Espace forêt & pâturage : des animaux présents
dans le massif jurassien.
Ci-dessus, des expositions ouvertes aux photographes animaliers permettent d’admirer de magnifiques photos sur le thème de la nature.

« La réserve abrite à ce jour 7000 espèces. Une de nos missions est axée sur le suivi des espèces, comme l’écrevisse à pattes blanches, les syrphes, les tariers des prés, les oiseaux d’eau et des zones humides afin d’assurer leur protection, d’améliorer la connaissance et d’envisager au mieux les séries de mesures qui seraient éventuellement à prendre », poursuit Guillaume. D’autres espèces nicheuses sont également présentes tel que les Milans royaux et noirs, ou le Héron cendré qui, avant la création de la réserve, avait érigé la plus haute héronnière d’Europe, aujourd’hui disparue, sans doute suite à de la prédation. Les animaux des prairies et forêts ne sont pas en reste puisque l’on peut noter la présence du Lynx boréal, de la Martre des pins, du Renard roux et de l’Hermine (blanche en hiver et brune en été) et de bien d’autres encore.

La faune jurassienne sous forme de fresques et d’animaux naturalisés

Les enfants dès 3 ans peuvent venir et s’instruire de façon ludique. Par exemple, un tunnel leur permet de s’y engouffrer et d’y découvrir les terriers occupés par des renards, chats forestiers, blaireaux… L’aspect sonore est également important, puisqu’en appuyant sur des boutons, les visiteurs apprennent à distinguer les cris emblématiques de certains animaux. On peut découvrir de nombreuses espèces comme la Cigogne noire, le grand Corbeau, le Faucon pèlerin (l’animal le plus rapide du monde), le Hibou grand-duc (le rapace nocturne le plus grand d’Europe avec ses 1m80 d’envergure) et l’emblématique grand Tétras présent dans le massif jurassien. L’animateur ne se dit pas très optimiste quant au retour de cette espèce emblématique des forêts de montagnes françaises : « Ils sont protégés mais il n’en reste guère plus de 200 dans le Jura. Le morcellement du territoire, le dérangement humain et la banalisation des paysages sont autant de facteurs limitant l’augmentation de la population. La niche écologique du grand Tétras est complexe et la cohabition avec les activités humaines difficile. »

Remoray Maison de la Réserve Grand Duc
Hibou grand-duc niché dans le massif jurassien,
présent au Mont d’Or
Remoray Maison de la Réserve La salamandre
Espace dédié à La Salamandre, revue pour les 13 à 99 ans, lancé par le jeune suisse Julien Perrot, il y a 40 ans…
Remoray Maison de la Réserve roseaux et faune
Cachés dans les roseaux, Garots à œil d’or, Grèbes huppés, Foulques macroule…

Une salle de projection accueille des conférences et permet de visionner des films naturalistes. A l’étage inférieur, on trouve un laboratoire sur la biodiversité où il est possible de s’adonner à quelques expériences et dont les murs affichent une exposition permettant de comprendre ce qu’est la biodiversité. « On évite au maximum la lecture de panneaux, préférant rendre le visiteur actif, car c’est en manipulant que l’on apprend des choses. » Une belle terrasse en bois, avec vue sur le lac, invite les visiteurs au repos, et leur permet de pique-niquer, à l’abri.

Remoray Maison de la Réserve laboratoire
Remoray Maison de la Réserve laboratoire essais
Remoray Maison de la Réserve laboratoire tests
Remoray Maison de la Réserve  panorama
Remoray Maison de la Réserve exposition
Remoray Maison de la Réserve salle de projection

Visites libres, guidées, sorties découverte

La Maison de la Réserve est un lieu très vivant. Ainsi, on peut y admirer des expositions artistiques de qualité, renouvelées tous les trois mois (peintures, photographies, sculptures…) sur des thèmes naturels.
Chaque année, l’association organise la fête de printemps au cours de laquelle un animal est mis à l’honneur. 2024 verra la nomination du lynx et ce, pour deux raisons : les 50 ans de son retour en France après sa disparition ainsi que l’anniversaire de l’Association des amis de la Réserve. Au programme, activités ludiques pour les enfants, conférenciers, représentants d’associations et d’organismes publics avec lesquels échanger.
Des visites guidées, animées par un guide naturaliste, sont proposées aux groupes, tout au long de l’année, sur réservation. Possibilité également de découvrir la faune sauvage dans son milieu naturel à travers des sorties “découverte” organisées en extérieur lors des vacances scolaires. Un animateur passionné initie à l’identification des oiseaux, à la reconnaissance des traces et indices laissés par les animaux sauvages…

Remoray Maison de la Réserve Vue extérieure

Maison de la Réserve
28 rue de Mouthe
25160 LABERGEMENT-SAINTE-MARIE
– FRANCE
Tél: 03 81 69 35 99
Site internet: http://www.maisondelareserve.fr

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Ferme-Musée La Pastorale à Bonnevaux

 Sise à l’entrée du charmant village de Bonnevaux traversé par le Drugeon (un affluent du Doubs), La Pastorale est une ancienne ferme typiquement comtoise datant de 1826, qui a gardé son cachet d’autrefois. Cet imposant bâtiment de bois témoigne de la vie quotidienne des paysans, producteurs de lait, et de la façon dont ceux-ci s’adaptaient aux contraintes de la moyenne montagne.
En juillet 1994, Jean-Paul Lonchampt, restaurateur à Bonnevaux, achète la ferme et la transforme en ferme-musée. Lors des visites, il prend plaisir à relater les événements liés à la vie dans les villages du Haut-Doubs – notamment après la révolution industrielle – ainsi que les différentes étapes de construction des fermes comtoises : « Dès 1760, les gens ont commencé à vendre leurs terres pour investir dans l’industrie. Les abbayes et églises, vendues à la Révolution au titre de biens nationaux, ainsi que les terres appartenant à la noblesse étaient rachetées, village par village, par les paysans les mieux organisés. Ces derniers auront besoin de faire bâtir de grosses fermes pour y entreposer leur énorme production de fruits, vins, fromages et autres produits offerts par la nature, et y gérer une cohabitation intergénérationnelle. Et bien sûr, pour y abriter les animaux, le foin… On retrouve des traces de construction de ces imposantes bâtisses paysannes jusque vers 1840, après quoi, on ne bâtira plus rien d’aussi grandiose. Il faut dire qu’à cette époque, plus de 85% des Français vivaient à la campagne et seulement 25% en ville. Aujourd’hui c’est le contraire… »

Ferme-Musée La Pastorale casier à grains
Ferme-Musée La Pastorale le jardin
Ferme-Musée La Pastorale fa4ade

Une pharmacie sous la fenêtre 

Jean-Paul Lonchampt montre le jardin potager aux murets de pierre, attenant à la ferme, où étaient plantés semis, plantes aromatiques et pharmaceutiques. Un petit verger adjacent produisait – et produit encore – pommes poires, prunes et parfois mirabelles. Sans oublier l’indispensable citerne : celle de La Pastorale peut contenir 50 m³ d’eau.
A l’époque des guerres napoléoniennes, les Français étant privés de sucre, Napoléon fait cultiver de la betterave. En montagne, cette culture s’avère difficile, voire infructueuse. Alors on multiplie les ruches.
Outre les recettes de pâtisseries rendues possibles grâce au miel des abeilles, le rôle social de ces insectes si utiles s’avérait alors particulier : bénédiction des ruches le dimanche des Rameaux et, coutume ancestrale, l’annonce aux abeilles : un malade à la maison ? On va en informer les abeilles. Un décès ? Un crêpe noir est posé sur la ruche, en signe de deuil. Une personne seule, démoralisée devant une ruche ? Elle a pris le bourdon. Selon Jean-Paul Lonchamp, l’expression “choper le bourdon” viendrait de là. Et des expressions, des anecdotes, le guide et chantre de La Pastorale en connait… un rayon et aime les partager avec ses visiteurs.

Ferme-Musée La Pastorale à Bonnevaux Charpente
Ferme-Musée La Pastorale  Bonnevaux chambre
Ferme-Musée La Pastorale à Bonnevaux livre en latin
Ferme-Musée La Pastorale à Bonnevaux cuisine

L’incroyable charpente qui pourrait, selon son propriétaire, contenir cinq fermes !
Cuisine, chambre, cahier d’écolier qui “savait écrire et en latin “. Souvenirs, charme désuet qui émane de ces lieux qui, autrefois étaient bien vivants. Un cadre qui s’est maintes fois prêté à des tournages de films et téléfilms. 

S’ensuit la visite de l’intérieur de la ferme-musée : la cuisine et sa haute cheminée avec les deux énormes chaudrons dont l’un est destiné à la fabrication du fromage, des crochets pour suspendre les salaisons ; la chambre qui sert de salle à manger et de chambre à coucher : lit clos à rideau pour les parents, berceau pour les petits… Les planchers sont en bois d’épicéa, bois solide adapté aux constructions. Une cave pour stocker le fromage. Et la charpente… « Elle pourrait contenir l’équivalent de cinq fermes », souffle son propriétaire pas peu fier ! « L’ensemble de la toiture repose sur 25 colonnes et la faîtière est posée à seize mètres du sol. Pour garder la rigidité du bois, les chevrons obtenus à partir d’épicéas ont été équarris seulement sur deux faces. » Le tout abritait étable, grange, habitation du fils aîné qui, plus tard, prendra place dans le logis principal, et ainsi de suite…

construction paysanne 

 La Pastorale peut être visitée tous les jours du 1er mai au 30 septembre 
à 15 h 30 ou à 16 h 30 (fermeture le samedi, sauf juillet et août)

Toute l’année sur rendez-vous

La Pastorale:  00 33 3.81.89.77.20

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