Ici, tout raconte une histoire… Construit de 1873 à 1875 par l’architecte français Horace Edouard Davinet, le Grandhotel Giessbach a traversé les époques et plus que jamais, reste un « lieu de félicité et de joie » (Vera Weber, fille de Franz Weber). L’histoire commence par un lac, un bateau et un funiculaire au charme rétro…
“Nulle part, on ne trouve autant de lacs qu’en Suisse. Ces lacs sont comme les yeux de la Suisse, et leur azur lui double le ciel“, écrit Edouard Guillon en 1913 dans son ouvrage “Les Alpes suisses dans la littérature et dans l’art”. Franz Liszt a composé le Lac de Walenstadt; Schubert a mis en musique le poème “Gesang der Geister über den Wassern” (Chants des esprits sur les eaux) écrit en 1779 par Gœthe, inspiré par la chute du Staubbach lors d’un voyage dans l’Oberland bernois; grâce à Byron, Rousseau et tant d’autres, le limpide et pacifique Léman s’avère un des lieux sacrés de la poésie… Comment ne pas être émerveillé devant les eaux à l’incomparable nuance turquoise du lac de Brienz, le plus profond des lacs suisses, qui doit sa magnifique couleur aux particules de sédiments transportées dans le lac par l’eau du glacier qui s’écoule dans la Lütschine et l’Aar.
L’embarquement se fait à partir d’Interlaken. Le bateau à aubes «Lötschberg» s’avance majestueusement le long du lac de Brienz , permettant d’admirer le panorama montagneux environnant. Il fait escale à Iseltwald, village de pêcheurs niché dans une petite baie, sur la rive gauche du lac.
A la descente au débarcadère de Giessbach, le funiculaire historique permet à la clientèle et aux visiteurs d’accéder directement à l’hôtel et aux chutes. Le Giessbachbahn – une voiture rouge et l’autre verte, avec rideaux en tissu, et même un bouquet de fleurs champêtre accroché à l’un des wagons – est le plus ancien funiculaire de ce type en Europe, à une voie avec une place d’évitement qui permet le croisement de deux funiculaires au milieu. Inauguré en 1879, quatre ans après l’ouverture de l’hôtel, le funiculaire gravit un dénivelé de presque 100 mètres. Près de 100 000 rivets font tenir le pont en acier de 190 mètres de long.
Un monde à part et une histoire mouvementée
Sacré «Hôtel historique de l’année 2004», le Grandhotel Giessbach accueille des visiteurs depuis depuis presque 150 ans. Cette demeure historique, au charme naturel, bénéficie d’un emplacement isolé sur une colline dominant le lac de Brienz, au sein d’un parc de 22 hectares et à proximité des légendaires chutes du Giessbach.
Le Grandhôtel de Giessbach a été construit de 1873 à 1875 par l’architecte français Horace Edouard Davinet, sur demande de la famille réputée d’hôteliers Hauser de Wädenswil (Zurich). L’élégance architecturale du bâtiment valut rapidement à ce dernier sa célébrité dans le monde. Un incendie survenu en 1883 se traduisit par le remplacement des coupoles de 1875 avec des tours pointues effilées et par l’apparition de boiseries suisses sur les façades. La réouverture de l’hôtel, en juillet 1884, coïncida avec l’arrivée des premières lampes électriques.
Si de nombreux bâtiments ont vu le jour au Giessbach, beaucoup ont disparu, victimes du temps et des rénovations. Une maison de cure construite en 1855 permet actuellement de loger le personnel de l’hôtel. Un chalet construit dès 1850 fut réaménagé vers 1960. Une ancienne cabane à fondue est le point de départ des visites du parc. Une taverne munichoise se dressait au centre du jardin. Des variétés rares d’hortensias s’épanouissent à l’ombre de l’hôtel. Les fruits et légumes proviennent des serres construites dans les années 1940. A citer également, une glacière remplie d’eau du Giessbach en hiver, une ancienne écurie datant de du début du 19ème siècle et une pension “Beau-Site” au-dessus de l’ancien hôtel « Kurhaus » (1886) qui sera rasée en 1926.
Apogée, fin de l’ère dorée et renouveau
Avant la Première Guerre Mondiale, le Grandhôtel de Giessbach était le lieu de rencontre de têtes couronnées avec leur suite, d’hommes d’Etat,
de diplomates et d’artistes de renom qui vinrent y passer leurs étés. La Première Guerre Mondiale mit brutalement fin à la Belle Epoque et signa la fermeture de l’hôtel. A la fin de la guerre, l’exploitation de l’hôtels reprend, mais les personnes à la tête de l’établissement changent presque chaque année. Deux guerres mondiales et les crises économiques firent alors pâlir l’éclat et la gloire de Giessbach. Après un long déclin, l’hôtel ferma ses portes en 1979. Des projets consistaient à raser la bâtisse d’origine pour faire place à un bâtiment moderne en béton. En novembre 1983, Franz Weber, protecteur de l’environnement connu sur le plan international, parvint, avec l’aide de son association Helvetia Nostra et de la fondation
« Giessbach au peuple suisse » à acquérir le domaine de Giessbach ainsi que ses biens-fonds de 22 hectares et à les faire déclarer « monuments historiques ».
Avec leur charisme et leur force de persuasion, Franz et Judith réunirent, sous la forme d’actions suisses, les fonds nécessaires à l’assainissement et à la restauration de la maison et du parc. En juin 1984, après quatre années d’angoisse, l’hôtel put rouvrir ses portes, provisoirement : la maison était ouverte en été et, durant les cinq hivers qui ont suivi, elle fut restaurée et équipée. En été 1989, l’hôtel ouvrit définitivement et en grandes pompes.
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Les tumultueuses cascades blanches de Giessbach
Les puissantes cascades du Giessbach chutent de 400 mètres en 14 paliers avec une énergie sans pareille ! Après une courte ascension, un sentier conduit directement aux Chutes du Giessbach. La partie du sentier située derrière l’une des cascades est particulièrement fascinante. Plusieurs sentiers longent la cascade. Le regard se pose sur le féérique Grandhôtel Giessbach en contrebas, les montagnes environnantes et au loin, le beau lac de Brienz. Plusieurs sentiers longent la cascade. La nuit, le spectacle naturel est habilement mis en scène grâce à un éclairage savamment installé.
L’eau, c’est la vie…
Sur un dénivelé de 400 mètres, le Giessbach dévale la montagne sous forme de puissantes cascades d’écume qui se succèdent en 14 paliers, tout près du Grandhôtel.
Ces cascades rugissantes font tourbillonner l’eau de manière impressionnante et l’écume rafraîchissante est vivifiante
L’énergie qui émane du Grandhotel Giessbach trouve sa source dans la force de l’eau, avec le Giessen qui descend la montagne en cascade pour se jeter dans les profondeurs du lac de Brienz. Le Grandhotel Giessbach est baigné et porté par cette source d’énergie qu’est l’eau.
Dans une suite de chutes répétées, les grandes eaux se pressent contre les rochers, retombent en écume se répandant en vapeur rafraichissante ! Leur énergie mêlée à celle des arbres et des formations rocheuses ne cesse de surprendre. Quelle que soit la lumière et la période de l’année, la vue à couper le souffle offre des moments si rares de proximité avec la nature.
A l’intérieur de l’hôtel se dégage toute l’élégance intemporelle d’un palace. Le mobilier d’époque, restauré avec soin, respire le charme du XIXème siècle : pianos, billard, lustres étincelants, superbes tapis, beaux objets hérités du passé, salons au canapés de velours, jeu d’échecs devant une fenêtre avec vue sur le lac couleur émeraude; dans les 74 chambres des antiquités offertes par des donateurs privés… Les murs du couloir sont ornés de peinture et gravures représentant le Grandhotel à différentes époques ainsi que les cascades.
Au mur de la grande salle de réunion, on
peut admirer le tableau grand format de Charles Giron (1850-1914) Fête de lutteurs
dans les Alpes, qui est la plus grande peinture sur toile que ce peintre paysagiste et figuratif
ait jamais réalisée. Giron a vécu à Cannes, en Angleterre, en Belgique et aux Pays-Bas et reviendra en Suisse en 1896 où il résidera en différents lieux sur les rives du lac Léman.
Son œuvre la plus connue est Le Berceau de la Confédération, fresque murale créée en 1902
et exposée dans la salle du Conseil national au Palais fédéral de Berne.
Côté cuisine, les restaurants Les Cascades et Le Tapis Rouge proposent une gastronomie de haut vol. Les visiteurs apprécient les belles et spacieuses terrasses très accueillantes, un espace jardin et un parc de 22 hectares qui regorge d’espèces de fleurs et de plantes à découvrir sur un petit circuit.
L’espace jardin et le parc de 22 hectares regorgent d’espèces de fleurs et de plantes que les hôtes peuvent admirer sur un petit circuit. De nombreux insectes rares ont élu domicile dans l’hôtel pour insectes situé au-dessus des serres. Des ruches installées sur le domaine fournissent le miel du parc de Giessbach. La piscine naturelle invite à un barbotage rafraîchissant dans une eau jusqu’à 25 degrés, réchauffée par le soleil.
Grandhotel Giessbach
CH- 3855 Brienz
Tél. : +41 (33) 952 25 25
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Iseltwald, petit village de pêcheurs
Niché dans une petite baie, Iseltwald est le seul village (420 âmes) situé sur la rive gauche du lac de Brienz. Le bateau fait escale au débarcadère jouxtant la place principale de ce petit village de pêcheurs. Parfois un sympathique trompettiste accueille les visiteurs sur un air patriotique, depuis la terrasse d’un restaurant sis au bord des eaux turquoise, très prisé des touristes. C’est ici que le lac de Brienz atteint sa profondeur maximale de 260 m. A faible distance du rivage, s’élève une petite île pittoresque dite Schnäggeninseli, unique île dans tout le canton de Berne qui devrait son nom aux moines du cloître d’Interlaken qui y élevaient des escargots (Schnäggen) présents sur l’emblème du village.
A l’entrée du bourg, une imposante maison blanche au haut toit d’ardoises : d’anciennes photos montrent qu’au tournant du siècle une autre maison s’élevait à l’emplacement du « Seeburg » : l’hôtel Belvédère. Gottfried Siegrist, marchand bernois, acheta ce bâtiment, l’a fait démolir et reconstruire à l’entrée du village. Le portail en fer forgé à l’entrée du parc mentionne la date de 1907. Le bâtiment fut ensuite abandonné pendant vingt ans avant de devenir une maison de convalescence, une école de langues et de commerce en 1971, puis d’économie domestique. Depuis la fermeture de cette école en 1986, le “Seeburg” est un centre de congrès et de conférences.
La faute à… Netflix !
Iseltwald est le point de départ idéal d’une randonnée menant jusqu’aux chutes de Giessbach. Quelques petites plages – privées pour la plupart – invitent à la baignade. Le ponton s’avançant sur le lac est pris d’assaut par de jeunes Asiatiques enthousiastes qui patientent dans une longue file, sous le soleil, attendant leur tour pour réaliser des selfies ou images depuis des drones, preuves et souvenirs de leur passage… La raison de cet afflux : Crash Landing on You, série à succès de la TV sud-coréenne dont certaines scènes se passent en Suisse et notamment sur ce fameux ponton : une mélodie jouée par un jeune homme assis au piano posé sur les lattes de bois, sa dulcinée arrivant par bateau. Romantisme quand tu nous tiens…