C’est à Épineuil-le-Fleuriel, au cœur de la France, dans le département du Cher (région Centre/Val de Loire), que débute l’histoire du Grand Meaulnes, roman devenu mondialement célèbre qui invite au voyage et à la quête de soi dans l’univers mystérieux et poétique de son auteur, d’Alain-Fournier, né le 3 octobre 1886 à La Chapelle-d’Angillon dans le Cher et mort au combat le 22 septembre 1914.

Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189…
 (…) Nous habitions les bâtiments du cours supérieur de Sainte-Agathe. (…)
Une longue maison rouge avec cinq portes vitrées.
Sous des vignes vierges, à l’extrémité du bourg ; une cour immense avec préaux et buanderie qui ouvrait en avant sur le village par un grand portail… »
Ainsi commence le livre écrit par Alain-Fournier.Le Grand Meaulnes Epineuil le Fleuriel ecoleA Epineuil-le-Fleuriel, la maison est reconstituée telle qu’elle était en 1891 à l’arrivée du jeune Henri Alban Fournier et de ses parents instituteurs, alors âgé de 5 ans, et dans laquelle il vécut jusqu’en 1898.
Les meubles, les peintures et les papiers peints, les pupitres, les tableaux noirs, les estrades, les cahiers, les bureaux des maître, les poêles à bois, les cartes géographiques, les panneaux de morale sont ceux du début du siècle.
Epineuil le Fleuriel Le Grand Meaulnes chapelle Ste AgatheEpineuil le Fleuriel Le Grand Meaulnes classe
Dans le roman, le village est dénommé Sainte-Agathe, du nom d’une chapelle romane perchée à 15 km plus à l’ouest. De même que le nom de famille d’Augustin Meaulnes a été inspiré d’un joli hameau voisin: Meaulne.
Au village, on part sur les traces des lieux évoqués dans les chapitres du livre: la ferme du père Martin, le maison du notaire, le café de la veuve Delouche, la maison du gros Boujardon, les Petits coins, le Tumulus, la Belle Etoile, la maison des Tourterelles…
Situé non loin de là, le château de Cornançay a certainement inspiré certaines scènes de la «Fête étrange».

 

Une visite très émouvante
La visite des lieux s’effectue par radioguidage. Musique et commentaires guident le visiteur à travers la cour, où l’on peut imaginer la vie intense qui régnait en ce lieu, les jeux et les cris de la cinquantaine d’enfants sortant de l’école. Puis, on pénètre dans la maison, où le jeune Henri se retrouvait seul, après les cours. Il faisait froid dans l’étroite cuisine, au pied de l’escalier menant au grenier, malgré le petit poêle que Mme Fournier avait demandé à son mari de lui installer.

Epineuil le Fleuriel Le Grand Meaulnes cuisineEpineuil le Fleuriel Le Grand Meaulnes mansarde
Le jeune garçon s’asseyait souvent sur les marches, regardant sa mère faire la cuisine à la lueur des bougies.  Après le repas, Henri montait dans la mansarde qui lui servait de chambre, au milieu des trois greniers. Un baldaquin, un lit de fer et un bâton pour taper le sol s’il avait peur…
De nombreuses photos et portraits de famille sont accrochés aux murs.
 Alain-Fournier Le grand Meaulnes
 « Dans ce livre, il y a tout moi… »
Le Grand Meaulnes n’est pas la seule œuvre d’Alain-Fournier. Ce roman publié en 1913 – sélectionné pour le prix Goncourt, il n’obtint que 5 voix au dixième tour de scrutin – a conquis le cœur de millions de lecteurs. Ce grand classique littéraire – roman d’amitié avant tout – ne cesse d’être lu et étudié dans les classes. C’est d’ailleurs ce que souhaitait son jeune auteur. En 1913, un an avant sa mort, il écrivait à son ami Jacques Rivière: «Je ne demande ni prix ni argent, mais je voudrais que Le Grand Meaulnes fût lu.»
En septembre 1914, le lieutenant Fournier gagne le front de Lorraine, avec son régiment, en passant par la forêt d’Argonne et la forêt de Verdun. Les combats font rage, notamment sur les Hauts-de-Meuse. Il est tué le 22 septembre dans le bois de Saint-Remy, près de la Tranchée de Calonne. Le corps d’Alain-Fournier, retrouvé en 1991 en Lorraine, dans une fosse commune, repose depuis avec ses compagnons  dans la nécropole nationale de Saint-Remy-la-Calonne.
Le très convoité Centre de la France
Selon l’Institut National de Géographie, il existe deux centres géographiques de la France : Vesdun, dans le Cher et Nassigny dans l’Allier. Tout dépend si l’on inclut ou non la Corse dans ces calculs. En plein cœur du Berry, d’autres  villages revendiquent de porter le titre de Centre de la France : Bruyère-Alichamps où le monument surmonté d’un drapeau tricolore trône au milieu d’un carrefour ; autre stèle à Saulzay-le-Potier… Mais d’autres bourgs ou lieudits, plus modestes, ne déméritent pas, comme, au détour d’un petit chemin en rase campagne, cette touchante et simple carte de France faite de bois…
Centre de la France

Texte et photos : Françoyse Krier 

www.berryprovince.com

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