Jef Gianadda
LoveVirus & Nox Generat Lumen

« Seul l’amour sauvera le monde. C’est la première et la dernière réponse possible, l’unique vaccin acceptable et efficace. Amour de soi, de l’autre, de la nature, du vivant, de la vie dans l’immensité de sa diversité. Nous n’avons qu’une seule obligation : propager le virus de l’amour, en contaminer l’univers. Transmettons le virus de l’amour au-delà de toutes les questions, des peurs, des incertitudes ! Soyons courageux et contagieux ! »

Ainsi s’exprime Jef Gianadda, qui présente son travail réalisé lors de ce printemps 2020 : le concept de sculptures LoveVirus, installations de disques d’acier oxydés qui s’agencent et se composent au gré des envies, sur tous terrains jusque – sans tiges – sur les murs… Et sa nouvelle série de sept tableaux intitulés « Nox Generat Lumen » (La nuit génère la lumière). (Visuels ci-dessous : trois des sept tableaux de la série). 

Né à Sion, Valais, en 1962, ce Taureau ascendant Taureau entreprend des études en sociologie et anthropologie ainsi qu’en droit aux universités de Lausanne et Fribourg, avant de trouver sa voie – ses voies – en tant que journaliste, comédien, plasticien. Jef Gianadda expose depuis 1996 (près de 70 expositions à ce jour).
Depuis 1990, il suit également de nombreuses formations dans les domaines de la santé, du soin, de l’accompagnement et de la relation d’aide et s’avère concepteur et animateur des programmes de formation continue et de développement personnel CréActivité (ateliers de créativité relationnelle pour entreprises et particuliers associant expression artistique et conscience) et CoacHarmonia (journées soins et conscience corps-âme-esprit).

Un atelier pas comme les autres

Jef a installé son atelier au rez-de-chaussée d’une ancienne grange. Lieu propice à l’inspiration, l’atelier profondément personnel de l’artiste est à l’image de son propriétaire, original, chaleureux, lumineux. Décalage en liberté où est cultivé l’art des beaux objets, trouvés, récupérés, ou choisis chacun pour eux-mêmes. Une pièce contiguë permet d’accueillir en ses murs des événements tels que concerts, conférences, réunions diverses. Large porte-fenêtre laissant passer la lumière, piano, sièges Louis XV… Atmosphère quelque peu irréelle que l’on ressent en des lieux atypiques…

A propos de son travail artistique, Jef Gianadda dit ceci : « Je préfère suggérer… un univers, une atmosphère, une vibration, voire une énergie. En ce sens, je privilégie le prêt-à-rêver au prêt-à-comprendre. Court-circuiter le mental, le rationnel, le cognitif; chez moi comme chez le spectateur, le “visiteur” (j’aime bien cette idée que l’autre ” visite ” une peinture ou une sculpture, la découvre, comme le ferait un voyageur d’une contrée inconnue). Toucher l’âme plutôt que le cerveau. Là j’ai eu cette espèce d’inspiration, d’idées, alors que nous vivions ce semi-confinement. Je ne suis plus sorti, je suis resté à l’atelier et j’ai créé cette mini série. Tableaux-objets arte povera qui illustrent cette situation où on voit qu’il y a eu une structure. Par endroits elle est encore visible, elle se maintient. Par d’autres endroits, elle est brisée. C’est un peu chaotique… Cette série est composée de sept tableaux, volontairement destructurés, qui se nomment tous Nox Generat Lumen ».

Mystérieuse inspiration…

L’inspiration ? Jef Gianadda tente de démystifier sa façon spontanée, mystérieuse de se manifester. « Parfois me viennent des images, des visions, comme pour les lustres au décor extravagant, les poupées encastrées dans des boîtes de bois peintes en noir, les LoveVirus, ainsi que pour cette dernière série de peintures… Là j’ai une vue de ce que je souhaite faire, et je travaille dans ce sens. Le temps s’arrête. Le silence prend place. On est appelé au-delà de la forme, de l’apparence, touchant au ciel, à l’essentiel. Plus loin que le simple regard, on voit, on perçoit…. Mes peintures comme mes sculptures sont autant d’invitations à dépasser nos limitations pour mieux accueillir l’inconnu, l’occulte et l’inattendu escortés de leur cortège d’émerveillements. Je travaille ainsi, sans aucune perspective ni autre intention de séduction. Quand ce que je propose trouve un écho chez l’autre, eh bien! c’est alors que tout commence. »

Si l’artiste pensait que ses nouvelles œuvres deviendraient vite obsolètes, ce n’est pas le cas puisque la situation connue en ce printemps 2020 ne semble pas s’améliorer. Le public pourra découvrir ses œuvres pour la première fois à l’Espace Murandaz, à Nyon, dès le 29 octobre 2020.

Allier atelier de travail et lieu de vie

Au-dessus de l’atelier, Jef a imaginé et réalisé son “sweet home”. Un loft ouvert très lumineux. Vaste volume du salon qui donne directement sur l’atelier. La bibliothèque en est le coeur : livres chinés, appréciés pour leur couverture froissée soit, mais si belle, ouvrages précieusement conservés aux émouvantes dédicaces… L’œil s’égare sur les petits trésors insolites, collections d’une vie, dont l’artiste se rappelle chaque lieu de leur découverte, les anecdotes qui s’y rapportent. Esprit créatif d’une demeure d’artiste, espace de zénitude et d’exception…

En présentation de l’exposition, ce très beau texte composé par Jef Gianadda, un texte court qui exprime tout ce que chacun peut ressentir : « J’ai voulu illustrer un peu de ce que je ressentais, ce qui était en train de se passer, en ces mois si singuliers… ». (Texte / Photos : Françoyse Krier)