A travers 120 tableaux, quelques dessins, et deux bronzes, l’exposition retrace le parcours et l’évolution de ces infatigables travailleurs, des clartés ensoleillées du Sud de la France aux effets apaisés du Nord.
Henri Martin (1860-1943) et Henri Le Sidaner (1862-1939) : deux artistes liés par une amitié indéfectible, appartenant à la génération symboliste éprise de musique et de poésie, réunis pour la première fois, depuis leur disparition, en Europe au Palais Lumière à Evian. Une magnifique exposition qui retrace le parcours de ces deux figures emblématiques de la Belle Époque, regardés comme deux talents fraternels.
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Rencontre inspirée de deux passionnés de nature
Elancé, simple, affable, Henri Le Sidaner s’exprimait avec retenue. Petit, robuste, timide, combatif, Henri Martin avait conservé l’accent du Midi. Tous deux cultivaient le don de l’amitié. « Nos natures étaient un peu différentes, mais nos visions d’art étaient parallèles et triomphèrent de ma réputation de mauvais caractère créée autour de moi par mes bons camarades. Lui, si bienveillant et si confiant, d’une extrême sensibilité ne voulut pas croire en ces malveillants, et notre amitié ne devait pas finir », mentionnait Henri Martin et de leur amitié qui naquit en 1891 : « Ce fut au palais de l’Industrie où s’organisaient les salons annuels, qu’en avril 1891 nous nous rencontrâmes pour la première fois en retouchant nos tableaux sur lesquels nous placions toutes nos juvéniles espérances de succès. »
Henri Le Sidaner ~ Harmonie et sentiment de paix simple
Né le 7 août 1862 à l’Île Maurice, le peintre Henri Le Sidaner appartient à la génération post-impressionniste. Il a connu de son vivant succès et récompenses, entouré de ses amis tels Eugène Chigot, Monet, Manet, Henri Martin…En 1900, Henri Le Sidaner souhaite acquérir une maison de campagne. Il découvre le Beauvaisis qu’il découvre et tombe sous le charme de Gerberoy, ancienne ville fortifiée, où il s’installe en 1901. En 1904, il fait l’acquisition d’une maison adossée à la Collégiale Saint-Pierre (classée Monument historique), avec jardin, verger à l’abandon. Il construit son Atelier d’hiver dans la cour de la maison, installe dans la roseraie son Atelier d’été et édifie un Temple de l’Amour, réplique de celui qui se trouve au Petit Trianon à Versailles.
Au fil des années, Henri Le Sidaner a fait d’un verger à l’abandon une véritable oeuvre grandeur nature, de 4 000 m2. Henri Le Sidaner décède le 16 juillet 1939 à Paris à l’âge de 77 ans, laissant derrière lui un patrimoine de 4 000 toiles. Les plus grands musées à travers le monde possèdent certaines de ses œuvres immédiatement identifiables, car elles expriment la poésie des sites d’autrefois, l’intimité d’un coin de jardin, d’une table desservie… à Gerberoy.
Henri Martin ~ Charme, poésie et tendresse des sujets
Henri Martin effectue son apprentissage à l’École des beaux-arts de Toulouse, sa ville natale. Afin de parfaire son enseignement académique, il quitte la capitale pour découvrir la lumière et les paysages italiens. A son retour en France, ses aspirations esthétiques font de l’artiste un peintre inclassable : symboliste par son inspiration poétique, voire métaphysique (muses envahissant ses toiles), ou pointilliste et impressionniste (divisions des couleurs par touches irisées). En 1900, l’acquisition du domaine de Marquayrol à Labastide-du-Vert (près de Cahors) marque la vie et l’œuvre de l’artiste. Entouré de sa famille – son épouse Marie Charlotte Barbaroux, pastelliste rencontrée aux Beaux-Arts et leurs quatre fils – le peintre y passe cinq mois par an, pose son chevalet dans la campagne environnante et produit des études ou des tableaux qu’il parachève en hiver, à Paris. Il réinterprète avec constance l’église, le pont et les maisons, la vallée du Vert, son jardin, les habitants, aux différentes saisons et heures du jour. C’est dans la demeure de Marquayrol qu’Henri Martin termine sa vie en 1943.
A chacun son jardin d’Éden
Les deux amis appartenaient pleinement à la génération symboliste éprise de musique et de poésie mais avaient l’amour de la nature chevillé au corps. Ils ont perpétué jusqu’au bout une peinture de l’insouciance et de la contemplation, de la vie bourgeoise, une peinture « tranquille »…
Tous deux ont connu un beau succès de leur vivant. Dans les dernières années de leur vie, les deux hommes font de leur maison de campagne – Gerberoy pour Le Sidaner et Labastide-du-Vert pour Martin – leur retraite estivale et l’une des sources de leur inspiration.
Après une exposition itinérante au Japon, les deux “Henri” sont réunis, jusqu’au 5 janvier 2025, à Évian sous la houlette de Yann Farinaux-Le Sidaner, spécialiste du courant intimiste, et de William Saadé, conseiller artistique du Palais Lumière : douce flânerie à travers le quotidien d’Henri Le Sidaner, douceur des nuances de ses jardins secrets et intérieurs paisibles ; riche production symboliste d’Henri Martin : grands décors pour des institutions comme le Conseil d’État, la Sorbonne, la préfecture de Cahors, le Capitole de Toulouse, la mairie du 6ème arrondissement de Paris, jardins ensoleillés de Labastide-du-Vert, paysages poétiques de Collioure…
Henri Martin – Henri Le Sidaner, deux talents fraternels
Palais Lumière – 74500 Évian
Jusqu’au 5 janvier 2025
Exposition en partenariat avec le musée Singer Laren aux Pays-Bas et le musée Baron Martin à Gray.
www.palaislumiere.fr
Tous les jours de 10h à 18h. De 14h à 18h, les lundis et mardis
Adulte : de 7 à 9 €, Etudiant : 7 €. Gratuit pour les moins de 16 ans.
Visite guidée tous les jours à 14h30 : 4 € en plus du billet d’entrée
Pass Léman France : 7 € pour un adulte titulaire de la carte.