Juan Martínez Triptyque "Miradas Perdidas"
Triptyque “Miradas Perdidas” (photo © F. Bertin)

La superbe Galerie du Château de Vullierens donne carte blanche à l’artiste Juan Martinez pour une rétrospective intitulée « L’art de l’intranquillité ». 
A travers une sélection d’œuvres majeures, cette exposition met en lumière plus de soixante ans de création d’un artiste au parcours singulier, dont la peinture, exigeante, poétique et empreinte d’une profonde sincérité, interroge notre époque avec une acuité rare.

Juan Martínez Arma_rio : intérieur de l'armoire
Arma_rio : intérieur de l’armoire
Juan Martínez Armoire fermée
Les armoires prennent la forme de loges de théâtre.
En les ouvrant, le visiteur se retrouve face à une collection de masques.  Il y a de l’ironie parfois une inquiétante étrangeté…
Armoire fermée (Ci-dessus : © José Félix Garcia)
Juan Martínez Arma_rio armoire ouverte
Arma_rio : armoire ouverte

Entre art brut et poésie visuelle…

Moment fort de cette rétrospective : trois armoires à masques exceptionnellement dévoilées, qui furent présentées une seule fois au public
à Boston au début des années 1980. En ouvrant ces pièces rares, le visiteur se retrouve face à une collection de masques, de visages derrière lesquels chacun pourrait se cacher. Juan Martinez y dévoile une réflexion sur le théâtre social de nos vies, où chaque masque porte sa part de vérité :
En arrivant ici, j’ai commencé par chercher l’emplacement idéal pour ces armoires et toute l’exposition tourne autour d’elles. La première armoire a été élaborée à Mayence, pour un collectionneur et selon un thème qui m’avait plu, soit une étude pour capter la réaction d’un malade face à une œuvre d’art. Il fallait commencer par créer son armoire personnelle, rentrer en soi, savoir que l’armoire est un endroit de déguisement et réveille en nous la conscience des rôles que nous jouons, des apparences que nous adoptons. Quelques-unes de mes armoires sont restées aux Etats-Unis.

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Le crapaud, figure ambivalente, miroir de notre humanité 

Juan Martinez  Après la tempête
A droite : Après la tempête (Photos FK)

Parmi les séries présentées, celle intitulée
« Crapauds » représente le fil rouge. Cet animal au sang-froid, symbole du capitalisme, interroge nos perceptions, nos peurs, nos métamorphoses.
 “A Berlin où je suis resté une année, après la chute du Mur, le fait de parler avec les personnes, surtout venant de l’Est, il fallait que je trouve un symbole pour évoquer le capitalisme agressif. Pour être capable de mal traiter les gens, il faut être de sang froid et le crapaud est un animal à sang froid…

Réflexion sur la condition humaine actuelle

Surnommé L’intranquille, Juan Martinez déploie en ces lieux toute l’amplitude de son univers, entre engagement artistique et réflexion sur la condition humaine, ses ombres et ses lumières, sans jamais céder à la facilité ni à la provocation gratuite. L’artiste mentionne également la connexion agressive générée par les médias, les réseaux sociaux : “On se connecte mais on se déconnecte de ce qui se passe autour de nous…
Un condensé de philosophie, de rage et de rêve. Mélange d’évidence et de mystère. De gravité, de sérénité. D’inquiétude, d’indignation et d’apaisement”. Voilà fort bien décrite, par Françoise Jaunin, critique d’art, la peinture de Juan Martinez, contemporaine et libre des tendances, ancrée dans la grande tradition classique, s’inspirant de maîtres espagnols tels que Goya, Velázquez, ou Tapiès. Œuvres présentes, entre autres, parmi la collection de la galeriste et femme d’exception que fut Alice Pauli.

Juan Martinez Jardin zen
Jardin zen
Juan Martinez Conexiones
Conexiones

Les œuvres de Juan captivent, imposent leur présence, et interpellent. « Que ma peinture provoque rêve ou cauchemar,
peu importe, pourvu que le spectateur bouge ! » s’exclame l’artiste. Impossible de rester indifférent : ses toiles saisissent par leur puissance
formelle et émotionnelle. Formats monumentaux, visages sans concession, instants suspendus…
Sa peinture est un souffle, celui d’un monde qui vacille… 

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Juan Martinez Autoportrait
Autoportrait

Après une formation en architecture à Barcelone, Juan Martinez s’installe en Suisse, où il obtient en 1966 un diplôme de l’École cantonale des Beaux-Arts de Lausanne. Depuis, l’artiste se consacre entièrement à la peinture dans son atelier de Senarclens (VD). Ses œuvres font partie de nombreuses collections publiques et privées, notamment le Musée d’Art et d’Histoire de Genève, le Guggenheim Museum de New York, le Musée Espagnol d’Art Contemporain de Madrid, et le Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. 

Juan Martinez à Vuillerens
Juan présente ses œuvres (©José Félix Garcia)

Le Château de Vullierens entretient une relation intime avec l’art contemporain et ce, depuis de nombreuses années. Son parc de sculptures unique en Suisse accueille aujourd’hui plus de
120 œuvres monumentales d’artistes
suisses et internationaux.

Exposition L’art de l’intranquilité – Rétrospective Juan Martínez
à voir jusqu’au 11 juillet 2025.
Galerie ouverte en mai et juin tous les jours : de lundi au dimanche de 10h00 à 18h00 jusqu’à fin juin.
En juillet : mercredi à dimanche 10h00 à 18h00
Tarifs : adultes CHF 17.-, AVS 14.-, enfants dès 5 ans, 5.- 
Château de Vuillerens – Tél. + 41 79 274 79 64
chateauvuillerens.ch

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