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Château Ferney décor exposition
Dans le dressoir d’argent…
Voltaire médailloon

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Château Ferney décor A table
Dans les cuisines du château de Ferney…

Château de Ferney-Voltaire : le Centre des monuments nationaux présente  « À la table de Voltaire », une exposition en trois grandes étapes symbolisant l’art de la table au XVIIIème siècle, particulièrement chez Voltaire. En entrée, la somptueuse table dite au Grand Couvert qui met en avant l’art de dresser la table, notamment le service à la française. Autre décor, et non des moindres, pour évoquer le rôle de la table chez les philosophes des Lumières où plaisirs gustatifs et plaisirs intellectuels sont étroitement liés et où l’art de la conversation s’épanouit. Agréable parcours en ce lieu de rencontres des esprits brillants de l’Europe des Lumières. A découvrir et… à savourer jusqu’au 4 janvier 2026.

Le Gotha de la philosophie à table

Dîner des Philosophes, par Jean Huber.

Pour son huile sur toile intitulée Le dîner des philosophes, l’artiste genevois Jean Huber choisit de réunir Voltaire, Diderot (qui n’est jamais venu à Ferney) , Grimm, d’Alembert et Marmontel autour d’une table bien garnie. Cette scène d’intérieur fictive représente Voltaire le bras levé tandis que Marmontel et son compagnon de voyage, Gaulard, assis à sa table l’écoutent. Même geste du patriarche dans le tableau destiné à Catherine II et qui se trouve maintenant à la Voltaire Foundation d’Oxford. Les convives sont placés dans un riche décor : nappe blanche, verreries, argenterie. Un domestique emporte quelque plat, trois autres sont debout autour de la table, l’un pouffe de rire, le second écoute, le troisième, la serviette sur le bras, se penche pour servir ou desservir. 

Reproduction du Dîner des Philosophes, par Jean Huber. 1772-1773

Autour des tables fréquentées par Voltaire

Potsdam et Sans-Souci. Moment de plaisir autant que d’échanges, le souper est une scène où se mêlent politique, philosophie et littérature. Dès son arrivée en Prusse, en juillet 1750, Voltaire fait grande publicité à ces soupers où Frédéric II est « le plus aimable des hommes, le lien et le charme de la société ». Il gardera longtemps la nostalgie de ces «repas de Platon ».
” Un souper sans Voltaire, c’est une bague sans diamant “, mentionne l’un des convives assistant à un souper à Potsdam où, comme chez Voltaire, l’esprit se déguste autant que les mets raffinés et l’amitié s’exprime aussi bien dans les mots que dans les plaisirs de la table. Les témoignages s’attachent à restituer sa conversation éblouissante.

A Cirey, Voltaire lie avec Emilie du Châtelet plaisirs de la table et jeux d’esprit. Le philosophe des Lumières y passe une délicieuse retraite, partageant la vie et les études de celle qui fut « la première femme scientifique en France ». Les invités doivent se conformer à la routine du couple, se rassembler à onze heure dans la galerie pour un café qui dure une heure et demie accompagné parfois de lectures à haute voix. Ce beau monde se retrouve le soir vers neuf heure pour le souper, repas principal de la journée, qui se prolonge souvent tard dans la nuit. « Le souper n’est pas abondant mais il est recherché, propre, beaucoup de vaisselle d’argent. On parle poésie, science, le tout sur un ton de badinage… », écrit Madame de Graffigny, femme de lettres lorraine. On boit du vin de champagne, on mange du gibier et des produits de la ferme, servis dans de la vaisselle en porcelaine de Chantilly et un service en faïence de Nancy. Après souper, on parle poésie, on se distrait avec des marionnettes et des pièces jouées dans le petit théâtre installé sous les combles. Émilie interprète plusieurs pièces, dont par celles de Voltaire qui monte également sur les planches. 

Catherine II de Russie a nourri… une sincère admiration pour Voltaire. leur échange épistolaire concernait la politique, l’histoire, la philosophie, le littérature et les arts. Les détails de la cuisine ou de repas étant épistolairement peu évoqués, faute de pouvoir décrire les menus de la table impériale, Voltaire a dû se contenter d’une table “à distance”.

Ferney A table Voltaire Chez Frédéric II
A la cour de Frédéric II
Ferney A table Voltaire La table d'argent
La table d’argent
Ferney A table Voltaire Chez Stanislas
A la cour de Stanislas

Aux Délices comme à Ferney, stimuler les papilles signifie, en effet, se mettre dans les meilleures dispositions possibles en vue d’une joute philosophique. Être invité à la table de Voltaire, comme le fut Casanova, de passage aux Délices, s’assimile donc à un moment de lecture, voire une “passe d’armes”. “Je ne vous dissimulerai pas même que je n’aime point du tout qu’on se parle à l’oreille quand on est à table, et qu’on dise ce qu’on a fait hier à son voisin, qui ne s’en soucie guère, ou qui en abuse : je ne désapprouve pas qu’on dise Benedicite ; mais je souhaite qu’on s’en tienne là, parce que si l’on va plus loin on ne s’entend plus ; l’assemblée devient cohue, et on se dispute à chaque service. “

Rentrant d’un voyage en Russie, Dominique Vivant, baron de Non, devenu grâce à sa conversation brillante et à ses talents de graveur, conservateur du cabinet des Médailles de la marquise de Pompadour, s’invite à Ferney. Voltaire l’accueille à bras ouverts et le convie à souper dans sa « caverne ». Lors de son séjour. Le baron décrit ainsi un « Déjeuné de Ferney » : “le patriarche est couché en bonnet de nuit ; assise devant une petite table où le café est servi, la plantureuse Mme Denis (…) à la tête du lit une chambrière accoudée”.

Voltaire hypocondriaque, promoteur du végétarisme ?

Au déjeuner, du chocolat ou du café. Tragédien, sociétaire de la Comédie française, Henri Louis Cain, dit Lekain, raconte qu’admis pour la première fois à la table de Voltaire, ils consommèrent tous deux « une douzaine de tasses de chocolat mélangé avec du café. Rien d’autre ne fut servi. » Être invité à la table de Voltaire, comme le fut par exemple Casanova, de passage aux Délices – s’assimile davantage à un moment de lecture. 
En vieillissant, Voltaire mange quand il en a envie, soupe entre neuf et dix heures et va se coucher entre onze heure set minuit. Un quart de vin par repas lui est suffisant, de préférence du Corton. Vers la fin de sa vie, le philosophe des Lumières renonce à manger de la viande par souci de santé. Une occasion pour lui de s’intéresser au sort de l’animal de boucherie.

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Le dressoir d’argent, ou l’art de montrer
sa fortune et sa puissance.
Ferney Le cabinet de porcelaine ou l'art de la collection
Le cabinet de porcelaine ou l’art
de la collection au XVIII ° siècle.
Ferney Le dressoir de verres et d'argent.
Le dressoir de verres et d’argent.
Quand le vin se buvait au verre !

 Dans une lettre à un certain M. Clément, Voltaire écrit : “J’avoue que mon estomac ne s’accommode point de la nouvelle cuisine. Je ne puis souffrir un ris de veau qui nage dans une sauce salée, laquelle s’élève quinze lignes au-dessus de ce petit ris de veau. Je ne puis manger d’un hachis composé de dinde, de lièvre, et de lapin, qu’on veut me faire prendre pour une seule viande. Je n’aime ni le pigeon à la crapaudine, ni le pain qui n’a pas de croûte. Je bois du vin modérément, et je trouve fort étranges les gens qui mangent sans boire, et qui ne savent pas même ce qu’ils mangent.”
L’inventaire de sa cuisine, dressé après sa mort en 1778, fera état de quarante-neuf plats dont vingt-et-un ronds, treize casseroles, une grande poissonnière et force braisières, tourtières, poêles, grils, marmites et autres lardoires… 

Ferney : Dans les jardins de Voltaire...
Dans les jardins de Voltaire…
Ferney vaisselle bleue
Un instant privé, imaginaire, avec Catherine II de Russie.
Ferney Madeleines de Commercy, babas Stanislas
Madeleines de Commercy, babas pour le roi Stanislas (fk)

Art de recevoir, beaux objets hérités du passé…

Grâce à cette très magnifique exposition, les visiteurs découvriront que la table au siècle des Lumières est aussi un lieu de pouvoir, intellectuel comme politique. Les repas permettent de créer des alliances, de désamorcer les tensions et de conclure des accords. 
Les collections présentées dans une belle scénographie de Jean-Louis Janin Daviet rassemblent des œuvres exceptionnelles, comme nous les présente Jacqueline Queneau, auteure de Les arts de la Table, Us et coutumes du Moyen Âge jusqu’à nos jours (Ed. La Martinière) : linge de table raffiné, candélabres en argent, couverts en étain, faïence de Niderviller, de Sceaux, porcelaine de la Compagnie des Indes, de la Manufacture de Sèvres, du Vieux-Paris…

Crédit photos : © JLJD

Château de Voltaire à Ferney
Allée du château
01210 Ferney-Voltaire
Tél. 04 50 40 53 21
Exposition A la table de Voltaire :
jusqu’au 4 janvier 2026
Horaires : 10h30 à 12h30 et 14h à 16h
Tarif : 7,5 euros adulte / Gratuit -18 ans

ferney - exposition Couverts à la table d'argent
Toute l’élégance de la “Table d’argent” (fk)

Informations et réservations :
www.chateau-ferney-voltaire.fr 

Le 14 juin : Pique-Nique des Lumières
Visite thématique : A la table des Lumières ! Le 14 juillet, le 15 août, le 22 octobre, le 29 octobre, le 24 décembre.
Le 14 juillet, le 15 août, le 22 octobre, le 29 octobre, le 24 décembre :
Atelier –Bienvenue chez L’aubergiste de l’Europe.

  

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