Niché dans un cirque naturel à la végétation luxuriante, le beau village de Conques qui fut un haut lieu de la Chrétienté, est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Depuis le XIIème siècle, l’abbaye Sainte-Foy est une étape majeure sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Les verrières non colorées translucides ont été conçues par le peintre Pierre Soulages, originaire de Rodez. 

Aveyron vue de Conques
Une étape aveyronnaise
Conques, joyau de l’art roman, est célèbre grâce à son église abbatiale Sainte-Foy. Depuis ce site, convergent  deux itinéraires du pèlerinage vers Compostelle, dont celui de Rodez. Les pèlerins venant du nord traversent Espalion, bourg nommé « premier sourire du Midi » où les façades de maisons pittoresques, anciennes tanneries, se reflètent dans le Lot.

La route qui mène de Rodez à Conques donne un bel aperçu des paysages de l’Aveyron : bois et champs à perte de vue, villages aux maisons de pierre et aux tuiles bleutées, viaducs à l’horizon, vignoble de Marcillac, cascades et rivières qui chatoient et s’irisent au soleil. Le village médiéval de Conques apparaît, au fond d’une vallée, avec ses maisons resserrées autour de l’abbatiale Sainte-Foy. Sur les eaux capricieuses du Dourdou, fut édifié en 1410, le magnifique pont en grès rouge dit « romain », franchi par de nombreux pèlerins.

Aveyron maison de Conques Aveyron abbaye Conques

Village étape de qualité
Halte incontournable sur le chemin du Puy qui mène à Saint-Jacques de Compostelle, Conques fait partie des dix plus beaux villages de l’Aveyron : rues pavées où il fait bon flâner à la découverte d’un patrimoine architectural merveilleusement conservé, réseau de ruelles étroites où des artisans perpétuent un savoir-faire ancestral, fontaines, maisons en pierre de taille – qui prennent des teintes héritées du passé : grès rosé, schiste bleuté, calcaire mordoré –, aux pans de bois et toitures de lauzes, flanquées de petits jardins où fleurissent roses, chèvrefeuille, glycines odorantes…

En bas du bourg, c’est avec émotion et admiration que les visiteurs, les pèlerins se retrouvent face à  l’abbaye de Sainte-Foy. Entouré de jolies maisons formant une place harmonieuse, ce haut-lieu de l’art roman se laisse découvrir : ses 250 chapiteaux, le tympan du Jugement dernier (XIIème siècle) et ses 124 personnages, chef-d’œuvre de sculpture qui surplombe la porte d’entrée de l’édifice, ses vitraux contemporains, mais aussi le trésor de Sainte-Foy, un reliquaire recouvert d’or et de pierres précieuses.

Aveyron ange sculpture abbaye sainte Foy Conques

Tout commença au VIIIème siècle…
…lorsqu’un ermite, Dadon ou Datus, se retire en ce lieu pour y mener une vie contemplative. La construction de l’abbatiale actuelle commencée sous l’abbé Odolric (1030-1065) semble s’être terminée sous l’abbatiat de Boniface (1107-1125) et devint dépositaire des reliques de Sainte-Foy, jeune martyre chrétienne. Des miracles se succédèrent, attirant des foules de pèlerins venant intercéder la sainte en leur faveur. Des marchands s’installèrent autour de l’abbaye. La renommée de Conques atteignit son apogée aux XIème et XIIème siècles.

Les premiers signes de déclin apparaîtront au début du XIIIème siècle. Au XVIe siècle, les Protestants incendient le bourg, et des épidémies comme la peste, les famines, ont raison de Conques. L’abbaye subit de grands dommages pendant la Révolution. Les habitants parviennent à sauver le trésor, mais le cloître est détruit. L’ensemble est laissé à l’abandon jusqu’à l’intervention de Prosper Mérimée en 1837, premier inspecteur des Monuments historiques qui permet d’entreprendre la restauration de l’abbaye. Depuis 1873, l’abbatiale est occupée par une communauté de Prémontrés.

Durant plus d’un siècle, jusqu’après l’an 2000, les travaux de restauration se sont poursuivis, et l’édifice a été doté de nouveaux vitraux, qui furent conçus, dessinés et installés par l’artiste rouergat Pierre Soulages.

Aveyron intérieur abbaye Conques Aveyron vitrail intérieur abbaye sainte Foy Conques Aveyron orgue abbaye sainte Foy Conques

Sobriété du lieu, forêt de chapiteaux
A l’intérieur, l’œil est attiré par la lumière intensifiée par les vitraux, inaugurés en 1994. Entre 1987 et 1994, après de longs essais, Pierre Soulages réalise les 104 vitraux de l’église abbatiale Sainte-Foy-de-Conques, créant un verre non coloré et translucide qui respecte les variations de la lumière naturelle. L’artiste les décrit comme « une source de lumière, dans le plus grand respect de l’architecture romane et de l’émotion qu’elle suscite ». Ils révèlent une lumière qui «propose de la contemplation, du silence, de la concentration, de l’intériorité ».

La nef étroite (6,80 m) culmine à 22,10 m. La voûte est en berceau avec six arcs doubleaux. Les 250 chapiteaux historiés, coiffant colonnes et supportant arcades et voûtes, se répartissent à la retombée des grandes arcades du déambulatoire, du transept et de la nef, aux tribunes. La plupart évoquent des thèmes profanes dont plusieurs seraient empruntés à la Chanson de Roland. Les grilles en fer forgé du chœur ont été fabriquées, dit-on, avec les fers des captifs délivrés par l’intervention de Sainte-Foy.

L’accès aux tribunes, aménagé et sécurisé, offre une vue plongeante d’un effet saisissant et donne lieu à un véritable émerveillement né de la vision des piliers romans s’élançant vers le ciel, des perspectives intérieures de l’édifice, de la découverte des vitraux avec une approche directe du travail créatif de l’artiste qui s’exprime ainsi : « Le plan est vraiment très compact. A cette compacité s’ajoute la force de l’épaisseur des murs (…). Alliée à cette force il y la grâce qui naît de l’élan des colonnes et des piliers alternés d’une des plus hautes nefs de l’art roman. Je pense que c’est dans cette alliance que se trouve l’origine de l’émotion ressentie dans ce lieu ».

Aveyron tympan abbaye sainte Foy ConquesLe tympan, bible à ciel ouvert 
A 3,50 mètres du sol, le tympan représente le Jugement dernier d’après l’Evangile selon St. Matthieu.Paix céleste, chaos et confusion de l’enfer, supplices, traces importantes des couleurs (bleu pour le ciel, rouge pour l’enfer)… Tout a été mis en œuvre pour inspirer de la crainte à ceux qui ne savaient pas lire. L’ensemble est divisé en trois niveaux et comporte 124 personnages. Le Christ trône en majesté, entre deux anges sonneurs de cor, avec à sa droite les élus, et les damnés à sa gauche.

Au niveau médian, le cortège des élus en marche, la Vierge Marie et Saint-Pierre suivis par l’abbé Dadon, Charlemagne, personnages ayant marqué l’histoire de l’abbaye… Sainte-Foy à côté des menottes des prisonniers qu’elle a libérés. Des anges-chevaliers repoussent les damnés essayant d’échapper à l’Enfer. Un ivrogne est pendu par les pieds.

Au troisième niveau, le Paradis présidé par Abraham. Un ange fait entrer les élus. La partie droite est consacrée à l’enfer où sont châtiés les péchés capitaux: l’orgueil, désarçonné d’un cheval, l’avarice pendue haut et court avec sa bourse, la langue de la médisance arrachée par un démon, l’adultère représenté par une femme, liée par le cou avec son amant. Sur le linteau, une phrase : « Pécheurs, si vous ne réformez pas vos mœurs, sachez que vous subirez un jugement redoutable ». On imagine sans peine les pèlerins sur le parvis en train de déchiffrer les scènes, une à une.

 

Aveyron trésor sainte Foy Conques La Majesté de Sainte-Foy
La salle du trésor, ouverte aux visiteurs, contient un ensemble exceptionnel de pièces d’orfèvrerie, reliquaires divers, d’autels portatifs, de châsses précieuses. La pièce maîtresse du trésor est sans nul doute le reliquaire de sainte Foy, datant du IXème siècle, destiné à abriter les reliques de la jeune martyre.

La statuette de 85 cm de haut représentant la sainte assise sur un trône, est recouverte de plaques d’or et d’argent doré, ornée de pierres précieuses, de camées antiques, de perles fines et d’émaux. Objet de culte, ce reliquaire est exposé une fois par an, en octobre.

« On connaît peu d’endroits qui parlent davantage à l’esprit et au cœur »… Paroles de l’écrivain catholique Daniel Rops qui qualifiait Conques de « merveille du Rouergue ».

 

(Texte et photos  © Françoyse Krier) 

 

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