Cette magnifique exposition si bien mise en scène invite à plonger dans un univers imaginaire et empreint de poésie. Après trois résidences au Château de Prangins, et une passion toujours intacte pour les végétaux, les deux artistes Sandrine de Borman et Patricia Laguerre présentent
leurs créations réalisées avec les plantes du Potager ainsi qu’avec celles du parc et des alentours.

Château de Prangins Accrochages Robe papier chinois
Château de Prangins Accrochages Chaussures collage
Robe en papier chinois avec la technique d’impression végétale du “bundle dye”, rehaussée par un papier peint aux motifs de cartes postales anciennes du Château de Prangins et du potager. Haut en tissu. Collages pour les chaussures

Plasticienne, fascinée par chaque plante, Sandrine de Borman questionne le monde végétal et invite à le regarder autrement. Elle invente des techniques originales d’impression qui révèlent les structures et les principes actifs des plantes, de manière écologique. Elle créée des tatakizomés en martelant les plantes les plantes sur un support et fabrique aussi des impressions sur papier sans encre ajoutée appelées phytopressions.

Dès 2012, la photographe Patricia Laguerre expérimente la cyanotypie, un procédé photographique du XIXème siècle. Elle apprécie le côté tactile des papiers et crée des empreintes d’encre de végétaux. Fascinée par le processus du dévoilement, l’artiste utilise le cyanotype pour réaliser des images monochromes, bleues cyan, de végétaux qui apparaissent sous l’effet des rayons solaires. L’artiste lausannoise utilise surtout du papier chinois fabriqué à partir de fibres du mûrier. Le cyanotype présente une grande stabilité dans le temps et chaque épreuve est unique.

Château de Prangins Accrochages oshi zomé 1
Château de Prangins Accrochages oshi zomé 2
Château de Prangins Accrochages oshi zomé 3
Château de Prangins Accrochages oshi zomé 4

Galerie de plantes-ancêtres oshi-zomés, pressées sur le papier issu des arbres, bordées de cadres anciens.

Les plantes sont nos ancêtres

Les plantes réussissent une cohabitation équilibrée depuis 300 millions d’années avec les autres espèces. Elles améliorent leur environnement :
l’air et le sol.
Retrouver les herbes aromatiques du potager, y collecter des plantes tinctoriales dont certaines dont certaines comme l’indigo ont teint les Indiennes. Créer des robes avec elles, tataki-zomées ou jouki-zomées. Choisir les herbes folles et en poser dans une boîte d’herborisation ou vasculum, glanée en vide-grenier et utilisée par les naturistes et les familles au XIXème siècle.

Château de Prangins Accrochages robe tronchine
Château de Prangins Accrochages noren
Le noren est un rideau japonais pendu traditionnellement devant les palais. Il invite à baisser la tête et à entrer en conscience dans le lieu qui nous accueille.
Château de Prangins Accrochages Robes-tronchines

Tatakizomé : des feuilles et autres éléments végétaux frais sont martelés sur du tissu (pour le tataki-zomé) ou pressés sur papier (pour l’oshi-zomé). L’alchimie de ces deux procédés est la même. L’impression est créée par les tanins et autres composants biochimiques libérés par la plante.

Jouki-zomé : les plantes glanées sont roulées serrées dans un textile (robe, tissu long) autour d’un bambou trempé dans un fixatif, alun ou fer, puis mises à chauffer dans un cuit-vapeur quelques heures. Cela donne des empreintes plus oniriques.

Château de Prangins Accrochages robe et galets
Château de Prangins Accrochages robes et gigoteuses

Coller sur une fourche, sur des objets en bois ou des bois flottés du Léman, les empreintes végétales glanées et rentrer par la cour du château sur les frottages bleus de ses galets…

S’enrober de nature…

Au XVIIIème déjà, le médecin genevois Tronchin prescrivait des marches à la campagne d’où la création du mot tronchine, robe courte et simple, sans panier, pour faire des promenades hygiéniques. Le mot “tronchiner” exprimait l’action de se promener en souliers plats, un bâton à la main. En référence à cette pratique avant-gardiste, Patricia Laguerre a imaginé des “tronchines” végétales à partir de vêtements souvent anciens, chinés dans des brocantes.
Des robes-tronchines et gigoteuses chinées en vide-grenier peuplent une salle d’exposition, robes d’antan portées tant par des hommes cultivateurs et forestiers que par des femmes parfois sorcières, guérisseuses et glaneuses.

Château de Prangins Accrochages dessin robe
Château de Prangins Accrochages robe enfant
Château de Prangins Accrochages Empreinte de vêtement
Château de Prangins Accrochages silhouette de robe

Robes-tronchines. Empreintes de vêtements et silhouettes de robe obtenues par technique mixte, procédé cyanotype notamment. Epreuve uniques.

Le procédé du photogramme est développé dans les années 1830, au début de la photographie sans appareil photo. Le rendu est influencé par
l’âge du papier, sa marque, la durée d’exposition, l’épaisseur du végétal… Les images sont scannées et imprimées sur papier photo en vue de
leur conservation.

Impressions végétales ~ Sandrine de Borman et Patricia Laguerre
Jusqu’au 19 juin 2022
Château de Prangins Musée national suisse

Av. Général Guiger 3 1197 Prangins
www.chateaudeprangins.ch

Château de Prangins Accrochages éléments végétaux sur papier
Photos Françoyse Krier

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