Château de Gruyères
Promesses de l’an nouveau

Calendriers, cartes de vœux, porte-bonheurs, rites du 31 décembre pratiqués en Europe, traditions encore vivantes dans plusieurs régions helvétiques… Jusqu’au 14 janvier 2024, le Château de Gruyères lève le voile sur l’histoire de la Saint-Sylvestre et les symboles qui accompagnent les festivités du Nouvel An.

Pour son exposition hivernale Promesses de l’an nouveau – Origines et rites de la Saint-Sylvestre, à la croisée de 2023 et 2024, le Château de Gruyères fait plonger le public au cœur de la tradition de la Saint-Sylvestre et propose d’explorer les rites de passage vers l’an neuf. L’exposition se concentre sur le nouvel an qui se place sous le calendrier grégorien. La gestion du temps y est très présente : almanachs avec accès au calendrier, horloges, montres à gousset, pendules à poser sur les tables dont l’une provenant de la Maison Lépine à Paris, avec complications, saut automatique du 28 février, belles phases de la lune…

Célébré le 31 décembre, ledit saint Sylvestre est pourtant un illustre inconnu : sous le nom de Sylvestre I^er, il est le 33^ème pape de l’ère chrétienne. Son pontificat débute en 314 et dure jusqu’à sa mort, le 31 décembre 335. Canonisé à la fin du IV^ème siècle, le premier saint non martyr se voit en revanche attribuer plusieurs « miracles » : le baptême et la conversion de l’empereur Constantin en vue de le guérir de la lèpre, la résurrection d’un taureau ou encore le domptage d’un dragon…

Pour commémorer ce personnage méconnu, l’artiste fribourgeois Jérôme Berbier a réalisé, spécialement pour cette exposition, une représentation du saint en toile de coton, de lin et en pin sylvestre, intitulée Sylvestre pour l’éternité : visage du saint en pin sylvestre remplaçant l’ivoire, toiles de lin et de coton substituant à l’or pour évoquer les vêtements d’apparat, avec, à ses côtés, le taureau et le dragon.

Dans la Rome antique, le 1^er janvier devenu le premier jour de l’année est alors dédié à Janus, dieu aux deux visages, dont le nom signifie «passage». Une célébration qui est l’occasion de réjouissances : les Romains s’adressent des vœux de bonne année et échangent des cadeaux.

Traditions, superstitions, symboles

Cette tradition chinoise remonte vraisemblablement au X^ème siècle : pour la nouvelle année, les notables s’envoient des cartes de visite en papier de riz sur lesquelles sont calligraphiés le nom et les qualités du destinataire. Jusqu’au XVIII^ème siècle, en Occident, il est d’usage de présenter personnellement ses vœux lors d’une visite et d’offrir un petit présent ou un porte-bonheur.

La fin du XIX^ème siècle voit l’apparition de la carte postale pour l’envoi des vœux. Produites en série, les cartes sont ornées de paysages hivernaux, de saynètes ou de porte-bonheurs (trèfles à quatre feuilles, fers à cheval, cochons, ramoneurs…). Au début des années 2000, les souhaits prennent des formes digitales à tel point que le réveillon du 31 décembre 2008 représente un record en Suisse avec un échange de 106 millions de messages, sms, envoi de photos.

Si le dernier jour de l’an est pour beaucoup prétexte à festoyer, l’occasion de se déguiser ou de s’apprêter avec élégance. Si d’anciennes traditions qui ont pour but de chasser les mauvais esprits, se perpétuent encore, d’autres se sont quelque peu transformées au fil des siècles.
Ainsi, en Italie, manger des lentilles le 1^er janvier garantit une année prospère et le port d’un sous-vêtement rouge la nuit du 31 décembre promet chance et amour. Dans certaines régions belges, on déguste une choucroute avec une pièce de monnaie placée dans la main ou sous l’assiette afin d’assurer la sécurité financière de l’année à venir.

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Tumulte audiovisuel, cycles des saisons, fragrance éphémère…

Year Review, 2022. La fin de l’année est aussi l’occasion de se remémorer les événements forts survenus lors des douze mois écoulés et incite à la réflexion, aux projections et aux bonnes résolutions. L’artiste biennois Cee-Roo crée chaque année un impressionnant montage alliant sons et vidéos, entremêlant ainsi, pour 2022, feux de forêt en Europe, guerre en Ukraine, décès de la reine Elisabeth II… Il joue avec des images et des sonorités que le public découvre dans une des salles de l’exposition. Si le montage de l’année dernière est impressionnant, le tout se termine néanmoins par une note d’espoir.

Sentenda, œuvre de Luis Origine, se découpe selon plusieurs cycles : saisons, mois lunaires et jours. Les calques associés permettent une association des différents temps qui jalonnent une journée, en fonction d’un lieu, de ses températures et de la durée du jour.

Maeva Rosset, artiste olfactive qui capte l’éphémère, présente Métanoïa, une création originale. Dès l’entrée de la salle, le visiteur perçoit une fragrance aux accords musqués, festifs et nostalgiques diffusée par de multiples petits papiers tapissant tout un mur… Le parfum qui s’en dégage appelé Bombe de table a été créé tout exprès pour l’exposition : l’artiste et les parfumeurs consultés ont essayé de retrouver le poivré, le fumé qui se du carton qui explose…