Château de Gruyères ~ En attendant Noël
Calendriers de l’avent historiques

Le Château de Gruyères présente la tradition centenaire des calendriers de l’avent. Des précurseurs religieux aux calendriers promotionnels,
en passant par des illustrations traditionnelles, l’exposition révèle un monde de surprises à découvrir patiemment jusqu’au 21 février 2021.

Lorsque pointe le mois de décembre et que Noël approche, il est parfois difficile de ne pas s’impatienter tant la promesse de célébrations et de cadeaux se fait grandissante. Petits et grands commencent alors le décompte des jours qui les rapprochent du 25 décembre…
Cette année, l’historienne de l’art et commissaire d’exposition Marie Rochel vous invite à ouvrir les portes de l’histoire des calendriers de l’avent.
Elle se penche sur les origines de cette tradition, sur les formes étonnantes que prenaient les premiers exemplaires et sur les différents styles d’illustration que vous ne manquerez pas de reconnaître.

Trois collections suisses exceptionnelles sont présentées dans deux salles qui retracent l’évolution du calendrier de l’avent, du tout premier calendrier de l’avent commercialisé au calendriers promotionnels, calendrier à déplier, à tourner, à paillettes, à cadran, à feuillets, à volets,
musicaux et même un exemplaire géant à manipuler… Selon la liturgie, le temps de l’avent débute le 4ème dimanche avant la Nuit sainte et la naissance du Christ. Si la pratique religieuse est toujours vive au début du XXème siècle, une autre apparaît en parallèle : le calendrier de l’avent.

A partir du milieu du XIXème siècle, les célébrations de la période de l’avent se développent dans les familles bourgeoises et conservatrices. Noël devient progressivement une fête intime dont les cadeaux aux enfants constituent le point d’orgue. Pour les faire patienter jusqu’au 25 décembre,
les parents redoublent d’imagination et cette période d’attente se vit différemment selon les régions. (Visuels ci-dessus : En attendant Noël, vue d’exposition © Château de Gruyères)

En 1903, le libraire et éditeur munichois Gerhard Lang imprime le premier calendrier type destiné à une large diffusion. Intitulé Im Lande des Christkinds, l’objet connait un large succès. On voit dès lors apparaître plusieurs formes de calendriers qui se composent de blocs de feuillets à détacher, des lanternes ou des cadrans. Il faudra attendre près d’une vingtaine d’années pour découvrir, en 1920, le premier calendrier de l’avent à volets dessiné par Dora Baum que les concurrents ne manqueront pas de copier. Les modèles avec fenêtres s’imposent comme format usuel pour les calendriers de l’avent. Derrière chacun des volets apparaît une image imprimée sur une deuxième couche de papier collée à l’arrière. Jusque dans les années 1930, la maison d’édition Reichhold & Lang à Munich a la réputation de publier les œuvres les plus imaginatives dans ce domaine.

Le tic-tac de l’horloge ne se fait pas entendre et l’aiguille avance bien lentement avant d’atteindre le 24 décembre. Mais c’est sans doute avec la minutie d’un horloger que les enfants déplacent l’aiguille des calendriers de l’avent à cadran. Il existe des exemples de ce type de calendrier fabriqués entièrement à la main à domicile au siècle précédent. L’aiguille est parfois remplacée par un disque dissimulé derrière des illustrations.
En le tournant, des dessins ou le décompte des jours apparaissent dans les cases évidées.

A partir du milieu du XIXème siècle, les célébrations de la période de l’avent se développent dans les familles bourgeoises et conservatrices. Noël devient progressivement une fête intime dont les cadeaux aux enfants constituent le point d’orgue. Pour les faire patienter jusqu’au 25 décembre,
les parents redoublent d’imagination et cette période d’attente se vit différemment selon les régions.

Chez les catholiques, la lecture quotidienne de la Bible à l’église ponctue le temps de l’avent, alors que les protestants exercent leur dévotion dans
le cercle familial. Les premiers témoignages du décompte des jours apparaissent sur les murs, les portes ou les armoires Sur lesquels sont tracées des lignes à la craie. En Scandinavie, une bougie à crans est progressivement brûlée tout au long du mois de décembre. Plus tard, apparaissent des lanternes, en forme de maisonnettes. Chaque soir, une fenêtre est ouverte et la lumière d’une bougie révèle alors un nouveau verset biblique.

Les calendriers de l’avent profanes éclipsent rapidement les calendriers religieux en termes de ventes. Les versets sont remplacés par des illustrations de jouets dissimulées derrière les fenêtres et les symboles chrétiens poursuivent leur cohabitation avec les motifs de Noël. Il n’est pas rare de retrouver le Père Noël au pied de l’escalier du Paradis, alors que les anges et les lutins se disputent la mission de préparer les cadeaux ou
les biscuits de Noël.

Les calendriers de l’avent se répandent rapidement en Allemagne, puis dans les pays voisins germanophones. Les familles envoient des exemplaires à leurs proches en Suisse, en Autriche ou en Suède avant d’être exportés en Grande-Bretagne avec la mention « made in Germany ». Les soldats américains restés en Europe à l’issue de la Seconde Guerre mondiale sont friands de cette tradition et envoient de nombreux exemplaires à leur famille aux Etats- Unis. 

Visuels : © Château de Gruyères & Françoyse Krier