château de Fleyriat - @credits photographques chateau de FleyriatAux portes de Bourg-en-Bresse, dans la plaine bocagère de l’Ain, la commune de Viriat accueillait au XVIIème siècle, le domaine ornemental du Château de Fleyriat. Ce vaste espace, créé autour d’un réseau hydraulique issu du XVIème siècle et irrigant les terrains aux alentours, a été un lieu d’expérimentations arboricoles au XVIIIème siècle. Son parc à l’anglaise possède des arbres remarquables, une orangerie, le Château NIII-hameau des XVIII et XIXèmes siècles, une Maison de Maître (dite la Maison carrée), une ferme, un lavoir, des écurie-sellerie, des pièces d’eau, un verger agrémenté d’un colombier…

Une allée de platanes mène à l’entrée du domaine, flanquée d’une grille. Une plaque commémore le souvenir de Louis Vabre (1829-1915), colonel des Gardes Nationales de la Seine et l’un des propriétaires du domaine.

En 1780, le jeune stratège militaire François Philibert Loubat de Bohan, âgé de 29 ans, grand érudit épris de botanique et d’expérimentation arboricole, acquiert un domaine agricole à Fleyriat. Sa rencontre avec Voltaire lui ouvrira le goût de la nature. Officier de cavalerie, major général de la gendarmerie, Philibert de Bohan est chevalier de l’ordre de Saint Louis. En 1786, à la fin de sa carrière miliaire, il revient à Bourg-en-Bresse.
Philosophe, très cultivé, cofondateur de la société d’émulation de l’Ain, cet homme de lettres s’intéresse à l’arboriculture, aux expériences d’implantation d’arbres étrangers. Admirateur de Rousseau, il adhérera à « l’homme ce la nature ». Dès 1794, il fait de Fleyriat son immense jardin où il acclimate des arbres étrangers.
Membre des sociétés d’agriculture de Paris, Lyon, Dijon et Bourg-en-Bresse, proche de Joseph-Jérôme de Lalande docteur royal en astronomie, de Pierre Poivre, éminent botaniste et gouverneur de l’Ile Bourbon, le baron embellit et fait prospérer son domaine.

château de Fleyriat -vellingtonia @credits photographques chateau de Fleyriat chateau-niii-Fleyriat -@credits photographques chateau de Fleyriatchateau-niii-Fleyriat - orangerie @credits photographques chateau de FleyriatEn 1804, le baron humaniste Philibert de Bohan, âgé de 53 ans, meurt de chagrin, très peu de temps après la disparition de son épouse et de ses filles. Le domaine est alors transmis à son frère Jean-Claude Loubat de Bohan, brillant militaire et philosophe. A sa mort, sa fille Marie-Thérèse reçoit le domaine, lequel sera transmis en 1859 à son neveu Sosthène Michel de Varine-Bohan.
En 1867, le baron de Varine-Bohan commande le Château actuel à l’architecte Edouard Corroyer, élève de Viollet-le-Duc, et responsable entre autres de la restauration de l’abbaye du Mont Saint-Michel. Le Château de Fleyriat sera équipé du modernisme de l’époque : monte-plat, calorifères, alarmes…

chateau-niii-Fleyriat - hortensias @ francoyse Krier chateau-niii-Fleyriat -ferme @ francoyse KrierEsprit de la tradition, poésie d’une demeure de charme
En 1888, Sosthène Michet de Varine Bohan remet le Domaine du Château de Fleyriat au Gouverneur Louis Vabre, colonel des Gardes Nationales de la Seine. Celui-ci fera du domaine un lieu d’agrément, de réceptions, accueillant de nombreuses personnalités françaises et étrangères. Artistes, intellectuels, hommes politiques, savants, se rendent à Fleyriat : Louis Jules Trochu, Mac-Mahon, Ferdinand Humbert peintre-académicien, Jabloskoff inventeur de la bougie électrique et bien d’autres sommités. Un Wellingtonia (sequoia) planté en 1867 résistera à la foudre…

Louis Vabre transmettra le domaine à sa nièce, puis sa petite nièce Geneviève Loubinoux, épouse d’Henry Alexandre Bazile Gomard, le recevra à son tour en 1939. En 1995, leur fils Pascal Gomard et leur fille Isabelle Gomard, épouse de Jean-Yves le Bihan, recevront le domaine qui devient un lieu de villégiature, la famille résidant principalement à Paris où chacun exerce alors ses activités professionnelles.

De Philibert de Bohan à la famille le Bihan Gomard
En plus de 230 ans, deux familles ont laissé leurs âmes en ce lieu et quiconque lui rend visite est pénétré par l’émotion. Le charme perdure. A l’intérieur, pièces intimes où est cultivé l’art de mélanger les siècles et les objets… Au dehors, derrière les hauts murs de Fleyriat cerné de ses terres agricoles, rien n’a changé : les pièces d’eau, le hameau sont toujours alimentés par les grandes sources et la salle d’eau souterraine. Derrière un bosquet de rhododendrons et d’hortensias, on peut voir une cloche, unique vestige de l’église de Fleyriat, rasée en 1793.

Au XXème siècle, le domaine subit de grands travaux. Quelque 400 arbres plusieurs fois centenaires n’ont pas survécu aux grandes tempêtes ni aux travaux de construction d’une rocade érigée aux abords du domaine. Une voie de contournement qui fait l’objet d’une contestation patrimoniale de la part de Jean-Yves le Bihan – ex-Délégué Régional de Rhône-Alpes, de l’association La Demeure historique et actuellement Délégué départemental de l’Ain – et de sa famille, afin d’aboutir à la protection totale du domaine du Château de Fleyriat.

chateau-niii-Fleyriat - sellerie @ francoyse Krier chateau-niii-Fleyriat - écurie @ francoyse KrierMémoire du temps passé à préserver
« Le Château de Fleyriat mérite pleinement une protection au titre des monuments historiques pour l’ensemble complet et homogène qu’il forme avec son domaine. La survivance de l’ancien Château en marge du nouveau est suffisamment rare pour être soulignée. Le bâtiment de l’Orangerie, construit pour le baron de Bohan, botaniste amateur dans la lignée des physiocrates, méritait à lui seul une protection. Et, un tel domaine ayant conservé intacts ces strates d’occupation reste, pour l’instant et en l’état de nos connaissances assez unique dans ce département », relevait Marie Bardiasa, Conservatrice régionale des Monuments historiques, en 2013.

chateau-niii-Fleyriat - case Anduze @ crédits photographiques Château de Fleyriat

chateau-niii-Fleyriat - cloche @ Francoyse Krier

chateau-niii-Fleyriat - parc @ credit photographique Château de Fleyriat

 

La plupart des arbres ont été plantés au XIXème siècle, puis vers 1960, et des plantations récentes en 2009. Quelque 250 arbres ont été replantés, complétant le patrimoine arboricole du domaine : un grand chêne, un arbre dit « épine du Christ », un cyprès de Lawson bleu, des cèdres bleus, des pins noirs d’Autriche, un tulipier de Virginie… Le grand parc est ouvert aux visites du 1er juillet à fin septembre et lors des Journées Européennes du Patrimoine, lesquelles font prendre conscience de cette notion que les Monuments historiques appartiennent aussi à ceux qui les regardent, comme le préconise Marcel Rufo, professeur et auteur de nombreux ouvrages. Des animations culturelles sont mises en place, tel le spectacle de rapaces qui aura lieu le dimanche 11 juin 2017.

Un décor naturel, authentique, magique et mystérieux
« Chaque monument est une richesse morale économique, mais détient également une fragilité. Il convient de l’animer, d’entretenir le souvenir pour qu’il perdure », précise Jean-Yves le Bihan, actuel propriétaire-gestionnaire du domaine du Château de Fleyriat.

Le domaine et ses terres agricoles forment un ensemble de 40 ha dont le parc et le grand jardin de 20 ha. C’est un lieu magique, romantique, idéal pour des tournages de films, car il offre  un panel infini de possibilités d’images, d’ambiances, de parfum d’authenticité romantique. Le siècle des Lumières a permis la création du domaine où au gré des allées cavalières se découvrent les pierres du souvenir. La diversité du bâti en tant que réel kaléidoscope, inventeur d’images et de sensations, convient parfaitement à un metteur en scène ou à un réalisateur. La séduction de ce rare et authentique domaine agricole d’agrément XVIIIe et XIXe siècle ne peut que séduire ses hôtes de passage…

chateau-niii-Fleyriat - chateau @ francoyse Krier chateau-niii-Fleyriat - château et caisses en bois @ Crédits photographiques château de Fleurait

 

Philibert de Bohan, Sosthène de Varine, Louis Vabre ont créé un lieu de vie où le bonheur des hommes accueille la nature. Le temps s’est arrêté et l’on ne serait pas surpris de voir apparaître des élégantes en crinolines, à l’ombre du magnolia.

Le Château de Fleyriat fait l’objet d’une inscription aux Monuments historiques depuis octobre 2013.

Domaine du Château de Fleyriat
472, Chemin du Château de Fleyriat
France – 01440 Viriat

Visites du Château : du 1er juillet au 30 septembre – les jeudis, vendredis et samedis à 16 h.

http://www.chateaudefleyriat.com

www.bourgenbressetourisme.fr

@ Texte et photos Françoyse Krier + Credits photographiques Château de Fleyriat

 

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