Chaplin’s World by Grévin a ouvert ses portes à la presse le samedi 16 avril 2016. A Corsier- sur-Vevey, le site à la dimension de la vie et de l’œuvre de Charlie Chaplin a vu défiler plus d’une centaine de journalistes, entourant des membres de la famille Chaplin, dont Michael – deuxième enfant de Charlie et Oona – et Eugene – 5ème enfant et premier de la fratrie à être né en Suisse.
La propriété fut la résidence de Charlie Chaplin durant 25 ans, de 1952 à son décès en 1977. Le projet de « musée » a été porté pendant plus de 10 ans par un architecte suisse, Philippe Meylan, et un concepteur québécois, Yves Durand, tous deux très émus en cette journée, veille de l’ouverture au public.
Longuement interrogés sur leurs sentiments en ce jour solennel, Michael et Eugene ont évoqué leur grand plaisir de voir ce projet long à réaliser mais avec le soutien de gens qui l’ont porté, tels que La Compagnie des Alpes(CDA), leader incontesté de l’industrie des loisirs en Europe et le consortium Genii Capital.
« Dix ans de doutes, des problèmes rencontrés en chemin ont mené vers un bel espace », renchérit Eugene Chaplin. « De deux au départ, nous nous sommes retrouvés à plus de 250 personnes, avec la participation et la confiance de la part du canton, et des communes. Chacun à sa manière a posé sa pierre, et ce projet ressemble à ce qu’on avait imaginé et fait mieux comprendre ce qu’il y avait derrière la star Charlie Chaplin : sa vie, sa famille, son œuvre.
La plupart des gens voient en lui un clown qui fait rire mais le regard de Charlie Chaplin était porté sur le monde avec ses injustices. C’était un universaliste… », explique avec enthousiasme Yves Durand.
Un peu de Charlie Chaplin en privé Interrogés sur le film qu’ils affectionnent particulièrement, Michael avoue un penchant pour Les Temps modernes, « « film-critique de la société industrielle qui déshumanise l’homme et essaie de le robotiser. Un film bizarre, optimiste… ». Eugene évoque les magnifiques courts métrages « quelque chose de drôle et de fou ».
Si Michael relate avec le sourire ses difficultés relationnelles avec son père, Eugene et lui racontent leur bonne éducation, les écoles suivies, l’adoration qu’il avait pour ses filles, l’affection pour ses fils « mais il ne nous a jamais parlé de son père. De sa mère, oui… Charlie Chaplin adorait l’être humain. Il détestait l’injustice, le patriotisme et se montrait toujours optimiste. C’était un instinctif, un homme de cœur. Ses films sont presque toujours des histoires d’amour ».
Quelques mots sur leur mère, Oona : « Elle était à la fois très présente et très discrète. Elle aimait s’occuper de sa famille. Elle-même filmait avec une caméra les scènes de famille. Elle était très heureuse aux côtés de Charlie Chaplin qui lui a apporté ce qu’elle n’avait pas eu : une famille ».
Culture et divertissement
Si le syndic de Corsier se réjouit de voir passer dans cette région des personnes du monde entier et de toutes catégories, sans trop craindre de voir sa commune quelque peu submergée, Yves Durant met l’accent sur le monde unique de Charlie Chaplin : « Plus on s’attachait au personnage moins on avait envie de l’abandonner. Il n’y aura jamais qu’un seul musée Chaplin et toujours ici… ».
Les 4000 m2 d’espaces d’exposition présentent les étapes de la vie et de l’oeuvre de Charlie Chaplin et… Charlot. La rue de Londres où il est né. Le cirque. Les tournages de films. La cabane toujours branlante de La ruée vers l’or. La fleuriste aveugle des Lumières de le ville. La jeune danseuse des Feux de la Rampe…
Des objets personnels, un des costumes de Charlots, la canne, les godillots… Un parcours très émouvant, jonché de surprises. La famille Chaplin a partagé documents, films, souvenirs.
Tout aussi émouvant la visite du Manoir remis aux couleurs d’antan. Le violon dont Chaplin, jeune, ne se séparait jamais, le salon avec son piano. Passeports, lettres, photos des invités illustres, films et scènes de famille tournés au manoir et dans le vaste parc.
Plusieurs membres de la famille Chaplin habitent à Corsier, dans la région de Fribourg. Frères et soeurs voyagent toujours en Suisse et de par le monde. Tous se souviennent d’avoir partagé des moments d’intimité, des moments formidables, même si, selon Eugene « avec ce nom si lourd à porter, nous avons eu dans dans l’adolescence quelques difficultés à se trouver soi-même. Le manoir a changé, certes, mais l’esprit Charlie Chaplin est resté… ».
(Texte et photos Françoyse Krier)
