Le Cartoonmuseum de Bâle présente l’artiste d’exception Joann Sfar dans le cadre d’une première grande rétrospective avec plus de 200 dessins originaux, aquarelles, peintures et extraits de film, en mettant l’accent sur ses œuvres les plus récentes. A voir jusqu’au 11 août 2019.
Dessinateur, auteur et cinéaste né à Nice en 1971, Joann Sfar a fait entrer la philosophie dans la bande dessinée. «Le chat du rabbin», un récit foisonnant amalgamant sujets religieux, contemplation philosophique, fable et aventure, est à l’origine de la célébrité de Sfar en France, puis dans le monde entier. D’innombrables albums BD, romans et films portent la signature inimitable du narrateur et dessinateur vif et fougueux.
Eduqué dans la culture juive et une famille très portée vers la littérature, Joann Sfar écrit et dessine ses premières histoires dès son jeune âge. Ses livres traitent du judaïsme, abordent des questions de spiritualité, de foi et de philosophie, réagissent à des événements politiques et sociaux ou se penchent sur des sujets tels que l’amour, la sexualité ou la vie personnelle de Sfar. Son oeuvre comprend actuellement plus de 160 livres et albums publiés en français.
Initiée en 2001, la série «Le chat du rabbin» comprend actuellement huit albums lus par des centaines de milliers de lecteurs : le chat d’un rabbin d’Alger a mangé un perroquet, et de ce fait, sait parler et communiquer ses opinions pratiques, philosophiques et religieuses. Il devient le commentateur critique d’une fable traduite en 20 langues et adaptée avec succès en dessin animé par Sfar en 2011.
Cette histoire profonde demande de la fantaisie et de la réflexion. “Je voudrais montrer que la BD est le média idéal pour mettre en scène des débats philosophiques, plus riche que le texte écrit seul, car il nous laisse notre propre rythme”, explique Joann Sfar. D’autres livres comme «Petit Vampire», «L’Ancien Temps» et «Donjon» révèlent le talent et la fantaisie délirante de Joann Sfar. Dans ses histoires, des vampires timides, des monstres grotesques et des légions de créatures inédites hantent les rues. Parfois, les histoires se mêlent à l’Histoire, comme dans la série à plusieurs tomes «Klezmer» concernant une troupe de musiciens qui traverse les contrées sauvages de l’Europe de l’Est vers 1900 et y vit des aventures hallucinantes.
Dans une autre partie de son œuvre, Joann Sfar engage une réflexion très concrète sur le quotidien et l’actualité. Les œuvres présentées dans l’exposition et tirées du livre «Paris sous l’eau» sont des images sous-tendues de mélancolie qui évoquent le trait et l’humour de Sempé, et sont imprégnées de la vie parisienne. Y seront également présentées des oeuvres très personnelles, en partie érotiques de ses livres «Je l’appelle Monsieur Bonnard» et «Fin de la Parenthèse», dans lesquels il se penche sur sa vie amoureuse et sa personnalité.
Dans son carnet de croquis «Sfar, c’est arabe ?» enrichi de textes, il prend pour point de départ l’attentat sur le journal satirique «Charlie Hebdo» pour développer ses réflexions sur la situation politique et sociale en France en rapport avec les réfugiés, la religion et le racisme.
Après des études de philosophie à Nice et à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Sfar écrit également avec succès des romans et scénarios pour d’autres dessinateurs de BD et se lance dans la réalisation de films. Il trouve finalement sa propre expression inimitable au titre de dessinateur de BD. Même s’il change plusieurs fois de style dans un même livre, on le reconnaît facilement à son trait rapide et imparfait qui laisse transparaître le travail d’ébauche, se hâte véritablement pour freiner abruptement un peu plus tard, se concentrer et travailler sur une situation avec détail et minutie.
Sur une même page, un personnage peut être traité à l’aquarelle, sans contours, dans des couleurs vives ou bien il peut être un portrait précis et réaliste dessiné à l’encre de Chine. Cette pratique casse avec les règles classiques de graphisme relatives à la continuité dans une oeuvre et avec d’autres habitudes visuelles et de lecture. Le public s’adonne avec enthousiasme à ce défi et la critique aussi a récompensé Sfar par tous les prix célèbres du monde de la BD. En 2002, il a reçu le Grand Prix de la Ville d’Angoulême pour l’oeuvre de sa vie. Son remarquable film «Gainsbourg. Vie Héroïque» sur le légendaire musicien français Serge Gainsbourg a été récompensé par un César 2011 ainsi que cinq autres nominations. Depuis 1997, il a été récompensé par de nombreux prix pour son oeuvre, on lui a par exemple décerné le Prix René Goscinny, le Prix Yellow Kid à Lucques et le Prix OEcuménique de la Bande Dessinée d’Angoulême.
L’exposition Joann Sfar au Cartoonmuseum de Bâle présente plus de 200 dessins originaux, aquarelles, peintures et extraits de films de l’oeuvre très riche du dessinateur actuellement le plus influent de la nouvelle Bande Dessinée et est accompagnée d’un programme de médiation varié sur tous les aspects de sa création – également pour le public francophone.
Joann Sfar. Sans début ni fin jusqu’au 11 août 2019
Cartoonmuseum Basel / St. Alban.Vorstadt 28 / 4052 Bâle
Tél. +41 (0) 612 26 33 60
Heures d’ouverture : mardi à dimanche: 11–17 heures