
A travers ses dessins et peintures monumentales, Charles Belle retranscrit la nature par une matière vive et vibrante, sensuelle. Au cœur de l’atelier de Courbet à Ornans, lieu unique laissé à l’abandon pendant près d’un siècle puis nouvellement restauré, l’exposition Charles Belle Natures vives établit un compagnonnage sensible avec l’art du maître d’Ornans et son espace de travail. A découvrir jusqu’au 9 octobre 2022.
Installation au cœur de la vallée de la Loue

L’espace de ce qui fut le dernier atelier à Ornans où Gustave Courbet travailla de 1860 à son exil en Suisse en 1873, se prête bien aux œuvres de Charles Belle. Celui-ci, autre enfant du pays, y rencontre Courbet dans une même exaltation lyrique de la peinture. L’artiste avait lui-même veillé à l’achat et à la transformation en atelier de cette ancienne fonderie d’Ornans, une grande pièce carrée fermée d’une verrière et peinte en rouge.
A sa mort, sa sœur Juliette hérita des lieux et construisit une extension à l’atelier où elle organisa une exposition dédiée à son frère. Sans enfant, elle légua ensuite l’ensemble à des amies qui le vendirent à un négociant en vins. La pièce fut utilisée comme entrepôt. Le Conseil départemental du Doubs racheta l’atelier de Gustave Courbet en 2007 et une minutieuse campagne de restauration fut engagée en 2019.


France, propriété de l’artiste – inv. 251
Charles Belle aborde le thème de la nature, mais sans s’attacher à une représentation réaliste. Sa peinture explore les territoires de l’intime, de l’existentiel, avec sensualité, intensité et profondeur. L’œuvre dessiné de Charles Belle est plus confidentiel et pourtant aussi conséquent que son œuvre peint. L’essence de sa création trouve son origine dans son rapport au dessin. Il ne l’utilise jamais comme travail préparatoire à de futures peintures, ni comme simples esquisses. Un dessin a le même statut qu’une peinture.
Son travail autour de la thématique des fleurs est le plus connu du public, pourtant Charles Belle a tout autant travaillé d’autres thèmes. Ce qui l’intéresse ce sont tous les signaux qu’une peinture peut transmettre, de façon indéfinissable et directe. Le mobile de sa création est une recherche de solutions picturales pour parler de sensations, d’émotions, de l’invisible…
Un univers retrouvé
Imprégné des traces du passé, l’atelier revit : murs du même rouge «sang de bœuf» qu’à l’époque, verrière avec les initiales GC, crochets installés par le peintre pour y disposer ses grands formats et au plafond, le seul décor peint par l’artiste : “La Seine à Bougival” et “L’Escaut se jetant dans la mer“, deux exceptionnels paysages au thème cher à Courbet et qui ont survécu aux affres du temps.


Ayant eu la chance de visiter l’atelier à plusieurs reprises, avant sa restauration, j’ai toujours admiré avec une certaine émotion les délicieuses petites hirondelles voletant dans les nuages, peintes probablement par Courbet – certaines marouflées sur papier – bien que la documentation manque pour l’affirmer de manière catégorique, selon le conservateur des lieux. Un ciel miraculeusement sauvé du temps et qu’il a fallu minutieusement restaurer. Le résultat est admirable, l’émotion toujours présente.
Implanté « entre rivière et falaises », cet “atelier idéal” façonné à l’ image du peintre où ont été conçues ses dernières œuvres majeures, dont L’Hallali du cerf (immense tableau à voir au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon), était aussi un lieu d’échanges où il recevait amis et admirateurs.



Conditions idéales de création
Depuis cette demeure, l’artiste avait une vue panoramique sur les falaises calcaires de la vallée de la Loue, l’un de ses sujets de prédilection. Il peignit sur place de nombreux paysages et souhaitait « planter des bouquets d’arbres, toutes essences » (Lettre à Juliette Courbet, 9 février 1859). Plusieurs chemins environnants proposent une balade le long des sentiers qu’aimait parcourir Gustave Courbet.
L’atelier acquis par le Département du Doubs en 2007 et inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, accueillera désormais des résidences et expositions d’autres artistes.
Musée Courbet : traçant un pont entre l’Atelier et le Musée, deux sites du pôle muséal, les œuvres de Charles Belle ont également été choisies pour figurer parmi plus de 80 œuvres d’artistes aussi importants que Courbet, Millet, Breton, Gauguin, Rodin, Van Gogh et bien d’autres, provenant de prestigieuses institutions françaises et internationales, dans l’exposition «Ceux de la Terre. La figure du paysan dans l’art, de Courbet à Van Gogh» au Musée Courbet – 1 Place Robert-Fernier – Ornans
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Charles Belle Natures vives

Photo : Noémie Paya
Exposition Charles Belle, Natures vives jusqu’au 09 octobre 2022
Atelier Courbet
14 avenue du maréchal de Lattre de Tassigny
25290 ORNANS France
L’entrée est exceptionnellement gratuite jusqu’au 9 octobre. L’atelier est ouvert du 1er juin au 9 octobre, du mercredi au dimanche de 14h à 18h.
Visites guidées de l’atelier Courbet
Les mercredis, samedis et dimanches à 10h30 sauf les premiers dimanches du mois.



