Luigi Bevilacqua, Maître Tisserand ~ Le fil de la transmission
L’entreprise Bevilacqua perpétue un art ancien de Venise réunissant des techniques et des dessins historiques avec une touche de modernité. Dans l’atelier, passé et présent se confondent. Les velours faits à la main produits par cette maison historique sont tous fabriqués sur des métiers à tisser du XVIIIème siècle, et il en va de même des machines utilisées pour préparer les fils de chaîne.
Installée à Venise depuis la fin du XIXème siècle, la maison Luigi Bevilacqua est une référence dans le monde du tissu italien. Selon certains documents, il y avait des tisserands Bevilacqua dès le XVIIIème siècle. Alors qu’en 1875, Tessitura Luigi Bevilacqua s’avère une véritable entreprise, un décret napoléonien de 1806 oblige la fermeture des corporations d’artisans de Venise. La création, entre 1804 et 1806, par le Français Joseph Marie Jacquard d’un métier à tisser – les fils de chaîne qui composent le dessin sont déplacés automatiquement – annonce la mécanisation en tant que garantie de travail plus rapide. Les nouveaux métiers Jacquard se répandent dans toute l’Europe et le début du XIXème siècle marque la disparition de l’Art de la Soie et de sa production la plus artisanale : le velours.
Velours soprarizzo, le plus complexe des velours texturés
Arrivé à à Venise au XIVème siècle, le velours devient rapidement un monopole vénitien : en 1347, les tisserands avaient leur propre corporation.
Le velours Soprarizzo se compose du velours coupé, en haut, qui définit le dessin, et du velours bouclé, en bas, qui constitue le fond velours. Les deux niveaux se distinguent également par la couleur : le velours coupé est plus foncé, le bouclé plus clair. De plus, chaque millimètre du premier niveau est coupé à la main par les tisserands.
Le velours soprarizzo Leoni de la maison Bevilacqua est issu des fils de soie, ceux des 400 bobines du métier sur lequel il est produit. A partir des bobines, les fils passent par les trous des cartes en carton placées au-dessus du métier à tisser permettant de former le dessin. Entre les fils de chaîne sortant du métier à tisser, le tisserand glisse quelques fines aiguilles pour tisser le velours soprarizzo, qui sera ensuite retiré avec une grande précision. Ceux à section ronde serviront à créer l’effet de velours bouclé. D’autres, au contraire, ont une rainure à travers laquelle le tisserand fait glisser une lame de rasoir qui coupe les fils de la trame, obtenant le velours coupé, plus haut que le bouclé. Le châssis datant du XVIIIème siècle n’étant pas aussi rapide que les machines modernes doit souvent être rechargé et recalibré. Dans le cas du velours soprarizzo, chaque millimètre de tissu doit être coupé manuellement. Pour cette raison, les centimètres de velours produits chaque jour sont compris entre 30 et 80.
Un véritable travail d’équipe
Les motifs réalisés à la main sur les velours et autres tissus proviennent des archives de la maison Bevilacqua, qui vont de l’art byzantin à l’art déco, dessins dont les couleurs sont périodiquement mises à jour.
La fabrication manuelle des velours est un travail d’équipe qui demande beaucoup de temps et ce, dès la conception. La personne qui crée le dessin d’un velours à la main sait quelles nuances il prendra, une fois terminé. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra concevoir correctement les cartes perforées qui permettront ensuite aux tisserands de le reproduire. Ce n’est que si le projet est clair que les tisserands peuvent placer les bobines de la bonne couleur sur le métier afin de poursuivre leur travail.
Histoire de technique et de patience
Le savoir-faire de haut niveau de la manufacture Bevilacqua a fasciné les grandes maisons de couture, qui ont proposé leur partenariat afin de créer des collections et des expositions à succès. Ces tissus ornent les pièces des lieux les plus prestigieux du monde, comme la Maison Blanche à Washington, le Palais du Quirinal à Rome, le Kremlin à Moscou, le Musée Fabergé à Saint-Pétersbourg, et de nombreux palais et hôtels particuliers.
La maison Bevilacqua continue de transmettre son savoir-faire avec la cinquième génération de tisserands. Aujourd’hui, cette tradition est préservée par Mario Bavilacqua, qui gère deux magasins, et son fils Emanuele, qui conçoit et supervise la production de velours soprarizzo travaillant sur des métiers Jacquard à Santa Croce. Depuis l’année de sa création, l’entreprise a conservé des archives qui comptent aujourd’hui plus de 3 500 patrons originaux. La manufacture Bevilacqua et ses archives ont été nommées patrimoine culturel mondial de l’UNESCO en 2004.
showroom historique / emplacement de la boutique
Santa Croce 1320 – 30135 Venise Italie
Tél. : +39 041 72 15 66
www.luigi-bevilacqua.com
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Luisa Conventi, la corte delle impiraresse
Luisa Conventi maintient en vie une tradition vénitienne ancienne et enseigne un métier qui défie la crise. A travers son entreprise, elle dévoile l’histoire des perles vénitiennes et son savoir-faire dans la création de bijoux fantaisie et d’accessoires, grâce à une créativité sans limites.
Les premières perles de verre sont apparues vers le 3ème millénaire avant J.-C., en Mésopotamie. Au XIIème siècle, Venise possédait de nombreuses manufactures de perles. Vers les années 1500, contraints de quitter Venise, les maîtres verriers s’installent sur l’île de Murano. Depuis, la tradition de création de perles au chalumeau est entre les mains des verriers spécialisés.
Il y a les perle tonde avec des trous ronds ou carrés, les mezze linee et les quarti di linea, les tre cut, les charlotte
et puis encore les burattini, les tosca, les papagà, les rigadin, les corniola, les incamiciati et les macà.
Luisa Conventi « Perle Veneziane »
Jadis à Venise, il était courant de voir des femmes assises sur le pas de leur porte, en train d’enfiler de minuscules perles. C’était les impiraresse (du verbe impirare, qui signifie enfiler). Ce travail d’enfilage de perles était essentiellement féminin. Imaginez un éventail de quelque 60 aiguilles tenu dans une main pour insérer rapidement les petites perles… Une activité qui permettait à une femme d’apporter un revenu supplémentaire tout en restant active au foyer. Leur travail étant peu rémunéré, les impiraresse participèrent à plusieurs mouvements de protestation en vue de l’augmentation de leur salaire.
Si l’art des perles de verre est inscrit au Patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco, depuis 2020, des Vénitiennes telles Luisa Conventi souhaitent faire perdurer cette pratique ancestrale.
La tradition familiale remonte au début des années 1950, lorsqu’Aurelio, son grand-père, ouvre une fabrique de perles, Feneraz, laissée par la suite aux mains de son fils Antonio. Luisa Conventi aborde déjà ce monde fascinant en tant que jeune fille, lorsqu’elle fabrique des boucles d’oreilles et autres petits objets en perles de verre pour les foires commerciales. Après avoir terminé ses études en 1987, elle décide d’ouvrir la société GIOIA et se spécialise dans la production de bijoux fantaisie et d’accessoires de mode dont l’élément prédominant est la perle de verre et les petites perles réalisées en coupant des tiges de verre appelées “conterie”.
Son activité de grossiste lui permet de disposer d’un large assortiment de conteries en vrac de différentes tailles et couleurs. Les conteries proviennent en partie de l’ancienne production de Murano et en partie de la République tchèque. Les petits bijoux en métal sont fabriqués en Italie avec une galvanisation hypoallergénique. En plus de sa ligne de production, Luisa travaille également pour des maisons de couture et des grands magasins. En 2021, après une longue période de fermeture causée par la pandémie, Luisa rouvre ses locaux enrichis de plusieurs espaces : l’un dédié à l’histoire de l’impiraresse, un autre pour la vente des créations et un troisième pour accueillir les personnes désireuses d’apprendre l’art de l‘impiraresse.
bijoux en forme d’abeille, de fruits ou de fleurs…
Quelques exemples de bijoux fantaisie créés et réalisés par Luisa Conventi : colliers, bracelets, bagues, broches, boucles d’oreilles, franges en paillettes de verre, pour rideaux, tapis, vêtements et lustres, garnitures pour abat-jour, décorations de Noël, bijoux en forme d’abeille, de fruits ou de fleurs pour offrir ou porter sur soi un authentique produit vénitien.
Entreprise Gioia par Luisa Conventi
Cannaregio 100// Calle Priuli dei Cavalletti // 30121 VENISE Italie
Ouvert sur rendez-vous
+39 041 5242.822
+39 335 844 5846