Les véhicules de la marque Bugatti fascinent les collectionneurs et les amateurs de belles mécaniques de par le monde entier. Tous les ans – lors du week-end le plus proche du 15 septembre, date de naissance d’Ettore Bugatti – des propriétaires de ces célèbres véhicules arrivant des quatre coins d’Europe, se retrouvent à Molsheim, patrie de Bugatti, pour évoquer ensemble Ettore Bugatti, son talent et ses incroyables créations.
Célébration organisée par l’association “Les Enthousiastes Bugatti Alsace” (EBA) qui œuvre depuis plus de 40 ans à la mémoire de la marque Bugatti, du “Patron” et de sa famille.
Au programme de ces 4 journées de festivités : rassemblement des voitures Bugatti au coeur de Molsheim; excursions vers Heiligenstein et sur la Route du vin en direction de Ribeauvillé; cérémonie au cimetière de Dorlisheim; présentation des véhicules au public dont un soir, en nocturne, ainsi que sur les routes d’Alsace dont certaines ont été fermées à la circulation. Pour finir en beauté, le dimanche, chaque véhicule a été jugé sur son état, son originalité, son élégance et son histoire. Coupes et trophées ont été remis aux vainqueurs…
L’Hostellerie du « Pur Sang » : ce petit hôtel particulier aux volets bleus, avec tourelle, datant du début du 20ème siècle, fut acquis par Ettore Bugatti au début des années 1920. Les clients de passage y trouvaient, occasionnellement, le gîte et couvert, et surtout pilotes et personnes impliquées dans les courses célébraient autour du bar les nombreuses victoires en présence d’Ettore et de son fils Jean. L’appellation « Pur Sang » donnée par le “Patron” à l’Hostellerie mais aussi à ses voitures, a été déposée dès le début du 20ème siècle. L’Hostellerie est l’actuel siège d’associations (Enthousiastes Bugatti Alsace, Fondation Bugatti, Légion d’Honneur).
Le Pursang du rail, star du Festival Bugatti 2023
Cette année, Les Enthousiastes Bugatti Alsace et la Ville de Molsheim ont vu les choses en “XL” en faisant venir le dernier exemplaire existant du fameux autorail WR 800 ch. Ce train mythique, long de 24 mètres, créé il y a 90 ans par la célèbre firme, était exposé du 14 au 17 septembre à la Chartreuse / Fondation Bugatti. Pour le plus grand plaisir des curieux, des aficionados de la marque, des journalistes…
Dans les années 1925, Ettore Bugatti réalise une des plus rapides voitures de course : le type 35. Au début des années 30 – conjoncture économique oblige – il s’attaque au rail avec le Pursang du rail, l’autorail le plus rapide du monde. En août 1932, deux autorails sont commandés par la Compagnie des Chemins de Fer de l’Etat. Le prototype de l’autorail de 800 ch – à deux bogies à quatre essieux chacun – est prêt au printemps 1933.
Le dernier de ces autorails a été retiré de la circulation ferroviaire en 1958, et toutes les machines ont terminé à la ferraille. Sauf une…
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Puissance, vitesse, confort et esthétique
Cet engin “ultramoderne” pour son époque, a été construit en neuf mois avec des techniques issues de l’automobile : il fallait, en effet, écouler les moteurs en surplus de la voiture de prestige Bugatti type 41 “Royale” qui fut un échec commercial. Cet autorail se différencie non seulement par sa technique de construction mais également par la puissance motrice installée.
Comme l’engin est conçu pour des vitesses élevées, sa stabilité fait l’objet d’une attention particulière. Le châssis de l’autorail repose sur deux bogies équipés de ressorts de suspension, assurant ainsi une stabilité bien meilleure que celle des autres trains de l’époque. Les organes de commande sont placés au centre de la voiture. Signe distinctif de ces autorails, la cabine du conducteur, située sur le toit, permettait la conduite dans les deux sens, avec vue panoramique. Grâce à son système de caisse d’autorail à ajouter, le nombre de passagers pouvait être ajusté ainsi que la longueur de l’autorail.
Bugatti proposera plusieurs modèles d’autorails. Dans l’usine de Molsheim, deux hangars de grand volume seront construits pour en assurer la fabrication soit, au total 88 autorails et 18 remorques entre 1933 et 1946. Le premier autorail Bugatti, exposé à la gare Saint-Lazare en mai 1933, est choisi pour effectuer le voyage du président de la République, Albert Lebrun, de Paris à Cherbourg. Une belle consécration pour Ettore Bugatti !
Emotion au cimetière de Dorlisheim ~ Epopée Bugatti à Molsheim
Rendez-vous est pris le 15 septembre, à 18h, au cimetière de Dorlisheim, où, comme chaque année est organisée une cérémonie en l’honneur du fondateur, Ettore Bugatti, né un 15 septembre (1881), décédé à l’âge de 65 ans, en 1947. Les “bugattistes” étaient présents dans leurs voitures anciennes et rutilantes autour desquelles s’attardaient de nombreux fans, admirateurs inconditionnels du brillant et créatif constructeur. Michel, fils cadet d’Ettore Bugatti, assistait à cet événement, avec sa fille Caroline, passionnée de sports mécaniques, ainsi que la nouvelle génération…
Ettore Bugatti a eu quatre enfants de son premier mariage – Lidia, L’Ebé, Jean et Roland – et deux du second – Michel et Thérèse. Jean, qui collaborera avec son père, s’intéressera particulièrement au design des carrosseries. Après le décès de Jean dans un accident de la route en août 1939, et la fin de la seconde guerre mondiale, ce sera à son frère Roland de remettre sur pied les activités de Bugatti.
Dans le caveau familial, à Dorlisheim, reposent : Ettore Bugatti (1881-1947), pionnier de l’automobile, naturalisé français peu avant sa mort (congestion cérébrale), après avoir déposé 1000 brevets, et fabriqué, en 37 ans, près de 7500 voitures de luxe et de course, très prisées par les collectionneurs passionnés, de préférence aisés. Son père, Carlo Bugatti (1856-1940), architecte et décorateur qui fabriqua du mobilier et des pièces d’orfèvrerie. Son fils, Jean Bugatti (1909-1939) appelé à prendre la suite de son père. Il fit preuve de talents d’ingénieur en mécanique et contribua à la modernisation des voitures produites par son père. Il se tua au cours de l’essai d’une 57 C à l’âge de 30 ans. Son frère, le sculpteur Rembrandt Bugatti (1884-1916), spécialisé dans la sculpture animalière : on lui doit celle de l’éléphant dressé qui figura sur la calandre du célèbre modèle Royale, au cours des années vingt. Dépressif, il mit fin à ses jours dans son atelier de Montparnasse, étendu sur son lit, un bouquet de violettes et deux lettres posées sur la table de chevet. Y repose aussi L’Ebé Bugatti (1903-1980 – Prénom dû aux initiales d’Ettore Bugatti), fille d’Ettore et autrice de la première biographie en français de son célèbre père.
Pourquoi des bouquets aux couleurs bleu et jaune ? « Le bleu est la couleur de Bugatti », me souffle Hendrik Malinowski, Directeur général de l’entreprise Bugatti Automobiles S.A.S. « Quant au jaune, c’était la couleur préférée d’Ettore Bugatti ». Christophe Piochon, Président de Bugatti Automobiles S.A.S., m’explique que la Chiron dans laquelle ils sont arrivés n’est pas noire mais couleur bleu marine matifié, et qu’elle atteint les 400 km/h. Sur circuit privé, bien sûr…
La devise d’Ettore Bugatti : « Rien n’est trop beau, rien n’est trop cher »
En 1909, Ettore souhaite créer sa propre entreprise. Son choix se porte sur le site du vieux Moulin de la Hardtmühle, à Dorlisheim : une ancienne teinturerie transformée en atelier où six véhicules y sont construits la première année. Ce seront les premiers ‘Pur-Sang’ Bugatti.
La performance du Type 3 au Grand Prix du Mans confère à Ettore Bugatti une renommée européenne. Surnommé le “Patron” par son équipe, il passe beaucoup de temps dans l’atelier, y travaille parfois avec les ouvriers. Puis il fait construire une nouvelle usine sur une parcelle jouxtant l’atelier historique et se développant sur la commune de Molsheim.
Les années 1957 à 1986 marquent une mise en sommeil de la marque automobile. Les voitures Bugatti entrent dans l’histoire. La Collection Schlumpf est ouverte à Mulhouse en 1977 et 124 de ses Bugatti sont classées Monument Historique.
1998 : renaissance de Bugatti en tant que constructeur automobile. Rachetée par Volkswagen SAS, la marque fait son retour en ressuscitant l’esprit d’Ettore Bugatti. Le siège social de Bugatti SAS est implanté à Molsheim, au Château Saint- Jean, rénové en 1999. Inauguré en 2005, l’atelier moderne est, entre autres, le lieu d’assemblage du véhicule qui a ramené Bugatti au devant de la scène des constructeurs des bolides superlatifs : la Veyron. Baptisée en hommage à Pierre Veyron, pilote Bugatti dès 1932, cette voiture entièrement montée à la main, peut atteindre 1 000 km/h et bénéficie de la technologie aéronautique.
En mai 2018, Bugatti annonce la livraison du 100ème exemplaire de la Chiron, descendante de la Bugatti Veyron et inspirée par la Bugatti Type 57, comportant une carrosserie en fibre de carbone. Bleue, bien sûr.
Le Château Saint Jean, site de promotion de la marque Bugatti
Construite en 1857, la bâtisse de deux étages au toit mansardé, au magnifique parc boisé, a été acquise par Ettore Bugatti en 1928. Sise à l’entrée de Dorlisheim, elle servit principalement de cadre aux réception, à l’accueil des clients et à la présentation d’automobiles de luxe. A
Le Château Saint-Jean fut érigé à l’emplacement de l’ancienne Commanderie du 13ème siècle des Chevaliers Hospitaliers de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. Le portail d’époque est la porte de l’ancienne commanderie des templiers. Les pavillons de chasse latéraux datent de 1766 et 1853.
A occasion unique, exposition inédite : au Château, présentation à un public limité, de meubles de Carlo Bugatti et de sculptures de Rembrandt Bugatti, un ensemble de pièces prêté en exclusivité par Perridon Holdings.
Perridon Holdings abrite la plus grande et estimée collection de voitures Bugatti, d’œuvres d’art, de meubles et de montres. Sous le nom de “The Perridon Experience”, elle préserve l’héritage et l’histoire de la famille Bugatti, en associant sublimement le classique, le contemporain et le futuriste. le tout dans un espace privé pour un public exclusif et limité
Les Bugatti anciennes de l’époque d’Ettore étaient présentes à cette manifestation très attendue de tous, y compris les voitures de course comme la Type 32 Tank, la Type 35 et la Type 57G, les classiques de la route comme le Type 57C Stelvio et le Type 49, entre autres, mais le public a pu admirer des Bugatti “modernes”.
Les voitures ont pris la route pour un circuit à travers la Route des vins, un périple captivant au cœur du patrimoine viticole alsacien, traversant des villes et villages typiques avec leurs maisons à colombages, leurs châteaux légendaires et leurs vignobles prêts à être vendangés : Obernai, Dambach, Andlau, St-Hippoyte, Gerstheim…
L’entreprise Bugatti a été intégrée à Volkswagen à la fin des années 1990 et est actuellement toujours sous l’égide de VW sous le nom de Bugatti Rimac. Le groupe Volkswagen développe des voitures haut de performance. En 2001, le premier prototype de la Bugatti Veyron voit le jour.
Les bâtiments initiaux de la Hardtmühle affichent la marque Safran holding system ©, usine leader dans le domaine des systèmes d’atterrissage et de freinage dans l’aéronautique et de leur maintenance. Le 2 novembre 2021, Christophe Piochon prend la présidence de Bugatti. Il dirige aussi, depuis l’Alsace, l’usine croate du groupe où sont produites en très petite série des “hypercars” électriques sous la marque Rimac. La production de l’emblématique sportive Chiron se poursuivra à Molsheim jusqu’en 2024.
Palmarès, prix et trophées
Le Grand Prix Bugatti Automobiles S.A.S. a cette année été décerné à une Type 35C, sélectionnée par le jury Bugatti en hommage aux exploits de la marque en sport automobile. Le Trophée Lalique – attribué à la Type 49 Coupé de Weymann, le Trophée de la Fondation Bugatti, remis à la Type 57C Stelvio par Gangloff, le Trophée Cul Pointu a été remis à Andy Wallace, Pilote Officiel Bugatti, pour saluer sa remarquable carrière en sport automobile. Andy Wallace est l’un des meilleurs pilotes de course d’endurance au monde et l’un des rares à avoir remporté les 24 heures du Mans, les 24 heures de Daytona et les 12 heures de Sebring.
Texte DP / fk ~ Photos sans mention : Françoyse Krier
www.enthousiastes-bugatti-alsace.com