
Exploitation. Destruction. Protection. Au cours des derniers siècles, notre rapport à la forêt a profondément évolué. Une nouvelle exposition au Musée national Zurich montre à quel point cette évolution a influencé la culture, mais aussi l’art et la littérature. A voir jusqu’au 17 juillet 2022.

Photo: Erik Pauser, 1999

L’artiste Osvaldo Pitoe nous rappelle l’importance de la forêt, aujourd’hui gravement menacée par la déforestation.
Osvaldo Pitoe, senza titolo, 2015.
Collection Artes Vivas, Verena Regehr Gerber
Exploitée par l’être humain depuis des siècles, la forêt est progressivement détruite par l’industrialisation croissante depuis le XIXe siècle. Et avec elle disparait une grande partie de la faune et de la flore. Cependant, certains s’y sont intéressés au-delà de son aspect économique. Des personnes comme Paul Sarasin (1856-1929), naturaliste et cofondateur du Parc National Suisse, se sont engagées en faveur de la protection de la nature et ont peu à peu suscité un changement de mentalité dans certains pans de la population.
Le rejet de l’exploitation effrénée des ressources naturelles et la prise de conscience progressive de la nécessité de les utiliser avec parcimonie marquèrent le début de la protection de l’environnement. Mais ce «voyage» ne peut s’arrêter aux frontières d’un pays, comme le montre par exemple l’engagement radical de Bruno Manser : parti à Bornéo dans les années 1980 pour lutter contre le déboisement de la forêt équatoriale avec les tribus nomades qui la peuplent, au final, l’a payé de sa vie. Ses journaux abondamment illustrés, que l’on peut voir dans l’exposition, sont un témoignage verbal et graphique de cette expérience.



des spécialistes pour qu’ils protègent les forêts.
Photo: diplômés et professeurs, 1866.
Photo: Archiv Eidg. Forschungsanstalt WSL,
Bildarchiv Knuchel-ETH, 1892-1952



Kunstsammlung der Schweizerischen Mobiliar Genossenschaft
Notre rapport ancestral à la forêt se reflète aussi dans de nombreuses œuvres artistiques et littéraires. Or ce lien a continuellement évolué. Tandis qu’à l’époque du romantisme, artistes et auteurs voyaient dans la forêt un refuge et un lieu où se ressourcer dans un monde en constante accélération, la modernité la représenta de manière hautement stylisée afin de la sublimer sous une forme esthétique extrêmement épurée.
Dans l’art du XXème siècle, la thématique de la forêt a pris de plus en plus la valeur d’un manifeste politique contre la destruction de l’environnement. Cette idée fondamentale se manifeste encore aujourd’hui. Les représentations inspirées du romantisme sont plus présentes que jamais et tendent à refaire de la forêt un lieu de contemplation, de tranquillité et de détente. Comme à cette époque, nous vivons dans une société où tout va trop vite et où de plus en plus d’individus sont en quête d’un havre de paix.




Une sculpture d’arbre d’Ugo Rondinone constitue le point final de l’exposition et représente bien plus qu’un avertissement solennel contre le changement climatique. Dans la cour intérieure du musée, le public pourra en outre s’asseoir dans l’«arène pour l’arbre» et méditer sur l’avenir de la forêt.
Au centre de cette œuvre de Klaus Littmann se trouve un arbre sans feuillage qui invite spectatrices et spectateurs à réfléchir à leur rapport à la forêt.
Musée national Zurich. Museumstrasse 2, 8021 Zurich
Tél. +41 44 218 65 11
Du 18 mars au 17 juillet 2022.
