Chaque musique se vit de différentes manières, chacune étant unique et apportant ses propres émotions… Du 16 au 29 août, les étoiles ne brillaient pas seulement de mille feux dans le ciel de Tannay, mais aussi sur scène et dans les yeux des spectateurs mélomanes. Une douzième édition largement consacrée au piano, un festival de très grande qualité, comme l’a souligné Serge Schmidt, son président. Les trois dernières soirées auxquelles j’ai eu le plaisir d’assister étaient simplement éblouissantes…
Capella Mediterranea ~ L’éternité de la musique !
Le 27 août, Leonardo Garcia Alarćon a fait dialoguer Monteverdi et Piazolla que quatre siècles pourtant séparent !
Une rencontre fascinante mais également l’accord de deux voix magnifiques : celle de l’extraordinaire soprane d’origine argentine, Mariana Flores – en rutilante robe rouge et celle du ténor Nahuel Di Pierro. Accompagnés par William Sabatier au bandonéon, instrument emblématique du tango qui confère à cette musique un caractère dramatique et profond; Quito Gato, luth, guitare; Girolamo Bottiglieri, violon baroque; Ronald Martin Alonso, viole de gambe…
Passionné par les musiques du bassin méditerranéen, l’ensemble Capella Mediterranea explore le madrigal, le motet polyphonique et l’opéra.
Milonga des Angel, Dormo ancora, Sol per te bella Euridice, Balada para un loco… Soirée mémorable, musique envoûtante, poème dramatique, la vie, la nuit, la guerre, l’amour, l’abandon, la mort…
Gautier Capuçon, Jérôme Ducros, Hugues Borsarello
Habitué du festival de Tannay, Gautier Capuçon est venu le samedi 28 août pour le bonheur de tous accompagné de Jérôme Ducros, au piano et de Hugues Borsarello, au violon. Grand succès pour un des morceaux phare de Massenet, Méditation de Thaïs, et applaudissements vigoureux pour la remarquable prestation du violoniste dans des œuvres ardues que, personnellement, je n’avais pas entendues depuis longtemps : La Danse macabre de Camille Saint-Saëns et Tzigane de Maurice Ravel.
Khatia Buniatishvili
“Joyeuse énergie”, “Un phénomène”, “Tornade du piano”, “Chopin n’aurait sans doute pas joué la Polonaise dite Héroïque, de cette façon”, “Un programme si agréable, comme une série de bis”…
Tels sont quelques-uns des commentaires à l’issue de ce récital très attendu du dimanche 29 août, interprété par une virtuose flamboyante qui ne laisse personne indifférent. Un programme en effet alliant passion, émotion et tendresse… Satie, Schubert, Chopin, Liszt, Couperin, Bach.
On se presse aux récitals de Khatia Buniatishvili, enfant surdouée, lauréate de nombreux concours internationaux dont le Concours Horowitz et le Concours Arthur Rubinstein. Mais aussi pour voir sa faconde, ses toilettes – très simple ce soir-là – , sa manière de jouer les cheveux formant un rideau sombre devant ses yeux, puis dans un élan, un vif mouvement de sa jolie tête fait valser en arrière les boucles de jais. Du charme, elle en a, en joue et enjoue…
Un grand moment, une soirée en apothéose…
Impressions de Françoyse Krier // Photos : (c) Fabrice Nassisi