Les thermes d'Aix-les-Bains fontaine prétrifiée

Le patrimoine d’Aix-les-Bains est principalement lié au thermalisme. Dès l’Antiquité, les sources thermales font  la richesse de la ville qui se développe à l’écart du lac du Bourget. Au 19ème siècle, l’aristocratie européenne se presse dans les thermes aixois, internationalement reconnus et à la pointe des innovations médicales. On y soigne les rhumatismes et les maladies respiratoires et nerveuses. Après la 2ème guerre mondiale, les nouveaux assurés sociaux renouvellent la clientèle. Aujourd’hui, les cures demeurent une activité phare de la ville, et chaque année, des milliers de curistes viennent bénéficier de leurs bienfaits thérapeutiques.

Aix -les-Bains est la troisième ville thermale de France. Son apogée se situe à la Belle époque, pendant laquelle toute les têtes couronnées, les personnalités les plus en vues du monde entier se doivent de passer par Aix, C’est une obligation mondaine… A la fin du XXème siècle, le thermalisme social est mis en oeuvre à partir de la prise en charge des cures par la Sécurité sociale. La clientèle se démocratise. 

Les Thermes historiques, bâtiment unique en France 

Toute l’histoire du thermalisme aixois est inscrite dans le même bâtiment. Reconnu comme un patrimoine exceptionnel, inscrit dans sa globalité aux Monuments historiques (début 2016), il abrite un patrimoine mobilier important, qui témoigne de l’évolution des techniques et des savoir-faire thermaux et médicaux.

Situés au 1er étage du bâtiment, on peut voir les vestiges des Thermes romains. Dès la période romaine, plaisirs et loisirs son associés au thermalisme.

Les thermes romains d'Aix-les-Bains Vue des thermes romains d'Aix-les-Bains

L’établissement est agrandi de 1829 à 1832 et de nouveau entre 1854 et 1861 par les architectes Arthur Bertin,  Samuel Revel–  un joli bâtiment comprenant des arcades vitrées qui s’ouvraient sur un  élégant patio, et Charles Le Coeur, architecte parisien envoyé par l’Etat, dont l’annexe se révèlera trop petite.

Le premier Bâtiment Royal des Bains, commandé en 1776 par Victor-Amédée III, est inauguré en 1783. Les “baigneurs” étant de plus en plus nombreux – beaucoup d’Anglais – il faudra agrandir les lieux. Le mot “curiste” n’existait pas encore. Il sera mis en place plus tard, par la Sécurité sociale…

En 1854 débute la construction de travaux très importants qui seront arrêtés en 1858, faute de moyens. En  1860, la Savoie étant devenue française, Napoléon III accepte de financer les travaux mais en échange, les thermes l’activité les sources deviennent propriété de l’Etat français. D’où le RF – République Française – sur la façade. Dès lors, tous les agrandissements des bâtiments thermaux seront suivis et financés par l’Etat.
De 1854 à 1860 de nouveaux thermes sont conçus par Bernard Pellegrini dans un pur style néo-classique.

La coupole des thermes d'Aix-les-BainsEssor du thermalisme

Dans les années 30, l’Etat va mettre les moyens. L’architecte Roger Petriaux est chargé de la construction du nouveau bâtiment et qui réussira la prouesse de faire édifier en neuf mois ce bâtiment de 18 894 mètres carrés. La première pierre est posée en novembre 1932. Petriaux veut réussir le plus grand, le plus luxueux complexe thermal d’Europe. Il fait appel aux meilleurs artisans.
Le mur sud accueille l’ancienne buvette, décorée sur toute la hauteur d’une haute fontaine pétrifiée, en grés flammé et mosaïques symbolisant le ruissellement de l’eau. Les flammes figurées à la base rappellent que l’eau d’Aix est chaude. Les ferronneries des thermes ancien sont dues à Edgar Brandt, grand maitre ferronnier des périodes Arts décos qui réalisa également la coupole en pavé de verre et les verrières en verre gravé au sable éclairant l’escalier, représentant des jets d’eau stylisés.

Le hall des thermes d'Aix-les-Bains

La fontaine de mosaiques thermes d'Aix-les-Bains

Une des mosaiques des thermes d'Aix-les-Bains

Mosaique des thermes d'Aix-les-Bains

 

 

Le premier sous-sol, éclairé par des lanterneaux en façade, accueille des salles de soins. Le 2e étage est un étage attique, réservé aux services techniques. Le rez-de-chaussée surélevé (3e étage), de ouvre de plain-pied à l’arrière; il abrite des espaces de soins thermaux. Hormis les verres gravés qui garnissent l’ensemble des baies et parois vitrées, et les mosaïques des cabines de luxe, le décor se concentre dans le grand hall, couvert en son centre d’une coupole en dalles de verre.

 

 

 

Les travaux de carrelages et faïences furent confiés à l’entreprise Gentil et Bourdet, de Billancourt. La fontaine recouverte de mosaïque sise dans le puits central au sous-sol du grand hall, est entourée de huit scènes mythologiques remarquables – rares sont les tesselles de forme arrondie  d’un rosé argenté, presque blanches, se détachant sur un fond jouant avec les couleurs. Aux deux extrémités, sont situées les cabines de luxe, dont la cabine dite de l’Agha Khan, entièrement ornées d’un riche décor de mosaïque.

 

Une vue d'Aix-les-Bains et palaces

Vue d'Aix-les-Bains depuis la tour des thermes

La nature dans les ville d’eaux, sises en général dans un paysage montagneux, fait partie des composantes intégrantes du patrimoine. Ici, l’urbanisation moderne a su s’intégrer dans le paysage et s’étend jusqu’au lac. A partir des années 1880 la ville commence à prendre de la hauteur et on construit sur les coteaux de jolies villas, au milieu de grands parcs arborés.
Le chiffre de 30’000 habitants étant doublé en été avec l’arrivée des touristes et des curistes, il faudra encore agrandir, à la fin des années 60-70. Les façades seront remaniées, flanquées d’un nouveau porche massif. Le bâtiment sera rehaussé à l’arrière de la tour Mabileau de cinq étages et desservie par trois ascenseurs.

Vue d'Aix-les-Bains sur la villeVue d'Aix-les-Bains place de la mairieAix-les-Bains depuis la tour des thermesDepuis l’étage supérieur, s’offre une vue époustouflante sur la ville et ses nombreux espaces de verdure, le lac, les montagnes, les palaces tel le Mirabeau, transformé en logements privés, la villa Chevalley, grande maison aux volets fermés où descendaient Lamartine, l’impératrice Joséphine, la reine Hortense, sa fille, le Chalet appartenant à la famille du commandant Charcot tout d’écailles de bois revêtu, et ses cuisines d’été, bâtiment de style florentin.
En 2000, l’Etat fera construire de nouveaux thermes, les thermes Chevalley, sur les hauts de la ville, non loin des thermes anciens. Tout de béton et de verre, plus beaux et  plus adaptés aux cures actuelles, les thermes sont gérés par la société Valvital. Depuis 2008, plus aucune cure ne s’effectue dans l’ancien bâtiment qui abrite des bureaux et l’Office du Tourisme.

 

Vue d'Aix-les-Bains sur les thermes

Un profond attachement de la part des Aixois

Les Thermes d’Aix-les-Bains font partie de l’ADN des Aixois qui comptent tous des membres de leurs familles  ayant travaillé pour les thermes et ce, depuis plusieurs générations.  Les Aixois sont donc très attachés à ce bâtiment, qui connaît toujours un vif succès et suscite beaucoup d’émotion durant les Journées du Patrimoine.

Comme toutes les villes d’eau qui entretiennent la nostalgie d’un passé fastueux, Aix-les-Bains en met en avant la richesse d’un patrimoine architectural, mais se tourne également vers l’avenir. En 2012, la ville a racheté à l’Etat la totalité du bâtiment thermal, tous étages confondus, soit quelque 50’000 m2, proposant à des entreprises de faire une offre de reprise dans le but de réhabiliter l’ensemble. Un groupement de deux entreprises s’est créé : Bouygues et la SAS, Société d’aménagement de la Savoie. Associée à ce projet, la ville leur a revendu le bâtiment après l’avoir inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Ainsi chaque décision prise devra être validée par l’Etat.

La totalité du bâtiment devrait être livré vide en 2020, afin de commencer le désamiantage et les travaux de réhabilitation dont le coût est estimé à 50 millions. Car, afin de financer le tout, le groupement a fait un appel d’offre à des cabinets d’architectes contemporains pour une construction de logements sur le toit du bâtiment. Pendant 15 jours les habitants d’Aix ont eu l’occasion de voter et ont choisi le projet de l’architecte belge Vincent Callebaut, deux bâtiments de 28 m de hauteur en partant du toit “deux forêts verticales recouvertes de plus de 25’000 plantes, arbustes et arbres”, comportant des commerces au rez-de-chaussée et 180 logements dont la vente financerait la réhabilitation de l’édifice.

(Photos : Françoyse Krier)

Vue d'Aix-les-Bains les thermes en été

www.aixlesbains-rivieradesalpes.com 

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