Anne Pagnotte-Biel ~ Evasions

Bourguignonne et fière de ses racines, les ailes d’Anne Pagnotte-Biel aiment à se déployer aussi souvent que possible aux fins d’explorer la planète.

« Lectrice depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été fascinée par les univers poétiques que l’on se crée au fil des pages. Une bulle, un monde imaginaire. Curieuse née, j’ai étudié les langues et le tourisme – sans doute n’est-ce pas un hasard ?!

Car voyager à la rencontre de cultures et de paysages inconnus est l’autre passion qui m’anime. Le confinement imposé par la pandémie du printemps 2020 m’a offert l’occasion qui m’avait manqué jusqu’alors pour marier ces deux vocations : c’est ainsi que Évasions est née ».

Évasions, c’est

22 textes courts & illustrés pour voyager avec l’œil et la plume. 22 réflexions et pensées sur le monde qui nous entoure, nous fait grandir, souffrir, rire, ressentir. 22 voyages dans un espace-temps mouvant : notre vie.

A l’âge charnière qu’est la quarantaine, Anne Pagnotte-Biel propose une introspection tout autant qu’une évasion. Elle pose son regard sur les moments clés de sa vie, des rencontres marquantes, l’amour, l’amitié, la maternité, l’actualité. Des instants saisis au fil de périples ici et là, qui sont finalement autant de miroirs de la société et qui pourraient bien réveiller certains souvenirs qui sommeillent en vous…

Ses coups de cœur côté voyage littéraire : les romans historiques, et notamment ceux de Yasmina Khadra ou Thérésa Revay, la plume douce et poignante de Véronique Olmi et de David Foenkinos.
Ses coups de cœur côté voyage terrestre : l’Italie, pays de cœur, les étendues sauvages de Monument Valley et des Annapurnas, la chaleur humaine de l’Afrique noire…

Étoile du désert

Des courbes délicates comme autant de silhouettes allongées les unes à côté des autres : un souffle brûlant les effleure dans la sensualité
du crépuscule aux confins de cette immensité austère.

Nos cent-dix-huit ans sont une poussière qui se perd dans ces collines mouvantes et éphémères. 

Et nous, coiffées de l’insouciance du chérubin, le regard avide de l’aventurier qui, le premier, pose un pied sur un sol vierge, nous laissons rouler depuis le sommet des dunes, heureuses et légères.

Sahel. Burkina-Faso. Quelques pas. Niger. Au milieu de ce néant de sable : une invisible frontière. Une limite imaginaire, comme si l’homme devenu adulte voulait briser son berceau.

La fraîcheur étonnante des grains sous nos pieds, dans nos paumes, ravive nos esprits engourdis. Quatre rêveuses face à l’infini. Quatre utopistes
de la géographie. Quatre privilégiées sans filtre face à la vie.

Trois semaines que nous vivions dans les bidonvilles de Ouaga pour aider les mères célibataires et les héritiers de la misère. Sentiment nauséabond de supériorité occidentale sous couvert de mission humanitaire.

Leur sourire éclatant, façade lumineuse d’un corps souffrant. Leur insouciance, pureté de cœur oubliée dans notre société de la finance.
Leur soif de vie fragile dans cet environnement hostile. Leur solidarité, humanité disparue de nos contrées développées. 

À tout jamais le regard étincelant de ces enfants sera gravé dans nos cœurs en peine, telle une lumière qui réchauffe le marbre de nos veines.

Trois semaines, et l’envie d’un ailleurs. L’envie de nous imprégner en profondeur de cette philosophie du bonheur. De fixer cette pensée positive sur la toile de nos souvenirs pour le retour à l’autre rive.

Trois jours de routes cahoteuses, de rencontres lumineuses.

Trois heures où l’on se sent si petites face au désert, face à Nature, notre mère.
Trois secondes, un village du bout du monde, trois secondes, un si petit fragment de vie qui gronde, trois secondes, tristement infécondes.

Elle était là, gazelle aux reflets Majorelle sur le bord du chemin chaotique. Un Nymphéa en Afrique.
Elle était là, visage livide et regard vide.
Elle était là, digne dans la douleur qui déchirait son corps et son cœur.

Anne Pagnotte-Biel ~ Etoile du désert

Nous nous sommes approchées, entre nous elle s’est installée, les dents serrées, le regard fixé vers un avenir qui appartenait déjà au passé.
Silence de plomb. Chaleur étouffante. Ou peut-être était-ce l’inverse ?

Ses yeux étaient secs, les nôtres se brouil-laient : nos larmes pouvaient-elles ramener à la vie un être qui n’était pas encore né ? 
Dispensaire. Enfin. Parfois, quelques minutes peuvent durer une éternité. 

Nous l’avons laissée, devant cette maison de terre aux rideaux délavés, gardiens du secret de l’envol des âmes ou porteurs de l’espoir
d’un nouveau-né dans les bras de cette femme suppliciée.

Nous l’avons laissée. Elle a disparu, sans un mot, sans un geste, sans se retourner.
Elle a disparu, pour toujours son voile d’azur se mêlant au ciel si pur.

 

Évasions est donc disponible en e-book – le lien d’achat où l’on peut aussi déposer un avis : 


https://www.librinova.com/librairie/anne-pagnotte-biel/evasions

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